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MAURITANIE

Nom officiel

République islamique de Mauritanie (MR)

    Chef de l'État et du gouvernement

    Mohamed Ould Ghazouani (depuis le 1er août 2019). Premier ministre : Mohamed Ould Bilal (depuis le 6 août 2020)

      Capitale

      Nouakchott

        Langue officielle

        Arabe 1

          Unité monétaire

          Ouguiya (MRO)

            Population (estim.) 4 582 000 (2024)
              Superficie 1 030 700 km²

                La Mauritanie depuis l'indépendance

                Ould Daddah, père de la nation

                La transmission de l'État colonial

                Depuis l'instauration de la IVe République française en 1946, la Mauritanie, qui était jusque-là associée au Sénégal, peut élire ses propres représentants à l'Assemblée nationale. Les partis politiques se multiplient et, dès 1948, naît l'Union progressiste mauritanienne (U.P.M.), parti proche de l'administration coloniale et apparenté au Rassemblement pour la France du général de Gaulle ; en 1950, l'Entente mauritanienne (section de la S.F.I.O.), dirigée par Horma Ould Babana, élu député de Mauritanie à la première Assemblée nationale ; et, en 1955, l'Association de la jeunesse mauritanienne (A.J.M.), pro-arabe et influencée par le nassérisme. Ces partis représentent surtout les populations beidanes (Maures blancs), alors que la création du Bloc démocratique du Gorgol, en 1957, ou l'Union des originaires de la Mauritanie du Sud, en 1958, ont pour but la défense des intérêts des Noirs mauritaniens face à l'importance politique des Maures. Ce foisonnement politique traduit ainsi les frictions et les antagonismes entre Nord et Sud, nomades et sédentaires, Maures et Noirs.

                Indépendance de la Mauritanie - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

                Indépendance de la Mauritanie

                Moktar Ould Daddah appartient à l'U.P.M. dès sa fondation, et participe aux élections de 1951 où son parti remporte la victoire électorale. Il se présente aux élections législatives de mars 1957 et, en mai de la même année, est élu vice-président du Conseil de gouvernement par l'Assemblée territoriale de Mauritanie. En mai 1958, Ould Daddah raffermit son influence politique : avec les plus jeunes membres de son parti, il fonde le Parti du regroupement mauritanien (P.R.M.) dont il devient le secrétaire général. Ce parti, nationaliste, regroupe notamment les élites formées à l'école française, et représente un courant modéré, militant pour l'indépendance tout en désirant maintenir les liens avec la France. Lors du référendum organisé le 28 septembre 1958, après le retour au pouvoir du général de Gaulle, le P.R.M. se positionne résolument en faveur de la Communauté française, et l'emporte largement. Des élections législatives se tiennent en juin 1959, au cours desquelles le P.R.M. remporte tous les sièges. Moktar Ould Daddah est nommé Premier ministre et c'est sous son autorité que le pays accède à l'indépendance le 28 septembre 1960, sous le nom de République islamique de Mauritanie.

                La Constitution de 1959 prévoit la séparation des pouvoirs entre une Assemblée nationale législative et un gouvernement exécutif dirigé par le Premier ministre. Le multipartisme est affirmé, le gouvernement est responsable devant l'Assemblée, sans avoir le pouvoir de la dissoudre. À la tête de l'État, Ould Daddah a de multiples défis à relever. La structure sociale mauritanienne éclatée entre lignages et familles promptes aux divisions, les rivalités entre classes, entre Beidanes et Négro-Africains, le poids prépondérant des chefferies locales concourent à opposer diverses conceptions du pouvoir. Sur le plan économique, la colonie de Mauritanie a été peu développée par les Français, qui ont pensé à la rattacher au Sénégal, puis à déplacer sa frontière méridionale vers le nord, ou encore à l'inclure dans l'Organisation commune des régions sahariennes qui tenta, de 1957 à 1962, de réunir les parties sahariennes des colonies françaises. Enfin, sur le plan international, la Mauritanie doit faire face aux ambitions du Maroc, qui se sont exprimées dès les années 1950, avec les théories du « Grand Maroc » (englobant Rio de Oro et Mauritanie et portant sa frontière sud jusqu'au fleuve Sénégal). Ainsi, le Maroc ne reconnaît pas la Mauritanie indépendante, et s'oppose, avec l'aide de la Ligue arabe et du groupe de Casablanca, à son adhésion à l'O.N.U. en décembre 1960.[...]

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                Écrit par

                • : maître assistant à l'Institut d'études politiques de Bordeaux
                • : professeur d'histoire contemporaine de l'Afrique, université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, directeur du C.E.M.A.F. (Centre d'études des mondes africains, U.M.R. 8171)
                • : agrégé de géographie, maître de conférences à l'université Paris-X-Nanterre
                • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

                Classification

                Pour citer cet article

                Jean-Louis BALANS, Pierre BOILLEY, François BOST et Universalis. MAURITANIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

                Médias

                Mauritanie : drapeau - crédits : Encyclopædia Universalis France

                Mauritanie : drapeau

                Mauritanie : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

                Mauritanie : carte physique

                Sahara (Mauritanie) - crédits : Barbara Maurer/ The Image Bank/ Getty Images

                Sahara (Mauritanie)

                Autres références

                • MAURITANIE, chronologie contemporaine

                  • Écrit par Universalis
                • ABDELAZIZ MOHAMED (1947 ou 1948-2016)

                  • Écrit par Khadija MOHSEN-FINAN
                  • 771 mots

                  Président de la République arabe sahraouie démocratique pendant quarante ans, jusqu’à sa mort en mai 2016, Mohamed Abdelaziz, dirigeant du Front Polisario, avait succédé en 1976 au chef du mouvement indépendantiste El Ouali Moustapha Sayed.

                  Alors qu’ils sont tous deux étudiants à Rabat, au...

                • AFRIQUE (Structure et milieu) - Géographie générale

                  • Écrit par Roland POURTIER
                  • 21 496 mots
                  • 29 médias
                  ...méridionaux, les métissages ont été fréquents entre les Blancs et les Noirs des oasis, qui constituaient autrefois la main-d'œuvre servile des haratins. En Mauritanie, la cohabitation entre les Blancs, ou Beydanes, économiquement et politiquement dominants, et les Noirs, pour certains réduits jusqu'à une...
                • AFRIQUE-OCCIDENTALE FRANÇAISE (AOF)

                  • Écrit par Alfred FIERRO
                  • 815 mots
                  • 2 médias

                  Créée par un décret du 16 juin 1895, sous la direction d'un gouverneur général, l'Afrique-Occidentale française (A.-O.F.) répond à la nécessité de coordonner sous une autorité unique la pénétration française à l'intérieur du continent africain. L'A.-O.F. est, à l'origine, constituée des...

                • AWDOUGOST ou AOUDAGHOST

                  • Écrit par Alfred FIERRO
                  • 294 mots

                  À la fin du premier millénaire, les Berbères du Sahara occidental se divisaient en deux grands groupes : les Zanata, qui vivaient à la bordure méridionale du Maroc, et les Sanhādja, dont la zone de nomadisation correspondait à peu près à l'actuelle Mauritanie. La capitale des Zanata...

                • Afficher les 16 références

                Voir aussi