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MUCOVISCIDOSE ou FIBROSE KYSTIQUE DU PANCRÉAS

Diagnostic précoce de la mucoviscidose 

La connaissance précise et quasi-parfaite aujourd’hui des mutations du gène permet dans plus de 99 % des cas d’affirmer le génotype des patients ; et de nouveaux progrès dans le diagnostic – néonatal, anténatal ou de dépistage familial en cascade – ont été réalisés. Cette connaissance des données moléculaires est indispensable à la confirmation du diagnostic de la maladie et pour avertir les familles des risques ; c’est également un marqueur pronostique de la sévérité de la maladie.

Dépistage néonatal

Le dépistage néonatal a été proposé par quelques équipes pionnières comme celle de Philip Farrell, à Madison, aux États-Unis, ou celle de Georges Travert, à Caen, en Normandie. Les premiers tests proposés reposaient sur le dosage de la trypsine immuno-réactive (TIR, la trypsine étant une enzyme pancréatique) sur une tache de sang prélevé au troisième jour de vie chez tous les nouveau-nés (dans le cadre du test de Guthrie qui permet de repérer cinq maladies rares sur un même échantillon). Si ce test était sensible, il n’était pas spécifique, ce qui entraînait de nombreux faux positifs. Sa spécificité a été grandement améliorée à partir des années 1990 par la recherche des principales mutations du gène – au début des années 2020, 30 mutations sont spécifiquement recherchées grâce à des techniques d’amplification génique (PCR multiplexe) sur des prélèvements TIR positifs. Les trypsines immunoréactives étant dosées chez tous les nouveau-nés, on a observé que les taux les plus élevés correspondaient à environ 0,5 % de la totalité des trypsines testées. Ces échantillons (c’est-à-dire les 0,5 %) étaient très enrichis en sujets atteints de mucoviscidose. La valeur prédictive positive de ce test étant très élevée, il a été mis en place dans la majorité des pays européens, aux États-Unis et en Australie, ce qui permet un dépistage précoce dans les premières semaines de vie en population et a présenté le grand avantage de permettre l’organisation de la prise en charge des patients par la création de centres spécialisés – en France, les centres de ressources et de compétence de la mucoviscidose (CRCM). Dès les premières semaines de vie, les patients sont suivis dans ces CRCM où exercent des médecins et des équipes médicales dédiés à la prise en charge de la mucoviscidose. Cette organisation a contribué à l’amélioration nutritionnelle des patients, à leur suivi régulier et désormais à la mise en place des thérapies spécifiques de la maladie.

Diagnostic anténatal de la maladie

De transmission récessive, la maladie survient le plus souvent alors qu’il n’y a aucun antécédent connu dans les familles. Depuis les années 1990, au cours du suivi échographique systématique des grossesses, dans 10 % environ des cas, les gynécologues sont confrontés à la découverte d’un intestin hyperéchogène, en général autour de la vingtième semaine d’aménorrhée. Cette découverte n’est pas spécifique de la mucoviscidose et peut être associée à d’autres pathologies, mais elle doit conduire à une exploration du gène CFTR chez les parents au moyen d’une analyse complète de la région codante du gène par la technique de séquençage de l’ADN dit de nouvelle génération (NGS). S’ils sont tous deux porteurs d’un gène muté à l’état hétérozygote, le diagnostic doit être confirmé chez le fœtus par un prélèvement de cellules amniotiques. C’est aujourd’hui environ 5 % des mucoviscidoses qui sont diagnostiquées in utero, avec la difficulté pour ces couples non préparés au diagnostic de cette maladie génétique de devoir prendre la décision d’avoir ou non recours à une interruption médicale de grossesse (IMG). Dans un suivi datant de quelques années en Bretagne, 95 % des couples concernés ont fait cette demande.[...]

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Écrit par

  • : professeur des Universités, praticien hospitalier (PU/PH), professeur émérite de génétique médicale, université de Brest

Classification

Pour citer cet article

Claude FÉREC. MUCOVISCIDOSE ou FIBROSE KYSTIQUE DU PANCRÉAS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Malade atteint de mucoviscidose - crédits : RyanJLane/ getty Images

Malade atteint de mucoviscidose

Atteintes pulmonaires et pancréatiques de la mucoviscidose - crédits : Claude Ferec/ INSERM

Atteintes pulmonaires et pancréatiques de la mucoviscidose

Structure tridimensionnelle et fonctionnement de la protéine CFTR - crédits : à gauche : Laboratory of Membrane Biology and Biophysics at The Rockefeller University ; à droite :EUF

Structure tridimensionnelle et fonctionnement de la protéine CFTR

Autres références

  • ARNm THÉRAPEUTIQUES

    • Écrit par Bruno PITARD
    • 6 616 mots
    • 5 médias
    Les thérapies de remplacement sont en essai clinique pour le traitement de la mucoviscidose. Les patients atteints de mucoviscidose souffrent d’infections pulmonaires répétées et de problèmes respiratoires chroniques dus au défaut de la protéine CFTR (cysticfibrosistransmembrane conductance...
  • HÉRÉDITÉ

    • Écrit par Charles BABINET, Luisa DANDOLO, Jean GAYON, Simone GILGENKRANTZ
    • 11 231 mots
    • 7 médias
    ...risque sur 4 d'avoir, à chaque nouvelle naissance, un enfant atteint. Les enfants indemnes de la fratrie ont une probabilité de 2/3 d'être hétérozygotes. Un bon exemple en est la mucoviscidose (ou fibrose kystique du pancréas), maladie récessive la plus fréquente dans les populations européennes. Cette maladie...
  • MALADIES MOLÉCULAIRES

    • Écrit par Jean-Claude DREYFUS, Fanny SCHAPIRA
    • 6 786 mots
    • 1 média
    Un modèle de maladie autosomique récessive, la mucoviscidose (ou fibrose kystique). C'est la plus fréquente des maladies récessives en Europe, touchant un enfant pour 2 500 naissances, ce qui signifie que la fréquence des porteurs sains hétérozygotes est de 1 sur 25. Elle entraîne deux symptômes...
  • MYCOBACTÉRIES

    • Écrit par Carlo COCITO, Universalis, Gabriel GACHELIN
    • 4 331 mots
    • 5 médias
    ...mycobactérioses aggravant des affections pulmonaires chroniques (silicose par ex.) est sérieux. Mais il est encore plus à craindre pour les patients atteints de mucoviscidose : Mycobacterium avium est ici le plus souvent en cause. Le traitement se fonde sur la sensibilité des souches à la clarithromycine, et...
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Voir aussi