Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

MONTAGNES Le milieu montagnard

L'abondance des précipitations et de l'enneigement

Les masses d'air qui abordent les chaînes subissent une ascendance qui entraîne un double refroidissement, par détente et par contact avec l'air froid et les parois froides d'altitude. En exagérant la pente des fronts et la turbulence, la montagne en renforce les effets. L'accroissement des précipitations peut alors se manifester sur une bande de plusieurs dizaines de kilomètres ; cette ombre pluviométrique de la montagne projette, par exemple au nord des Pyrénées, l'isohyète de 1 200 mm jusqu'à Dax et Pau. Sur les hauts massifs, les ascendances liées aux brises de vallée font apparaître en été, par temps non perturbé, des cumulus où naissent les forts orages d'après-midi. Les averses montagnardes peuvent être d'une extrême brutalité. Valleraugue, dans les Cévennes, a reçu, le 28 septembre 1910, 950 mm en vingt-quatre heures ; Molitg, dans les Pyrénées orientales, 313 mm en une heure et demie, le 20 mars 1968.

Parc national Torres del Paine, Chili - crédits : Jerry Alexander/ Getty Images

Parc national Torres del Paine, Chili

Les totaux annuels peuvent être considérables. Dans les Alpes et les Dinarides, les précipitations dépassent souvent 2 mètres et atteignent parfois 4 mètres. Face aux grands vents d'ouest, les Alpes néozélandaises, les chaînes alaskiennes, la Patagonie chilienne reçoivent 4 à 6 mètres. La notion d'optimum pluviométrique situé à altitude moyenne semble très discutable aux latitudes tempérées. Beaucoup plus important est le rôle de barrière climatique des chaînes, surtout lorsqu'elles s'opposent de front aux perturbations. Sur la façade occidentale de l'Alaska, Yakutat reçoit 4 318 mm alors qu'à 175 km de là, sur le piémont nord-est, Kluane ne reçoit que 380 mm. Ces contrastes sont accusés par des vents descendants secs et chauds comme le chinook des Rocheuses septentrionales ; ils ont abandonné leur humidité sur le versant au vent, mais ont récupéré la chaleur de condensation. Des effets comparables créent le fœhn alpestre et le vent d'Espagne des Pyrénées ; sur les versants nord, ils retardent les précipitations à l'avant des perturbations et réchauffent les vallées. Le cierzo aragonais comme la bora dinarique, venus du nord, sont froids, mais encore desséchants. Localement, le phénomène d'abri marque la plupart des bassins intra-montagnards ; en arrière du Pelvoux, Briançon reçoit moins de 600 mm.

Dans la zone intertropicale humide, les montagnes exacerbent les effets de la mousson et des alizés. Les 13 m de précipitations annuelles de Tcherrapoundji sont liés à l'ascendance de la mousson sur les contreforts de l'Assam. De même, face à l' alizé, le versant occidental de la Guadeloupe reçoit 8 m d'eau à 800 m d'altitude, au lieu de 1 200 mm au niveau de la mer. Dans ces milieux montagnards équatoriaux éclate l'opposition entre versant au vent et versant sous le vent ; aux îlesHawaii, le contraste irait de 12 m au nord-est à 500 mm au sud-ouest. En même temps, l'inversion de température de l'alizé est responsable de nombreux cas de décroissance de la pluviosité, par exemple sur le versant oriental des Andes boliviennes au-dessus de 2 000 m ou sur les flancs du Kilimandjaro : après un maximum de 1 800 mm à 3 000 m, la pluviosité s'annule presque vers le sommet.

Les précipitations neigeuses croissent considérablement avec l'altitude. Dans les Alpes du Nord, le nombre de jours de neige est quatre à dix fois plus grand à moyenne altitude que dans les basses vallées. La hauteur des chutes cumulées peut être estimée à 10 m de neige fraîche, total qui serait porté à 30 ou 50 m sur les sommets. Le coefficient nivométrique, rapport entre la lame d'eau que fournirait la fusion de la neige et les précipitations totales, s'accroît rapidement avec l'altitude ; il est supérieur à 0,85 au mont Blanc. Dans l'Oberland[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur de géographie à l'université de Bordeaux-III

Classification

Pour citer cet article

Pierre BARRERE. MONTAGNES - Le milieu montagnard [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Parc national Torres del Paine, Chili - crédits : Jerry Alexander/ Getty Images

Parc national Torres del Paine, Chili

Alpes suisses : végétation, sols et climat - crédits : Encyclopædia Universalis France

Alpes suisses : végétation, sols et climat

Sierra Nevada (États-Unis) : Végétation et précipitations - crédits : Encyclopædia Universalis France

Sierra Nevada (États-Unis) : Végétation et précipitations

Autres références

  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Géographie générale

    • Écrit par Roland POURTIER
    • 21 496 mots
    • 29 médias
    Lesmontagnes tropicales d'Afrique comptent parmi les espaces les plus densément peuplés ; certaines présentent même des symptômes de surpeuplement. Les climats d'altitude y sont très favorables à l'homme, en raison de la disparition, au-dessus de 1 200-1 500 mètres d'altitude, des grands systèmes pathogènes...
  • ALBANIE

    • Écrit par Anne-Marie AUTISSIER, Odile DANIEL, Universalis, Christian GUT
    • 22 072 mots
    • 9 médias
    ...Shkodër (370 km2) et au nord du Drin, formées de plusieurs massifs calcaires orientés sud-ouest - nord-est, présentent les formes les plus âpres. Les monts abrupts alternent avec des cirques glaciaires et des vallées étroites. Le mont Jezercë (2 693 m) domine une étoile de chaînes de plus de 2 000...
  • ALLEMAGNE (Géographie) - Aspects naturels et héritages

    • Écrit par François REITEL
    • 8 281 mots
    • 6 médias
    L'Allemagne alpine comprend deux éléments : la montagne alpine et le plateau de Bavière qui la précède vers le nord.
  • ALPES

    • Écrit par Jean AUBOUIN, Bernard DEBARBIEUX, Paul OZENDA, Thomas SCHEURER
    • 13 214 mots
    • 11 médias

    Les Alpes constituent une des principales chaînes de montagne d’Europe, identifiée comme telle dès l’époque romaine, puis clairement circonscrite par les naturalistes à partir du xviiie siècle. Dotées de nombreux sommets dépassant les 4 000 mètres d’altitude, source de plusieurs cours d’eau...

  • Afficher les 67 références

Voir aussi