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MIMÉTISME, zoologie

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Mimétisme - crédits : Art Wolfe/ The Image Bank/ Getty Images

Mimétisme

Bien que le terme « mimétisme » ait pour le spécialiste une définition très restreinte (limitée à la ressemblance entre deux espèces animales zoologiquement éloignées dont l'une, inoffensive, « mime » l'autre), il évoque généralement tous les phénomènes de camouflage que de nombreux animaux présentent naturellement et grâce auxquels ils échappent aux regards de l'homme. Homochromie et homotypie, déguisements et mimétisme au sens strict sont les quatre mécanismes fondamentaux qui permettent aux animaux de se dissimuler. Ils ont aussi bien avantage à le faire lorsqu'ils sont des proies que lorsqu'ils sont des agresseurs. Car, dans la nature, une espèce animale, quelle qu'elle soit, est toujours convoitée par un ou plusieurs agresseurs qui disposent, pour le dépistage de leur proie, d'organes sensitifs plus ou moins développés : vue, ouïe, odorat, aidés parfois par une dissimulation de la couleur ou de la forme. À ces attaques, la victime répond par des adaptations diverses qui peuvent être le venin, l'odeur désagréable, la fuite ou la dissimulation (cachette, variation de couleur, etc.). Il s'établit ainsi un équilibre et on conçoit que dans cette continuelle lutte pour la vie la dissimulation, le camouflage, n'est que l'un des nombreux moyens employés par une espèce pour assurer sa survie.

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Lorsqu'on parle de camouflage ou de mimétisme chez les animaux, il est bien entendu qu'il ne s'agit pas d'un effort conscient de l'animal, d'une étude raisonnée, comme l'homme en est capable ; il s'agit d'adaptations, dont il serait présomptueux de prétendre connaître les raisons. S'il faut toujours se garder en la matière d'un excès de finalisme, on ne doit pas tomber non plus dans l'excès inverse, comme l'ont fait par exemple certains auteurs anglo-saxons qui ont voulu expliquer ces phénomènes par une action exclusive de la sélection naturelle : les individus les moins protégés par leur coloration seraient impitoyablement détruits par leurs agresseurs et seuls les individus les mieux adaptés subsisteraient. La position des auteurs français, comme L. Chopard, est plus souple, moins mécaniste ; sans nier la valeur de la sélection naturelle, ils admettent qu'elle n'explique pas tout et ils réservent une place à l'adaptation individuelle.

Il s'agit là de doctrines et non de faits ; mais les travaux consacrés au mimétisme ont souvent subi malencontreusement l'effet de ces doctrines. En effet, selon sa conviction propre, selon qu'il croit ou non à la valeur protectrice du camouflage, il est arrivé qu'inconsciemment le naturaliste le plus rigoureux exagère ou minimise la ressemblance de l'animal avec son milieu.

L'homochromie

Homochromie simple

L' homochromie est dite simple si la teinte prise par l'animal est uniforme et correspond à la couleur du milieu qu'il fréquente habituellement. Les petits criquets qui prennent la couleur des prairies ou les perroquets dont la couleur verte concorde exactement avec celle des feuillages des arbres où ils se trouvent en sont d'excellents exemples et prouvent que, pour être homochrome, un animal n'est pas obligatoirement revêtu de couleurs ternes. L'homochromie avec le terrain est également fréquente : c'est le cas du lièvre qui, lorsqu'il est tapi au creux d'un sillon, est à peu près complètement invisible. C'est aussi le cas de certains oiseaux des déserts (alouette du désert) ou de la faune des neiges (perdrix des neiges ou lièvre variable, qui sont blancs en hiver).

L'ombre inversée

Souvent la couleur d'un animal est différente sur sa face dorsale et sur sa face ventrale, généralement blanche chez les espèces sauvages. Or, H. B. Cott, entre autres, a remarqué que l'ombre d'un objet quelconque a une grande importance dans l'appréciation de sa forme et de son volume. Si donc la partie située dans l'ombre est blanche, alors que la partie éclairée est colorée, la différence est moins sensible et l'objet semble plus plat et devient moins visible : c'est le cas pour les oiseaux qui sont généralement éclairés par le haut. On appelle ce phénomène l'ombre inversée ; d'après les auteurs anglais, cette particularité est capitale pour la dissimulation des animaux ; parmi les preuves qu'ils fournissent, les plus convaincantes sont certainement données par le cas des animaux qui vivent avec le ventre en l'air et chez lesquels la partie dorsale est plus claire : cas de la chenille du sphinx du peuplier (Sphinx ocellata) ou, plus spectaculaire encore, du poisson-chat du Nil qui nage en position normale à l'état jeune, puis se retourne et nage ensuite ventre en l'air cependant que la polarité pigmentaire s'inverse au cours de sa vie.

