Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

MONTAGNES Le milieu montagnard

Torrentialité montagnarde

Les fortes pentes et les précipitations abondantes donnent aux écoulements montagnards un caractère torrentiel. Les débits spécifiques peuvent atteindre des valeurs impressionnantes dans les petits bassins supérieurs où les fortes pluies arrivent très rapidement aux talwegs. Après les averses mémorables du 8 au 14 septembre 1899, la Saalach, affluent de l'Inn, écoula 851 l/s/km2 pour un bassin de 940 km2 ; pour les 12 000 km2 du bassin de l'Inn à Wasserburg, le débit spécifique était encore de 230 l/s/km2. Les torrents des climats méditerranéens sont particulièrement redoutables. En 1890, l'Ardèche a écoulé à Aubenas plus de 6 m3/s/km2 ; en 1935, l'Orba, dans l'Apennin ligure, 16 m3/s/km2 ! Des chiffres comparables peuvent être obtenus dans les montagnes de Californie du Nord et sur les torrents himalayens. Même sur des bassins montagnards de 10 000 à 20 000 km2, les débits spécifiques de crue restent très élevés : 750 l pour la Willamette à Salem le 4 décembre 1861, 580 pour le Jucar (Espagne) en novembre 1864.

L'évacuation très rapide donne aux rivières montagnardes de très forts coefficients d'écoulement ; déjà supérieurs à 35 % dans les montagnes hercyniennes, ils dépassent 50 % pour l'Inn à Innsbruck.

L'irrégularité brutale liée aux crues se superpose à une forte irrégularité saisonnière, conséquence de la rétention nivale et glaciaire. La courbe représentative du régime glaciaire marque une très forte pointe d'été, assise sur un socle très bas, avec maximum d'août ; 85 % du débit annuel de l'Arve à Chamonix s'écoule en quatre mois ; son débit spécifique d'août est de 261 l/s/km2 face à un débit d'hiver de 10 l/s/km2. L'onde saisonnière est d'ailleurs perturbée dans le détail par de brusques crues de fusion accélérée. Glaciers et névés peuvent perdre en vingt-quatre heures jusqu'à 70 mm d'eau de fusion : la Massa, émissaire du glacier d'Aletsch, écoule parfois plus de 800 l/s/km2. Dans le régime nival de montagne, le maximum est moins prononcé et décalé vers la fin du printemps, généralement en juin. L'Inn supérieur, la Romanche, la Lena supérieure, le Fraser en sont de bons exemples, dans des situations variées. Les nombreuses nuances nées de l'altitude et de l'exposition peuvent s'exprimer par le coefficient de nivosité, proportion des débits annuels dus aux neiges fondues ; pour le vrai régime nival, il est compris entre 40 et 50 % (Isère à Tignes, 47 %), alors qu'il dépasse 50 % dans le régime glaciaire (Rhône à Gletsch, 62 %).

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur de géographie à l'université de Bordeaux-III

Classification

Pour citer cet article

Pierre BARRERE. MONTAGNES - Le milieu montagnard [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Parc national Torres del Paine, Chili - crédits : Jerry Alexander/ Getty Images

Parc national Torres del Paine, Chili

Alpes suisses : végétation, sols et climat - crédits : Encyclopædia Universalis France

Alpes suisses : végétation, sols et climat

Sierra Nevada (États-Unis) : Végétation et précipitations - crédits : Encyclopædia Universalis France

Sierra Nevada (États-Unis) : Végétation et précipitations

Autres références

  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Géographie générale

    • Écrit par Roland POURTIER
    • 21 496 mots
    • 29 médias
    Lesmontagnes tropicales d'Afrique comptent parmi les espaces les plus densément peuplés ; certaines présentent même des symptômes de surpeuplement. Les climats d'altitude y sont très favorables à l'homme, en raison de la disparition, au-dessus de 1 200-1 500 mètres d'altitude, des grands systèmes pathogènes...
  • ALBANIE

    • Écrit par Anne-Marie AUTISSIER, Odile DANIEL, Universalis, Christian GUT
    • 22 072 mots
    • 9 médias
    ...Shkodër (370 km2) et au nord du Drin, formées de plusieurs massifs calcaires orientés sud-ouest - nord-est, présentent les formes les plus âpres. Les monts abrupts alternent avec des cirques glaciaires et des vallées étroites. Le mont Jezercë (2 693 m) domine une étoile de chaînes de plus de 2 000...
  • ALLEMAGNE (Géographie) - Aspects naturels et héritages

    • Écrit par François REITEL
    • 8 281 mots
    • 6 médias
    L'Allemagne alpine comprend deux éléments : la montagne alpine et le plateau de Bavière qui la précède vers le nord.
  • ALPES

    • Écrit par Jean AUBOUIN, Bernard DEBARBIEUX, Paul OZENDA, Thomas SCHEURER
    • 13 214 mots
    • 11 médias

    Les Alpes constituent une des principales chaînes de montagne d’Europe, identifiée comme telle dès l’époque romaine, puis clairement circonscrite par les naturalistes à partir du xviiie siècle. Dotées de nombreux sommets dépassant les 4 000 mètres d’altitude, source de plusieurs cours d’eau...

  • Afficher les 67 références

Voir aussi