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MIMÉTISME, zoologie

Le mimétisme proprement dit

On dit qu'il y a mimétisme lorsqu'une espèce animale inoffensive imite la forme, la couleur ou l'allure d'une espèce naturellement défendue par son venin, par sa mauvaise odeur ou par toute autre cause susceptible d'éloigner les prédateurs. Au lieu de se dissimuler, l'espèce mimétique a donc intérêt à être vue pour échapper à ses ennemis. Bien entendu, il ne s'agit pas d'espèces voisines, mais d'animaux qui n'ont rien de comparable au point de vue zoologique sinon leur coloration extérieure. Une étude sérieuse du mimétisme doit s'appuyer sur des règles qui ont été formulées voici déjà longtemps (Wallace, 1865), mais qui n'ont rien perdu de leur valeur : l'espèce mimante doit exister dans les mêmes régions que l'espèce mimée ; elle n'est pas défendue (tandis que le modèle éloigne naturellement les prédateurs) ; elle diffère de l'aspect normal de son groupe par des caractères très visibles capables de produire l'illusion, mais la ressemblance est uniquement superficielle et entièrement indépendante des affinités zoologiques réelles.

Araignée Myrmecium - crédits : Encyclopædia Universalis France

Araignée Myrmecium

En Europe, les exemples abondent : les sésies (papillons) imitent les guêpes (cf. lépidoptères, pl. IV), certaines araignées myrmécophiles (Myrmecium) imitent les fourmis. Divers papillons africains sont encore plus spectaculaires : certaines espèces possédant une glande à odeur nauséabonde (Danaischrysippus, Danaïnés) sont mimées par Hypolimnusnisipus (familles des Nymphalidés) de façon si parfaite que les mâles de ces deux espèces arrivent, paraît-il, à se tromper et à poursuivre une femelle d'une espèce différente de la leur.

L'utilité du mimétisme n'est pas certaine, malgré ce que suggèrent des expériences comme celles les de P. J. Darlington en 1938 qui ont montré que des lézards du genre Anolis refusent les Cérambycides mimant un Lycide non comestible mais acceptent les autres.

Enfin une place particulière doit être réservée aux œufs de coucous, qui sont particulièrement curieux. Tout le monde sait que les femelles du coucou déposent leurs œufs dans le nid d'autres oiseaux, abandonnant à l'espèce nourricière le soin d'en assurer l'incubation. Or, chaque coucou ne pond que dans le nid de quelques espèces bien déterminées. La femelle choisit le nid où elle déposera son œuf, puis elle élimine un œuf de l'hôte et dépose le sien. Or celui-ci ressemble toujours par sa taille et sa couleur à l'œuf de l'hôte. Tout se passe donc comme si la femelle du coucou connaissait la couleur de ses propres œufs et choisissait en conséquence le nid de l'hôte qu'elle va parasiter. D'ailleurs la couleur des œufs varie beaucoup selon les individus puisque le coucou commun, par exemple, parasite un grand nombre d'espèces. Les œufs placés dans le nid du pipit des prés sont brun foncé violacé, mais ils sont rosâtres tachetés de brun avec le rouge-gorge, blanchâtres tachés de brun avec la fauvette. De tels phénomènes sont difficilement explicables. Cependant il semble que la plupart des oiseaux sont capables de reconnaître l'œuf de coucou et que cette reconnaissance amène souvent sa destruction ou la désertion du nid. On peut donc supposer que l'adaptation de l'œuf de coucou à la couleur de l'œuf de l'hôte est le résultat de la destruction constante des œufs les plus dissemblables à la couleur de l'hôte. C'est un des cas où l'hypothèse de la sélection naturelle serait la plus satisfaisante.

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Pour citer cet article

Robert GAUMONT. MIMÉTISME, zoologie [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Mimétisme - crédits : Art Wolfe/ The Image Bank/ Getty Images

Mimétisme

Camouflage du corps d'un serpent - crédits : Encyclopædia Universalis France

Camouflage du corps d'un serpent

Crevette tachetée - crédits : Danita Delimont/ Gallo Images/ Getty Images

Crevette tachetée

Autres références

  • ARACHNIDES

    • Écrit par Christine ROLLARD
    • 3 671 mots
    • 12 médias
    Face aux prédateurs, les arachnides ont développé pour se défendre plusieurs techniques d’évitement comme le mimétisme, c’est-à-dire la ressemblance avec un autre animal (comme les araignées myrmécomorphes) ou avec l’environnement pouvant même aller jusqu’à l’homochromie (harmonisation de la...
  • DERMOPTÈRES

    • Écrit par Pierre CLAIRAMBAULT
    • 162 mots

    Ordre de mammifères placentaires qui n'est représenté que par un seul genre : le galéopithèque, vivant dans les régions tropicales de l'Asie orientale. On connaît des formes fossiles depuis le début du Cénozoïque, c'est-à-dire depuis une époque où les placentaires en général...

  • LÉPIDOPTÈRES

    • Écrit par Robert GAUMONT
    • 4 680 mots
    • 12 médias
    ...verticalement de telle sorte qu'on ne voit que leur face inférieure, les autres ont leurs ailes étalées à plat sur le support ou en toit. Certains papillons présentent une curieuse ressemblance avec les objets sur lesquels ils se posent (homotypie) comme le Gastropacha quercifolia qui a l'aspect d'une feuille...
  • MOLLUSQUES

    • Écrit par André FRANC
    • 9 415 mots
    • 11 médias
    Lecamouflage relève des moyens naturels de protection dans bien des cas. Sur terre, les Mollusques à coquille brillamment colorée sont consommés en plus grand nombre par les Oiseaux que les formes dont la coquille est plus discrète. Mais le camouflage des pieuvres, qui s'adaptent aux milieux les plus...
  • Afficher les 7 références

Voir aussi