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OCÉANIE Histoire

De la Seconde Guerre mondiale à nos jours : l'émergence des États insulaires

Débarquement en Nouvelle-Guinée - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Débarquement en Nouvelle-Guinée

La partie européenne de la guerre n'a certes pas été sans conséquences importantes pour les îles du Pacifique, avec l'envoi massif de troupes et de matériel depuis les colonies et dominions britanniques, avec le ralliement des territoires français à la France libre et la création d'un deuxième bataillon du Pacifique (après celui de 1916), qui s'illustra notamment à Bir Hakeim et en Italie. Mais, à partir du 7 décembre 1941, nombre d'îles vont se trouver directement plongées dans la tourmente (Hawaii, Nouvelle-Guinée, Salomon, Guam, Gilbert et Ellice) et d'autres vont acquérir un rôle stratégique qui y attire les combattants alliés par centaines de milliers (Nouvelle-Calédonie, Nouvelles-Hébrides et bien sûr Hawaii). Le flux et le reflux japonais de 1941 à 1945, avec leur cortège de terribles batailles aéronavales, de grands débarquements et de combats acharnés à terre, vont toucher les îles de l'ouest et du nord du Pacifique. Remarquons cependant que, même là, les destructions ont finalement été localisées : aux Salomon, par exemple, Florida et surtout la plaine du nord de Guadalcanal où se trouvait le seul aérodrome (Henderson Field) ont concentré presque toute l'activité militaire ; le reste de l'archipel a été peu affecté. Ensuite, la tactique de reconquête américaine (« sauts de puce »), concentrant les efforts sur quelques îles essentielles (Tarawa, Saipan, Iwo Jima, etc.), a finalement limité aussi les destructions. En revanche, le choc psychologique pour des populations indigènes brutalement confrontées à la puissance technique et à l'opulence américaine a été à l'origine du soudain développement après la guerre des sectes messianiques et millénaristes organisant le retour imminent de l'âge d'or (« cultes du cargo »).

La défaite du Japon entraîna bien sûr la perte de la Micronésie dont la tutelle fut confiée par l'O.N.U. aux États-Unis, tandis que les colons japonais étaient expulsés. Le système de tutelle a été abandonné en 1986 et la Micronésie se partage désormais en quatre entités politiques, plus Guam (territoire des États-Unis) : les Mariannes du Nord, Commonwealth des États-Unis, Palau, les Marshall et les États fédérés de Micronésie, librement associés aux États-Unis. Quant aux Hawaii, territoire des États-Unis depuis 1898, elles ont accédé par référendum au rang de 50e État des États-Unis en 1959 et sont devenues le point nodal de l'influence américaine dans le Pacifique.

D'autres îles ou archipels ont conservé des liens institutionnels avec une puissance plus importante : c'est le cas des îles Cook, autonomes et associées à la Nouvelle-Zélande depuis 1965, comme Niue (1974), les Tokelau restant simples dépendances. C'est le cas aussi bien sûr des trois territoires d'outre-mer français (Nouvelle-Calédonie et dépendances, Wallis-et-Futuna, Polynésie française) dont les statuts successifs marquent une progression dans le sens d'une autonomie de plus en plus grande avec, dans le cas de la Nouvelle-Calédonie, une régionalisation en 3 provinces (Nord, Sud, et îles) qui aboutit à un partage de l'espace entre les Kanaks et les autres, Européens, Wallisiens et Asiatiques. Rappelons enfin que l'île de Pâques reste une dépendance chilienne, Pitcairn britannique, Norfolk un territoire australien et enfin tout l'ouest de la Nouvelle-Guinée constitue la province indonésienne d' Irian Jaya (Papouasie occidentale), où les Papous, peu nombreux, tentent de résister face au danger de l'afflux massif de colons venant des îles surpeuplées du cœur de l'Indonésie (Java) et au risque d'une marginalisation économique dans une terre riche de ressources minières (or, cuivre).[...]

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Pour citer cet article

Christian HUETZ DE LEMPS. OCÉANIE - Histoire [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Débarquement en Nouvelle-Guinée - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Débarquement en Nouvelle-Guinée

Autres références

  • ASIE (Géographie humaine et régionale) - Espaces et sociétés

    • Écrit par Philippe PELLETIER
    • 23 142 mots
    • 4 médias
    ...d'archipels qui ourlent la façade pacifique des terres continentales asiatiques. Mais elle n'est pas sans complexités car l'Asie est en contact avec les pays de l'Océanie, dont les possessions américaines (les Mariannes par exemple). Le peuplement historique de la Micronésie, de la Mélanésie et de la Polynésie...
  • AUSTRALIE

    • Écrit par Benoît ANTHEAUME, Jean BOISSIÈRE, Bastien BOSA, Vanessa CASTEJON, Universalis, Harold James FRITH, Yves FUCHS, Alain HUETZ DE LEMPS, Isabelle MERLE, Xavier PONS
    • 27 355 mots
    • 29 médias
    Pays massif, l'Australie oscille entre deux qualificatifs : est-elle la plus grande île de la planète ou son plus petit continent ? Elle représente 85 % des terres émergées de l'Océanie, immense continent maritime.
  • AUSTRONÉSIENS

    • Écrit par Jean-Paul LATOUCHE
    • 919 mots

    Pris dans un sens strict, les Austronésiens forment un groupe ethnolinguistique considérable dispersé de Madagascar aux îlesHawaii et recouvrant la totalité de l'Indonésie, de la Malaisie et des Philippines, la quasi-totalité de la Mélanésie et de Formose, et enfin la Micronésie...

  • CHEFFERIE

    • Écrit par Henri LAVONDÈS, Jean-Claude PENRAD
    • 2 929 mots
    Laréflexion sur les systèmes politiques océaniens reste dominée par un retentissant article de Marshall Sahlins (1963), qui, plusieurs fois republié et devenu un classique, oppose le système dit du big man, caractéristique de la Mélanésie, où le statut de chef s'acquiert par des efforts personnels,...
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Voir aussi