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MANGAS

Rêves et cauchemars d'enfants

Malgré la concurrence récente des nouvelles technologies (Internet, téléphones mobiles) et des loisirs qu'elles permettent, la bande dessinée demeure l'un des divertissements favoris des Japonais, et ce, dès le plus jeune âge. Plusieurs magazines de mangas visent les enfants dès six ans, mais peu de séries destinées à cette classe d'âge ont été traduites en français. Deux d'entre elles semblent néanmoins délimiter le genre : Doraemon (2006, éd. or. 1970) et L'École emportée (2005, éd. or.HyoryuKyoshitsu, 1972).

La première, qui compte 45 volumes dans son édition reliée, est l'œuvre de Fujiko F. Fujio, un pseudonyme qui masque l'identité de Hiroshi Fujimoto (1933-1996) et Motoo Abiko (1934-2022), tous deux formés auprès de Tezuka. Doraemon est focalisé sur un écolier laid et peu doué pour les études, Nobita, auquel ses descendants décident de porter secours par l'intermédiaire d'une machine à remonter le temps. Pour améliorer ses perspectives d'avenir, ils placent auprès de lui un robot à l'apparence de gros chat : Doraemon. Celui-ci est doté d'un solide bon sens et d'une poche ventrale de laquelle il tire des objets aussi merveilleux qu'improbables – un carnet qui réalise les projets qu'on y consigne, par exemple –, desquels l'indécrottable Nobita fait systématiquement un usage calamiteux... On comprend bien le credo de Doraemon : le personnage est le compagnon idéal que tout enfant souhaiterait avoir près de lui, pour l'aider à se défendre et à réaliser ses désirs d'un futur radieux.

À l'autre bout du spectre, on trouve les mangas dessinés par Kazuo Umezu, qui s'est fait une spécialité des récits d'horreur destinés aux écoliers. Si les auteurs de Doraemon explorent les rêves secrets de leurs jeunes lecteurs, Umezu, quant à lui, donne forme à leurs pires cauchemars. Dans L'École emportée, un établissement scolaire et ses occupants sont brutalement transportés dans un monde désert et apocalyptique. Livrés à eux-mêmes – les enseignants se sont suicidés ou ont sombré dans la folie –, les enfants devront apprendre à survivre dans un environnement hostile et gérer les dissensions qui menacent le groupe, sans aucune certitude de revoir un jour leur foyer... Dans ce manga, Umezu confronte le jeune lecteur à ses peurs fondamentales (en premier lieu la séparation avec les parents, et notamment la mère) et décrit une jeunesse abandonnée par ses aînés, ayant perdu sa foi dans le monde des adultes.

Dans un esprit plus politiquement correct, les revues de mangas proposent également des séries didactiques pour les enfants. Manga Science (2005, éd. or. 2000) de Yoshitoh Asari témoigne ainsi des potentialités pédagogiques de la bande dessinée japonaise. À chaque chapitre, un petit groupe d'écoliers s'interroge sur un phénomène physique, auquel un spécialiste farfelu vient apporter des réponses précises et limpides.

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Classification

Pour citer cet article

Julien BASTIDE. MANGAS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<em>Astro Boy</em>, Osamu Tezuka - crédits : Nippon Television Network (NTV), Tezuka Productions/ Aurimages

Astro Boy, Osamu Tezuka

<em>Une vie dans les marges</em>, de Tatsumi Yoshihiro - crédits : 2010 Yoshihiro Tatsumi / Cornélius

Une vie dans les marges, de Tatsumi Yoshihiro

<em>L’Homme qui marche</em>, Taniguchi Jirō - crédits : L'Homme qui marche, Jirô Taniguchi 1992-2015/ BCF-Tokyo

L’Homme qui marche, Taniguchi Jirō

Autres références

  • BANDE DESSINÉE

    • Écrit par Dominique PETITFAUX
    • 22 913 mots
    • 15 médias
    La diffusion en Occident, à la fin des années 1970, de dessins animés produits au Japon a préparé le terrain à l’irruption, en Europe et aux États-Unis, des bandes dessinées japonaises, ou mangas(le mot, qui aurait été forgé par le peintre Hokusai en 1814, avec le sens d’« images dérisoires...
  • FANTASY

    • Écrit par Anne BESSON
    • 2 811 mots
    • 3 médias
    De son côté, l'importante production japonaise de mangas a exploité son propre matériel légendaire, très riche, et l'école franco-belge a fait valoir ses qualités. La fantasy y apparaît sans se différencier initialement de la bande dessinée d'aventures (Thorgal de Jean Van Hamme et...
  • SCIENCE-FICTION

    • Écrit par Roger BOZZETTO, Jacques GOIMARD
    • 7 936 mots
    • 4 médias
    Les mangas, qui se sont développés de manière prolifique, dans les années 1960, autour de héros positifs dans des univers imaginaires, à l'instar du robot AstroBoy du fondamental Osamu Tezuka (1928-1989), s'orientent rapidement vers des récits plus violents, qui alternent entre constats...
  • SHUDŌ TAKESHI (1949-2010)

    • Écrit par Universalis
    • 239 mots

    Fils d'employé japonais du gouverneur de la préfecture, Shudō Takeshi, né en 1949 à Fukuoka, crée dans les années 1980 le manga aux personnages empreints d'innocence de Fairy Princess Minky Momo (intitulé Gigi dans l'édition française) et le scénario de GoShōgun (Fulgutor...

Voir aussi