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OBÉSITÉ (psychologie)

En 1997, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a défini l’obésité comme une accumulation excessive de graisse corporelle pouvant nuire à la santé. L’indice de masse corporelle (IMC) et la mesure du tour de taille permettent de déterminer le niveau d’adiposité et la répartition des tissus adipeux. Toujours selon l’OMS, 35 p. 100 des adultes sont en situation d’obésité dans le monde, y compris dans de nombreux pays émergents. L’obésité est une maladie chronique, difficile à soigner, dont la cause n’est pas réductible à un prétendu « manque de volonté » des personnes qui en souffrent et qui, souvent, s’épuisent, confrontées à l’échec récurrent des différents modes de prise en charge, dans un cercle vicieux de frustrations et de culpabilité.

L’obésité est liée à un déterminisme génétique mis en évidence par l’existence de corrélations familiales, notamment chez les jumeaux monozygotes. La contribution de l’hérédité à l’obésité peut s’expliquer de deux façons différentes : la première, rare, concerne une mutation unique de gènes, l’obésité est alors précoce et très sévère ; la seconde concerne l’interaction de plusieurs variants géniques, qui ne devient significative qu’en présence de facteurs environnementaux prédisposants, tels que la suralimentation, une baisse de l’activité physique ou encore des troubles psychologiques. Une conduite de compensation face à l’ennui, au stress, à l’angoisse, à la frustration, ou liée à un éventuel traumatisme vécu dans l’enfance, par une déviance du comportement alimentaire – grignotage, compulsion, hyperphagie avec ou sans crises de boulimie – constitue un risque avéré de développement d’une obésité.

La représentation sociale actuelle de la personne obèse renvoie aux notions de gras, de lourd, de mollesse, de laisser-aller, de non-contrôle de soi… Le sujet obèse, qui ne correspond pas aux normes dominantes, court le risque de se sentir exclu et de vivre une situation de vulnérabilité relationnelle, psychosociale et économique. Les conséquences psychologiques peuvent être appréhendées à travers deux symptômes fréquemment rencontrés : la douleur et les troubles de la sexualité.

L’obésité s’accompagne de diverses douleurs somatiques telles que la fibromyalgie et les douleurs articulaires. Ces dernières touchent non seulement les articulations porteuses comme les hanches, les genoux ou les chevilles, mais également les doigts de la main. Elles génèrent des comportements délétères, notamment une hypervigilance responsable d’une accentuation de la douleur ou encore une baisse de la motivation devant la difficulté à produire les efforts nécessaires pour perdre du poids et s’engager dans des « comportements santé ». Cette intégration des processus physiologique et psychologique fait évoluer la douleur en souffrance. La douleur conduit également à une baisse de l’activité physique, au confinement à domicile et à une diminution de l’engagement et du sentiment d’auto-efficacité. L’alimentation est alors utilisée comme une compensation, qui peut évoluer en troubles du comportement alimentaire. Ainsi s’installe un véritable cercle vicieux entre douleur physique, poids et dépression.

Les troubles de la sexualité sont fréquents chez les personnes obèses. Ils sont souvent sous-diagnostiqués alors qu’ils ont un retentissement important sur la qualité de vie. L’insuffisance érectile chez l’homme et les troubles de la lubrification vaginale chez la femme sont les causes directes du trouble sexuel. La congruence anatomique marquée par la diminution de la taille fonctionnelle de la verge en raison du coussin graisseux pubien, la fatigue, les troubles urinaires, la faiblesse musculaire et les effets secondaires des médicaments altèrent indirectement la sexualité des patients. L’image du corps et le[...]

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Écrit par

  • : médecin généraliste dans un établissement de soins de suite et de réadaptation pédiatrique

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Pour citer cet article

Catherine DEVIDAL. OBÉSITÉ (psychologie) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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