Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

MILIEU INTÉRIEUR

Les composants inorganiques

Les sels dissous dans les liquides extracellulaires constituent dans la majorité des cas l'essentiel des solutés osmotiquement actifs. En dehors de cette fonction osmotique, les ions sont impliqués dans l'excitabilité cellulaire et dans la transmission des messages nerveux, d'où l'existence de rapports ioniques relativement constants pour une espèce donnée. Si le chlorure de sodium constitue ordinairement le composant inorganique extracellulaire principal, des différences qualitatives et quantitatives considérables existent, que l'on peut rapporter pour l'essentiel à la nature de l'environnement.

Animaux marins

Animaux marins : composition ionique et osmotique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Animaux marins : composition ionique et osmotique

On considère habituellement que la vie est née dans la mer. Plus certainement, l'essentiel de l'évolution des Métazoaires a eu lieu en milieu marin. L'un des arguments les plus convaincants en faveur de cette idée est le fait que tous les grands taxons du règne animal ont des représentants marins actuels et que les espèces présentes d'eau douce ou terrestres appartiennent à des phylums ayant des représentants marins. En fait, on retrouve dans le milieu intérieur de tous les animaux les ions majeurs entrant dans la composition de l'eau de mer (Na, K, Ca, Mg, Cl, SO4), avec cependant des concentrations totales et des proportions relatives souvent différentes. L'hypothèse de Mc Callum (1926), selon laquelle la composition actuelle des liquides extracellulaires des animaux représente celle de l'eau de mer à l'époque à laquelle tel ou tel groupe a réalisé la séparation d'un milieu intérieur d'avec le milieu extérieur, est actuellement tombée en désuétude. En effet, il est très probable que la composition de l'eau océanique est restée stable depuis le début du Cambrien.

Les invertébrés marins ont pratiquement toujours un milieu intérieur isosmotique à l'eau de mer. Cette situation correspond cependant à deux types différents. Chez les Échinodermes, la plupart des annélides (Arenicola par exemple, cf. tableau) et des mollusques ainsi que pour divers phylums mineurs, les concentrations de tous les ions sont pratiquement identiques à celles de l'eau de mer. La plupart de ces animaux se comportent comme des osmomètres lorsqu'ils sont placés en milieu dilué ou concentré et sont incapables de réguler leur volume extracellulaire. Leurs capacités osmorégulatrices sont nulles ou très limitées, et leur milieu intérieur est en équilibre passif avec le milieu externe (équilibre de Donnan). Il n'en est pas de même chez d'autres invertébrés, en particulier les Crustacés (le crabe Carcinus par exemple, cf. tableau). Chez ceux-ci, le milieu intérieur est toujours isosmotique ou très légèrement hyperosmotique en eau de mer normale, mais les concentrations de la plupart des ions diffèrent de celles de l'eau de mer. Cela est particulièrement marqué pour le magnésium et le sulfate qui sont maintenus à des concentrations souvent très inférieures à celles présentes dans le milieu ambiant grâce à une excrétion urinaire active (glande verte ou rein antennaire).

Une situation analogue se trouve chez les Myxinoïdes, vertébrés agnathes marins primitifs. Chez Myxine glutinosa, le plasma sanguin est isosmotique à l'eau de mer, cette isosmoticité étant due uniquement aux sels, alors que la concentration de la plupart des ions est sensiblement différente de celle présente dans le milieu extérieur. Il n'en est pas de même chez d'autres agnathes, les lamproies marines, dont le milieu intérieur est analogue à celui des Téléostéens (voir plus loin), c'est-à-dire très hypo-osmotique à l'eau de mer.

Les élasmobranches marins ont typiquement un milieu intérieur isosmotique à l'eau de mer. Mais l'osmolarité due aux sels inorganiques ne représente que 500 mosmol/l environ, un complément osmotique[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur à l'Institut océanographique, professeur à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie

Classification

Pour citer cet article

Jean-Paul TRUCHOT. MILIEU INTÉRIEUR [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 10/02/2009

Médias

Animaux marins : composition ionique et osmotique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Animaux marins : composition ionique et osmotique

Régulation chez les animaux euryhalins - crédits : Encyclopædia Universalis France

Régulation chez les animaux euryhalins

Variation du pH extracellulaire chez des animaux poïkilothermes - crédits : Encyclopædia Universalis France

Variation du pH extracellulaire chez des animaux poïkilothermes

Autres références

  • CLAUDE BERNARD : CONCEPT DE MILIEU INTÉRIEUR

    • Écrit par
    • 243 mots

    Claude Bernard (1813-1878) écrit en 1855 : « On s'est longtemps fait une très pauvre idée de ce qu'est un organe sécrétoire. L'histoire du foie et de sa fonction glycogénique établit [...] qu'il y a des sécrétions internes, dont le produit, au lieu d'être déversé à l'extérieur,...

  • ACIDO-BASIQUE ÉQUILIBRE

    • Écrit par
    • 2 955 mots
    • 1 média

    C'est en 1922 que Van Slyke pose les premiers principes de l'équilibre acido-basique, en reprenant la définition du pH fournie en 1909 par Sœrensen (logarithme de l'inverse de la concentration en ions hydrogène). Il montre la constance de ce pH dans le milieu intérieur. Seules...

  • BERNARD CLAUDE (1813-1878)

    • Écrit par
    • 4 120 mots
    • 1 média
    Lesrecherches de Claude Bernard sur la digestion et la fonction glycogénique du foie l'ont progressivement conduit vers l'élaboration du concept de « milieu intérieur ». Ce concept, totalement original, constitue le pivot de la nouvelle physiologie qu'il voulait créer, discipline autonome au sein des...
  • CIRCULATOIRES (SYSTÈMES) - Les systèmes circulatoires des animaux

    • Écrit par
    • 4 530 mots
    • 7 médias
    ...corps unicellulaire d'un protozoaire comme la paramécie est en permanence recyclée grâce aux vacuoles pulsatiles qui s'emplissent et se vident dans le milieu ambiant. Mise en mouvement par les battements des flagelles qui garnissent la cellule, l'eau externe circule dans la masse du corps des spongiaires...
  • CONSTANTES PHYSIOLOGIQUES HUMAINES

    • Écrit par
    • 81 mots

    Paramètres physico-chimiques caractérisant le milieu intérieur normal d'un sujet humain en bonne santé, à composition « stable », par suite de mécanismes régulateurs de l'homéostasie.

    Leur mesure fait partie de l'examen clinique complet que nécessite le bilan de santé....

  • Afficher les 14 références