MANIFESTE DU SURRÉALISME, André Breton Fiche de lecture

Le Manifeste du surréalisme (1924) d'André Breton (1896-1966), écrivain et chef de file du mouvement surréaliste (1924-1966), est né au lendemain de la Première Guerre mondiale. Traumatisée, la société traverse alors une profonde crise morale et politique, tandis que se propagent des idées socialistes, anarchistes, pacifistes et révolutionnaires.

Affecté à l'hôpital du Val-de-Grâce à Paris en 1917, André Breton rencontre Philippe Soupault et Louis Aragon. Les trois poètes fondent en 1919 la revue Littérature où paraissent les premiers textes d'écriture automatique, censée échapper au contrôle de la conscience. Ils seront repris en 1920 dans Les Champs magnétiques. Breton et ses amis s'associent avec Tristan Tzara et le mouvement dada dont ils apprécient le goût de la révolte et le sens de la provocation. En 1922, ne partageant plus la conception essentiellement destructrice de l'art prônée par Tzara, ils rompent avec lui. En 1923, Breton fait paraître Clair de terre, un recueil de textes en écriture automatique.

L’imagination au pouvoir

Publié en 1924 et suivi par la création de la revue La Révolution surréaliste, le Manifeste d'André Breton fonde en théorie et en pratique le surréalisme ; le texte est né d'un projet de préface à Poisson soluble, un recueil de poèmes en proses qui lui est contemporain. Le succès de l'essai l'emportera sur son illustration poétique.

Avec ce manifeste (« déclaration écrite, publique et solennelle » selon Le Robert), André Breton justifie son combat artistique, expose ses idées et définit les fondements, les techniques et le programme du « surréalisme ». Les principaux thèmes de cette doctrine révolutionnaire mettent en correspondances philosophie et psychanalyse, éthique et esthétique, art et politique, utopie et vie quotidienne.

L'ancien étudiant en médecine développe ses arguments en suivant la logique d'un exposé scientifique. Il présente sa thèse : une défense et illustration de l'imagination et de ses pouvoirs. À l'éloge des facultés oniriques et de l'émerveillement s'oppose l'antithèse qui fait le procès du réalisme, du roman, de ses descriptions et de ses clichés. Il propose enfin en guise de synthèse la résolution de ce conflit entre rêve et réalité. S'appuyant sur les découvertes de Freud, il formule ses intuitions autour du rêve dont il souligne l'organisation et le merveilleux. Puis il rappelle l'histoire de son projet : l'expérience des états de veille chez Robert Desnos, la définition de l'image selon Pierre Reverdy (« ... Plus les rapports des deux réalités rapprochées seront lointains et justes, plus l'image sera forte... »). Il relate ses expérimentations personnelles du rêve, puis de l'écriture automatique avec Philippe Soupault.