Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

COMMUNAUTÉ FRANÇAISE

Instituée par la France et par la plupart des territoires de son ancien empire colonial dans le cadre de la Constitution de la Ve République du 4 octobre 1958, la Communauté française est destinée à remplacer l'Union française. Dès son retour au pouvoir, le 1er juin 1958, le général de Gaulle est conscient de la nécessité de modifier profondément les rapports que la métropole entretient avec les peuples qui dépendent encore d'elle, afin de donner satisfaction aux revendications de liberté, d'égalité et d'autonomie auxquelles ils aspirent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. La nouvelle organisation est incluse dans l'avant-projet gouvernemental de Constitution qui est présenté à l'avis d'un comité consultatif où figurent plusieurs responsables politiques africains et malgache (Senghor, Lamine-Gueye, Lisette, Tsiranana). Les discussions portent essentiellement sur la nature des liens qui uniront la France et ses ex-colonies : fédération ou confédération ? À titre de compromis, Tsiranana propose le terme de Communauté que le général de Gaulle accepte. Le projet définitif de Constitution est adopté par le Conseil des ministres du 3 septembre et rendu public le 4, sa ratification devant faire l'objet d'un référendum fixé au 28. Pour la France métropolitaine et l'Algérie, il s'agit d'accepter ou de refuser le projet de Constitution, tandis que pour les autres territoires d'outre-mer, le choix est entre l'adhésion à la Communauté et la sécession. Les deux territoires sous mandat (Cameroun et Togo), dont le statut international est particulier, ne participent pas à la consultation. Par le discours de Brazzaville (24 août), le général de Gaulle précise qu'un territoire entré dans la Communauté pourra ultérieurement, s'il en exprime le désir, négocier son indépendance avec la France, concession qui entraîne le ralliement des dirigeants africains et le succès massif du « oui » au référendum, à l'exception de la Guinée de Sékou Touré, qui fait sécession et proclame son indépendance.

Indépendance de la Mauritanie - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Indépendance de la Mauritanie

À la fin de l'année 1958, la Communauté est donc composée, d'une part, de la République française qui comprend la France métropolitaine, quatre départements d'outre-mer (Guadeloupe, Martinique, Guyane, Réunion), six territoires d'outre-mer (Côte française des Somalis, Comores, Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, îles Wallis et Futuna, Saint-Pierre-et-Miquelon) et, provisoirement, l'Algérie ; et, d'autre part, de douze États autonomes gérant librement et démocratiquement leurs propres affaires : le Sénégal, la Mauritanie, le Soudan (futur Mali), le Niger, la Côte-d'Ivoire, la République voltaïque, le Dahomey (futur Bénin), le Gabon, le Congo, la République centrafricaine (ex-Oubangui-Chari), le Tchad et Madagascar, ce qui consacre la disparition des deux fédérations d'Afrique-Occidentale française (A.-O.F.) et d'Afrique-Équatoriale française (A.-É.F.).

Manifestation anticoloniale - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Manifestation anticoloniale

Charles de Gaulle à Abidjan, 1958 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Charles de Gaulle à Abidjan, 1958

Les institutions de la Communauté et le domaine de leurs compétences sont définis dans le titre XII de la Constitution. Le domaine de compétence générale comprend la politique étrangère, la défense, la monnaie, la politique économique et financière commune ainsi que celle des matières premières stratégiques. S'y ajoute un domaine de compétence particulière constitué par le contrôle de la justice, par l'enseignement supérieur, et par l'organisation générale des transports et des télécommunications. Le régime politique est de type nettement présidentiel avec, à sa tête, le président de la République française, assisté d'un Conseil exécutif qu'il préside et dont font partie le Premier ministre français, les chefs de gouvernement de chacun des États membres et les ministres chargés des affaires communes,[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Jean-Marcel CHAMPION. COMMUNAUTÉ FRANÇAISE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Indépendance de la Mauritanie - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Indépendance de la Mauritanie

Manifestation anticoloniale - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Manifestation anticoloniale

Charles de Gaulle à Abidjan, 1958 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Charles de Gaulle à Abidjan, 1958

Autres références

  • AFRIQUE (Histoire) - Les décolonisations

    • Écrit par Marc MICHEL
    • 12 424 mots
    • 24 médias
    ...L'évolution du reste de l'Afrique noire française et de Madagascar se fit également par les étapes successives de l'autonomie de 1956 à 1958, puis de la Communauté de 1958 à 1960. Elles ont été maintes fois décrites. Du point de vue des relations internationales, elles furent marquées durant la première...
  • AFRIQUE-OCCIDENTALE FRANÇAISE (AOF)

    • Écrit par Alfred FIERRO
    • 815 mots
    • 2 médias

    Créée par un décret du 16 juin 1895, sous la direction d'un gouverneur général, l'Afrique-Occidentale française (A.-O.F.) répond à la nécessité de coordonner sous une autorité unique la pénétration française à l'intérieur du continent africain. L'A.-O.F. est, à l'origine, constituée des...

  • BRAZZAVILLE DISCOURS DE (1958)

    • Écrit par Jean-Marcel CHAMPION
    • 289 mots

    Prononcé par le général de Gaulle, alors président du Conseil, au cours du voyage qu'il avait entrepris dans les territoires français d'Afrique, le discours de Brazzaville (24 août 1958) avait essentiellement pour but de présenter aux populations locales la Communauté destinée à remplacer l'Union...

  • CINQUIÈME RÉPUBLIQUE - La période gaullienne (1958-1969)

    • Écrit par Pierre BRÉCHON
    • 8 909 mots
    • 15 médias
    ...aux anciens territoires d'outre-mer un statut d'autonomie interne. Ils pourront gérer en partie leurs affaires intérieures, devenir des États membres de la Communauté présidée par la France, qui conservait le pouvoir sur les principaux domaines de l'action publique, notamment la défense, la politique étrangère,...
  • Afficher les 12 références

Voir aussi