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JUILLET MONARCHIE DE

Louis-Philippe - crédits : Hulton Royals Collection/ Hulton Archive/ Getty Images

Louis-Philippe

La monarchie de Juillet tire son nom de l'émeute qui se transforma en révolution, les 27, 28 et 29 juillet 1830 (les Trois Glorieuses). Cette origine révolutionnaire et le choix du duc d'Orléans, devenu Louis-Philippe, parce que Bourbon pour les uns, quoique Bourbon pour d'autres, expliquent l'ambiguïté du régime qu'une autre révolution devait emporter dix-huit ans plus tard.

La France connut pendant le règne de Louis-Philippe une extension du régime représentatif, qui devint véritablement parlementaire, et des transformations dans la mentalité et dans l'activité économique correspondant au démarrage de la révolution industrielle. Mais l'ensemble de la population ne bénéficie pas également de ces avantages ; les écarts sociaux se creusent entre riches et pauvres, mais aussi entre régions actives et départements moins développés, ce qui provoque des antagonismes et une réflexion en vue d'une organisation de la société en contradiction avec l'idéologie libérale dominante.

L'établissement du nouveau régime

L'installation du nouveau souverain

Le 30 juillet au matin, au moment où les troupes de Charles X se sont définitivement retirées de Paris, est affichée, sur les murs de la capitale, une proclamation rédigée par Thiers, alors rédacteur du journal libéral Le National, qui propose de nommer roi le duc d'Orléans, « prince dévoué à la cause de la Révolution » ; c'était offrir une solution aux députés de l'opposition libérale sous Charles X et à la nouvelle commission municipale (avec les banquiers Jacques Laffitte et Casimir Périer) qui ne voulaient pas d'une république, en raison des souvenirs de la Terreur, et qui se rendaient compte désormais de l'impossibilité de tout accord avec Charles X. Le général La Fayette, promu au commandement de la garde nationale, et populaire parmi les insurgés, se rallia au duc d'Orléans, qu'il présenta à la foule au balcon de l'Hôtel de Ville, le 31 juillet, comme lieutenant général du royaume ; cette adhésion décapitait les projets des jeunes républicains, tel Godefroy Cavaignac, qui avaient espéré placer La Fayette (« nouveau Washington ») à la tête d'une république. Les députés libéraux déclarèrent le trône vacant le 3 août, et après une révision de la Charte, approuvée le 7 août par deux cent dix-neuf députés contre trente-trois (mais en l'absence de plus de deux cents députés) et par un nombre plus réduit encore de pairs de France, le duc d'Orléans est proclamé roi des Français, sous le nom de Louis-Philippe Ier. Il prête serment de fidélité à la Charte révisée le 9 août.

Louis-Philippe était né en 1773 ; sa réputation de libéralisme, qui l'avait fait désigner comme « roi citoyen », était due à la fois à son origine familiale (son père, surnommé Philippe-Égalité, avait été un conventionnel régicide, avant d'être guillotiné avec les Girondins) et à sa présence dans l'armée de Dumouriez à Jemmapes ; émigré après 1793, il avait épousé une fille du roi de Naples. Sous la Restauration, il avait retrouvé sa fortune, mais était resté à l'écart de la politique contre-révolutionnaire. Sa vie familiale (il eut cinq fils, élevés dans des collèges royaux, et trois filles) plaisait à la bourgeoisie qui croyait se reconnaître dans ses allures simples. Toutefois, ce monarque sans grand prestige ne réussit pas à conserver longtemps la popularité réelle des premiers temps ; après avoir montré un sens certain de ce qui correspondait à l'opinion, il prit goût au pouvoir et profita même des rivalités de personnes entre les ministres pour accroître son influence dans le gouvernement. Il resta cependant pour les autres souverains un « roi des barricades ».

Les institutions nouvelles

La Charte de 1814 reste[...]

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Bordeaux

Classification

Pour citer cet article

André Jean TUDESQ. JUILLET MONARCHIE DE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Louis-Philippe - crédits : Hulton Royals Collection/ Hulton Archive/ Getty Images

Louis-Philippe

Abd el-Kader - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Abd el-Kader

<it>Monsieur Bertin</it>, J. D. A. Ingres - crédits : G. Dagli orti/ De Agostini/ Getty Images

Monsieur Bertin, J. D. A. Ingres

Autres références

  • AVENIR L'

    • Écrit par Pierre ALBERT
    • 555 mots

    Quotidien parisien qui parut du 16 octobre 1830 au 15 novembre 1831. Après son départ du Drapeau blanc, Lamennais inspira le Mémorial catholique (janvier 1824-été de 1830) de l'abbé Gerbet et le premier Correspondant (1829-1831). La révolution de 1830 offrait à Lamennais et à ses...

  • BALTARD LOUIS-PIERRE (1764-1846) ET VICTOR (1805-1874)

    • Écrit par Universalis, Renée PLOUIN, Daniel RABREAU
    • 1 361 mots
    • 1 média

    Le nom Baltard est intimement lié aux Halles de Paris, dont Zola, au temps de leur opulence, a donné une magistrale description dans Le Ventre de Paris. Mais il y a Baltard et Baltard, le père et le fils, que l'on confond souvent. Le premier, Louis-Pierre Baltard, a effectué une importante carrière...

  • BARROT ODILON (1791-1873)

    • Écrit par Universalis
    • 282 mots

    Homme politique français, né le 19 juillet 1791 à Villefort (Lozère), mort le 6 août 1873 à Bougival.

    Monarchiste libéral, Camille Hyacinthe Odilon Barrot commence sa carrière en 1814 comme avocat à la Cour de cassation. Sa notoriété de défenseur des libéraux lui vaut d'être élu président de...

  • BERRYER PIERRE (1790-1868)

    • Écrit par André Jean TUDESQ
    • 634 mots

    Fils d'un avocat au parlement de Paris célèbre sous l'Empire, élève de Juilly, marié en 1811 à la fille d'un directeur de la marine et de la guerre, Berryer devint lui-même avocat. Royaliste dès l'époque impériale, il s'engagea dans les volontaires royaux en 1815, mais il assista son père et Dupin...

  • Afficher les 53 références

Voir aussi