Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

RESTAURATION

Charles X - crédits : A. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

Charles X

De 1814 à 1830, hors le bref épisode des Cent-Jours, les deux frères de Louis XVI règnent sur la France, sous les noms de Louis XVIII et Charles X. Cette restauration de la maison de Bourbon devait être aussi, dans l'esprit de ceux qui l'ont souhaitée, une restauration de l'Ancien Régime dans l'ordre politique et social. Mais le fossé creusé par la Révolution, dont l'Empire a consolidé les principales conquêtes, ne pouvait être aisément comblé ; en fait, il ne le fut point. Au contraire, la France fit sous la Restauration sa première expérience suivie d'un régime représentatif. La société issue de la Révolution, dernière forme de la société française ancienne, se stabilise provisoirement avant de subir le choc du machinisme et que se fasse sentir le poids d'un prolétariat ouvrier. Enfin, la liberté d'expression recouvrée après le despotisme impérial, la paix maintenue, les contacts multipliés avec l'étranger favorisent le renouveau de la vie intellectuelle. Ces quinze années sont, en quelque sorte, le moment d'une remise en ordre et d'un inventaire des ressources de la France alors que le pays entre dans une ère nouvelle, celle du capitalisme industriel et de la pensée socialiste.

La première Restauration et les Cent-Jours

Le 6 avril 1814, le Sénat impérial appelle au trône Louis XVIII. Une année de réaction affichée, d'hostilité ouverte à la vieille armée, de fiscalité tout aussi exigeante que celle de l'Empire, de politique extérieure alignée sur celle de l'étranger aboutit au retour de l'île d'Elbe (1er mars 1815) ; le 20 mars, Napoléon est à Paris. Trois mois d'hésitations politiques pseudo-libérales et de préparatifs militaires se terminent le 18 juin 1815 à Waterloo. Le 8 juillet 1815, Louis XVIII rentre à Paris : « Sire, il y a cent jours... »

De la première Restauration et des Cent-Jours, lequel faut-il tenir pour simple épisode ? Les deux sans doute. La faiblesse maladroite de cette jeune monarchie qui prétend qu'il ne s'est rien passé depuis vingt ans n'a d'égale que l'absurdité de la tentative de Bonaparte, déclenchant une guerre européenne que la France n'a aucune chance de remporter. Que faut-il retenir alors des quelques mois qui séparent les deux entrées triomphales de Louis XVIII à Paris, en mai 1814 et en juillet 1815 ? Simplement que, si la France ne voulait plus du despotisme impérial, elle ne veut pas plus d'un retour à l'Ancien Régime, et entend défendre, outre les conquêtes juridiques et sociales de la Révolution telles que les a fixées le Code civil, un minimum de libéralisme politique. Louis XVIII, à qui ne manquait pas la finesse, le comprit bien : en ce sens, Napoléon, par les Cent-Jours, lui a peut-être montré la voie de la sagesse.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : agrégé de l'Université, professeur au lycée Henri-IV, Paris

Classification

Pour citer cet article

Philippe SUSSEL. RESTAURATION [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Charles X - crédits : A. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

Charles X

André-Marie Ampère - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

André-Marie Ampère

Autres références

  • BÉRANGER PIERRE JEAN DE (1780-1857)

    • Écrit par France CANH-GRUYER
    • 993 mots

    Le célèbre chansonnier français Pierre Jean de Béranger, enfant du peuple malgré une particule usurpée par son père, fut élevé par son grand-père, tailleur rue du Faubourg-Saint-Antoine. Il assiste à la prise de la Bastille, mais on juge ensuite plus prudent de l'envoyer chez une tante fort dévote...

  • BERRY CHARLES FERDINAND duc de (1778-1820)

    • Écrit par Guillaume de BERTHIER DE SAUVIGNY
    • 204 mots

    Second fils du comte d'Artois, le futur Charles X, le duc de Berry, se réfugie en Angleterre après avoir servi dans l'armée des émigrés de Condé ; il ne rentre en France qu'en 1814. D'une intelligence et d'une éducation sommaires, emporté et adonné aux plaisirs, il est pourtant généreux, courageux...

  • BERRYER PIERRE (1790-1868)

    • Écrit par André Jean TUDESQ
    • 634 mots

    Fils d'un avocat au parlement de Paris célèbre sous l'Empire, élève de Juilly, marié en 1811 à la fille d'un directeur de la marine et de la guerre, Berryer devint lui-même avocat. Royaliste dès l'époque impériale, il s'engagea dans les volontaires royaux en 1815, mais il assista son père et Dupin...

  • CARBONARISME ou CHARBONNERIE

    • Écrit par Paul GUICHONNET
    • 1 087 mots

    Société secrète, répandue dans divers États européens pendant le premier tiers du xixe siècle, particulièrement en Italie, où elle suscite les débuts du Risorgimento national. En raison même de sa nature, de la fragmentation de ses structures et de ses localisations, la charbonnerie...

  • Afficher les 61 références

Voir aussi