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MONTAGNES Le milieu montagnard

Moins peuplées en général que les régions plus basses, de relief moins tourmenté, les montagnes sont souvent considérées comme des régions hostiles à l'homme ou, en tout cas, des régions rudes devant lesquelles refluent les formes modernes de la vie humaine. Du moins fut-ce longtemps vrai aux latitudes tempérées, où l'altitude introduit des conditions de milieu beaucoup plus sévères que dans les plaines. Cette façon de juger la montagne ressort en partie d'un égocentrisme européen. En bien d'autres régions du globe, tropicales ou équatoriales, la montagne est un milieu plus favorable que les basses terres environnantes ; elle a pu parfois, en Amérique du Sud et en Afrique par exemple, devenir le siège des peuplements les plus denses et des civilisations les plus évoluées. De même, il faudra considérer sous deux angles très différents le rôle politique des montagnes ; unités de peuplement, de genres de vie et de techniques dans les civilisations traditionnelles, elles sont souvent devenues dans les États policés, si l'on excepte la Suisse, des frontières politiques de part et d'autre desquelles les contrastes humains se sont accusés.

La péjoration des températures

La température de l'air diminue avec l'altitude selon un gradient moyen de 0,55 0C par 100 m, ce qui, aux latitudes tempérées, situe l'isotherme 0 0C entre 2 700 et 3 000 m. C'est la cause essentielle de l'étagement morphologique et biogéographique. En hiver, le milieu montagnard des latitudes moyennes est franchement défavorable, du moins pour la vie traditionnelle. À Chamonix, à 1 000 m d'altitude, la moyenne des températures d'hiver est de — 4 0C et celle de janvier descend à — 5,8 0C ; le nombre moyen des jours de gelée est de 187 et il est arrivé que le thermomètre descende à — 28 0C. Les sommets sont résolument hostiles ; au Sonnblick, en Autriche (3 326 m), les moyennes mensuelles ne sont positives qu'en juillet-août et s'abaissent à — 13,5 0C en février. Si les contrastes journaliers sont forts, l'amplitude annuelle est, en revanche, plus faible en montagne qu'en plaine. En pays subtropical et intertropical, le rôle de la montagne favorise les activités humaines ; déjà, la fraîcheur des montagnes méditerranéennes est un facteur important de la transhumance. Les montagnes moyennes tropicales ont permis aux Européens d'éviter la fournaise des basses terres en créant des stations d'altitude, telles Dalat au Vietnam, Darjeeling en Inde, etc.

La vigueur du relief modifie localement la répartition des températures. Dans les vallées profondes et les bassins, l'inversion de température est courante par temps calme, par subsidence de l'air froid. L'exposition, surtout, crée des contrastes brutaux entre les versants. Ceux qui regardent vers les pôles reçoivent les rayons solaires très obliquement ; frais et ombreux, ils sont dénommés, selon les régions, ubac, paco, ombrée, envers, et l'homme s'en éloigne ; les versants opposés, directement insolés, présentent un bilan thermique favorable et sont appelés adret, endroit, soulane. Ces contrastes sont fondamentaux pour la biogéographie et l'occupation humaine.

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Écrit par

  • : professeur de géographie à l'université de Bordeaux-III

Classification

Pour citer cet article

Pierre BARRERE. MONTAGNES - Le milieu montagnard [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Parc national Torres del Paine, Chili - crédits : Jerry Alexander/ Getty Images

Parc national Torres del Paine, Chili

Alpes suisses : végétation, sols et climat - crédits : Encyclopædia Universalis France

Alpes suisses : végétation, sols et climat

Sierra Nevada (États-Unis) : Végétation et précipitations - crédits : Encyclopædia Universalis France

Sierra Nevada (États-Unis) : Végétation et précipitations

Autres références

  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Géographie générale

    • Écrit par Roland POURTIER
    • 21 496 mots
    • 29 médias
    Lesmontagnes tropicales d'Afrique comptent parmi les espaces les plus densément peuplés ; certaines présentent même des symptômes de surpeuplement. Les climats d'altitude y sont très favorables à l'homme, en raison de la disparition, au-dessus de 1 200-1 500 mètres d'altitude, des grands systèmes pathogènes...
  • ALBANIE

    • Écrit par Anne-Marie AUTISSIER, Odile DANIEL, Universalis, Christian GUT
    • 22 072 mots
    • 9 médias
    ...Shkodër (370 km2) et au nord du Drin, formées de plusieurs massifs calcaires orientés sud-ouest - nord-est, présentent les formes les plus âpres. Les monts abrupts alternent avec des cirques glaciaires et des vallées étroites. Le mont Jezercë (2 693 m) domine une étoile de chaînes de plus de 2 000...
  • ALLEMAGNE (Géographie) - Aspects naturels et héritages

    • Écrit par François REITEL
    • 8 281 mots
    • 6 médias
    L'Allemagne alpine comprend deux éléments : la montagne alpine et le plateau de Bavière qui la précède vers le nord.
  • ALPES

    • Écrit par Jean AUBOUIN, Bernard DEBARBIEUX, Paul OZENDA, Thomas SCHEURER
    • 13 214 mots
    • 11 médias

    Les Alpes constituent une des principales chaînes de montagne d’Europe, identifiée comme telle dès l’époque romaine, puis clairement circonscrite par les naturalistes à partir du xviiie siècle. Dotées de nombreux sommets dépassant les 4 000 mètres d’altitude, source de plusieurs cours d’eau...

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Voir aussi