Les dessins disruptifs

Camouflage du corps d'un serpent - crédits : Encyclopædia Universalis France

Camouflage du corps d'un serpent

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Une complication plus efficace encore du camouflage est fournie par le bariolage (dessins disruptifs) dont l'effet est de rompre la forme, de dissocier en quelque sorte l'animal qui n'est plus visible dans son ensemble, mais paraît formé de plusieurs parties indépendantes. Ces dessins peuvent être formés de taches ou de bandes, ces deux procédés se combinant d'ailleurs de toutes les façons possibles (cf. lépidoptères, pl. IV). Ils s'ajoutent d'ailleurs souvent à l'homochromie (Œdipodacœrulescens, certains poussins d'oiseaux et même leurs œufs lorsqu'ils ne sont pas abrités dans un nid, comme ceux de l'avocette).

L'homochromie variable

Crevette tachetée - crédits : Danita Delimont/ Gallo Images/ Getty Images

Crevette tachetée

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Certains animaux ont la possibilité d'adapter à tout moment leur coloration à celle du milieu sur lequel ils se trouvent. Le cas célèbre du caméléon n'est pas le plus spectaculaire. On peut citer de tels exemples d'homochromie variable dans les groupes les plus divers : Crustacés ( crevettes), Batraciens (rainette verte), Reptiles (geckos), mais aussi chez les Mollusques Céphalopodes (seiche), enfin surtout chez des poissons plats (sole, limande, turbot). Tous ces animaux, si différents au point de vue zoologique, ont un point commun : leurs téguments possèdent des organes spéciaux, colorés et mobiles, les chromatophores, dont la rétraction ou l'épanouissement déterminent des changements de couleur. Les chromatophores, en effet, se présentent sous forme de cellules élastiques contenant des pigments ; si ces pigments sont concentrés au centre du chromatophore (en contraction), ils forment une minuscule boulette presque invisible (l'animal est de teinte claire). Si au contraire ces mêmes pigments s'étalent à la surface de la peau (chromatophore en expansion), ils forment une plaque mince délicatement ramifiée mais parfaitement visible, et à ce moment l'animal prend une couleur sombre. La vitesse d'expansion et de contraction des chromatophores est extrêmement variable : très lente chez les crevettes, elle se fait au contraire chez la seiche en deux tiers de seconde. Le mécanisme de changement de couleur est également variable selon les espèces, il peut être humoral ou nerveux ou combiner ces deux mécanismes. Chez les crevettes, on a pu montrer que le mécanisme est exclusivement humoral (Köller, 1928 ; Carlisle, 1951 ; Knowles, 1955). Deux glandes antagonistes sont responsables du changement de couleur : la glande du sinus, située dans le pédoncule oculaire (qui provoque l'éclaircissement), et les organes postcommissuraux, situés en arrière du cerveau, dont l'hormone produit l'extension des chromatophores donc l'assombrissement. Chez la seiche, au contraire, le mécanisme est purement nerveux, ce qui explique la rapidité des mouvements des chromatophores. Quant aux poissons, ils ont un mécanisme mixte nerveux et humoral. Chez les espèces les plus primitives (lamproies, raies), le mécanisme humoral (hormones hypophysaires) semble prédominant, mais chez les espèces les plus évoluées (poissons pleuronectes), la commande nerveuse se serait ajoutée puis substituée au contrôle humoral. Elle dominerait chez les Reptiles.

Rainette arboricole - crédits : CreativeNature/ Fotosearch LBRF/ Age Fotostock

Rainette arboricole

Homochromie - crédits : Encyclopædia Universalis France

Homochromie

Crevette : tête et organes neurosécréteurs - crédits : Encyclopædia Universalis France

Crevette : tête et organes neurosécréteurs

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Mimétisme - crédits : Art Wolfe/ The Image Bank/ Getty Images

Mimétisme

Camouflage du corps d'un serpent - crédits : Encyclopædia Universalis France

Camouflage du corps d'un serpent

Crevette tachetée - crédits : Danita Delimont/ Gallo Images/ Getty Images

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Autres références

  • ARACHNIDES

    • Écrit par
    • 3 674 mots
    • 12 médias
    Face aux prédateurs, les arachnides ont développé pour se défendre plusieurs techniques d’évitement comme lemimétisme, c’est-à-dire la ressemblance avec un autre animal (comme les araignées myrmécomorphes) ou avec l’environnement pouvant même aller jusqu’à l’homochromie (harmonisation de...
  • DERMOPTÈRES

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    Ordre de mammifères placentaires qui n'est représenté que par un seul genre : le galéopithèque, vivant dans les régions tropicales de l'Asie orientale. On connaît des formes fossiles depuis le début du Cénozoïque, c'est-à-dire depuis une époque où les placentaires en général...

  • LÉPIDOPTÈRES

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    ...verticalement de telle sorte qu'on ne voit que leur face inférieure, les autres ont leurs ailes étalées à plat sur le support ou en toit. Certains papillons présentent une curieuse ressemblance avec les objets sur lesquels ils se posent (homotypie) comme le Gastropacha quercifolia qui a l'aspect d'une feuille...
  • MOLLUSQUES

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    • 9 416 mots
    • 11 médias
    Lecamouflage relève des moyens naturels de protection dans bien des cas. Sur terre, les Mollusques à coquille brillamment colorée sont consommés en plus grand nombre par les Oiseaux que les formes dont la coquille est plus discrète. Mais le camouflage des pieuvres, qui s'adaptent aux milieux les plus...
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