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OBÉSITÉ

Causes

L'obésité est un syndrome hétérogène d'origine multifactorielle. C'est la manifestation d'un déséquilibre du bilan énergétique aboutissant à une augmentation du stockage d'énergie sous forme de graisse dans le tissu adipeux. Ce déséquilibre résulte de l'interaction de facteurs biologiques de prédisposition principalement génétiques avec des facteurs comportementaux et environnementaux.

Le déséquilibre énergétique

La quasi-totalité des réserves énergétiques de l'organisme est représentée par les réserves lipidiques, c'est-à-dire par la masse grasse contenue dans les cellules (adipocytes) du tissu graisseux (adipeux).

La réserve énergétique est l'objet d'une régulation. Le niveau des réserves est maintenu autour d'une valeur de référence, propre à chaque individu, par des mécanismes complexes (cellulaires, neurohormonaux, métaboliques) qui ajustent les apports et les dépenses d'énergie. Le système réglant est situé dans le système nerveux central (S.N.C.) qui est informé par des messagers hormonaux issus de différents organes, le tissu graisseux mais aussi le foie, le tube digestif et le muscle. Ces messagers (par exemple, la leptine produite par le tissu adipeux) parviennent au niveau du système nerveux central, singulièrement au niveau de l'hypothalamus qui est ainsi renseigné sur l'état des réserves énergétique. Si celles-ci sont insuffisantes, des modifications neurobiologiques (en particulier hypothalamiques) déclencheront une augmentation de la prise alimentaire et une diminution de la dépense énergétique, et vice versa. Le S.N.C. contrôle en effet la prise alimentaire ainsi que la dépense énergétique par voie hormonale et nerveuse. Le neuropeptide Y (NPY), la ghréline, la leptine, l'insuline, l'adiponectine et le peptide YY paraissent des éléments clés de ce système.

La leptine, protéine produite par le tissu adipeux, est sécrétée comme une hormone. Sa production et sa libération sont en corrélation étroite avec l'importance de la masse grasse. L'expression du gène de la leptine diminue lors du jeûne et augmente lors de la réalimentation. Au niveau du système nerveux central, la leptine se lie à des récepteurs spécifiques. Par ces actions centrales, en particulier au niveau de l'hypothalamus, elle inhibe la prise alimentaire, diminue l'insulinosécrétion et la sécrétion de glucocorticoïdes, et augmente la dépense énergétique. La leptine agit sur une série de substances hypothalamiques impliquées dans la prise alimentaire : elle favorise les effets de l'alpha-MSH et du CRH, qui sont des inhibiteurs de la prise alimentaire, et réduit les effets du neuropeptide Y (NPY), de la galanine, des orexines, qui augmentent le comportement ingestif.

Le NPY, peptide présent en grande quantité dans le cerveau, en particulier dans le noyau arqué, est, en agissant sur des récepteurs NPY5, un puissant stimulant de la prise alimentaire. Le NPY a d'autres actions : il stimule l'insulinosécrétion et entraîne une augmentation des concentrations d'ACTH et de corticostérone. L'administration répétée de NPY dans l'hypothalamus entraîne une obésité. Au cours du jeûne, l'expression du gène du NPY augmente.

La ghréline, sécrétée par l'estomac, est un signal biologique de faim extrêmement puissant qui déclenche la prise alimentaire. D'autres substances stimulent cette dernière : la melanin concentrating hormone (MCH), les orexines, la galanine, la bêta-endorphine, l'agouti-related-protein, ont elles aussi des effets stimulants sur les ingérés caloriques et sont anabolisants. À l'inverse, le CRH, l'alpha-MSH, la CCK, le glucagon like peptide 1, la somatostatine ont des effets inhibiteurs sur la prise alimentaire. Le peptide YY, sécrété par l'intestin à[...]

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Écrit par

  • : professeur de nutrition à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie, médecin des hôpitaux, hôpital de la Pitié
  • : chef de clinique, assistante des hôpitaux, Pitié-Salpêtrière, université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie

Classification

Pour citer cet article

Arnaud BASDEVANT et Cécile CIANGURA. OBÉSITÉ [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Obésités : complications et pathologies associées - crédits : Encyclopædia Universalis France

Obésités : complications et pathologies associées

Autres références

  • OBÉSITÉ (psychologie)

    • Écrit par Catherine DEVIDAL
    • 1 132 mots

    En 1997, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a défini l’obésité comme une accumulation excessive de graisse corporelle pouvant nuire à la santé. L’indice de masse corporelle (IMC) et la mesure du tour de taille permettent de déterminer le niveau d’adiposité et la répartition des tissus adipeux....

  • ALIMENTATION (Comportement et pratiques alimentaires) - Évolution de la consommation

    • Écrit par Pierre COMBRIS
    • 4 325 mots
    • 2 médias
    L'obésité devient un problème de santé publique majeur dans beaucoup de pays industrialisés. Aux États-Unis la situation est alarmante (plus d'un tiers de la population est obèse) et l'évolution reste très préoccupante, en particulier pour les enfants et les adolescents. Même si la situation n'est...
  • ALIMENTATION (Économie et politique alimentaires) - Malnutrition dans le monde

    • Écrit par Laurence ROUDART
    • 7 611 mots
    • 9 médias
    ...(leur indice de masse corporelle, c'est-à-dire leur poids – en kilogrammes – divisé par le carré de leur taille – en mètres –, excède 25) et environ 675 millions d'entre eux sont obèses (indice de masse corporelle supérieur à 30). En France, par exemple, près de la moitié des adultes (plus de 18 ans) sont...
  • APNÉES OBSTRUCTIVES DU SOMMEIL SYNDROME D'

    • Écrit par Patrick LÉVY, Véronique VIOT-BLANC
    • 1 265 mots
    L'obésité et, particulièrement, l'augmentation du tour de cou. L'obésité, en particulier facio-tronculaire, existe : (IMC : poids/taille2 > 30 kg/m2 ; IMC signifiant indice de masse corporelle) dans environ 50 p. 100 des cas d'apnée. Plus de 30 p. 100 des sujets n'ont cependant...
  • ASTHME

    • Écrit par Philippe GODARD, François-Bernard MICHEL
    • 5 857 mots
    • 2 médias
    L'obésité peut intervenir à deux niveaux, comme facteur prédisposant d'une part, comme facteur aggravant d'autre part. Les études épidémiologiques appuient la première hypothèse, en particulier chez la femme. Le surpoids et l'obésité sont également des facteurs d'instabilité de l'asthme, rendant plus...
  • Afficher les 20 références

Voir aussi