MERVEILLES DU MONDE LES SEPT

Expression désignant les sept ouvrages que les Anciens considéraient comme les plus parfaits réalisés, tant en sculpture qu'en architecture. Cette notion de merveille du monde apparaît pour la première fois dans le De septem orbis miraculis, généralement attribué à Philon de Byzance (iiie s.). La liste de ces monuments très célèbres comprend : le mausolée d'Halicarnasse, la pyramide de Khéops, le phare d'Alexandrie, le colosse de Rhodes, les jardins suspendus de Babylone, la statue de Zeus Olympien à Olympie et, enfin, le temple d'Artémis à Éphèse.

C'est pour le grand satrape de Carie, Mausole (~ 377-~ 363), que fut élevé dans la seconde moitié du ~ ive siècle le monument funéraire appelé mausolée d'Halicarnasse. Sa construction fut entreprise par Satyros et Pythéos, auteur par ailleurs du temple d'Athéna à Priène. Le bâtiment se composait, selon toute vraisemblance, d'une large plate-forme servant de socle à l'édifice péristyle, de plan presque carré, monté sur un haut podium et couronné par une pyramide à degrés. Des éléments de sculpture, tant en ronde bosse qu'en relief, ornaient richement le sommet de la toiture, les entrecolonnements, la plate-forme et la célèbre frise du podium. Quatre des plus grands sculpteurs du ive siècle, Timothéos, Scopas, Bryaxis et Léocharès, collaborèrent à cette grandiose réalisation.

La pyramide que fit élever Khéops, pharaon de la IVe dynastie (environ ~ 2800), devait mesurer initialement 146 m de hauteur sur environ 233 m de côté. Aujourd'hui plus dégradée que sa voisine, la pyramide de Kephren, elle était plus élevée qu'elle. Les Anciens l'appelaient Akouit (« la brillante », « la lumineuse ») à cause de son éblouissant revêtement de calcaire blanc, aujourd'hui disparu. Cet édifice était célèbre non seulement pour sa beauté, mais aussi pour sa rigoureuse orientation et pour ses caractéristiques numériques et géométriques.

C'est à Sostratos de Cnide que revient la construction du phare d'Alexandrie qui ne nous est connu que par les témoignages littéraires (parmi lesquels Strabon et Lucien pour l'Antiquité, Aboul Haggag vers 1166), quelques monnaies romaines et des représentations sur des mosaïques dites « alexandrines ». Il convient toutefois d'ajouter un curieux gobelet de verre trouvé à Begram (Afghanistan) ; il permet de mieux imaginer ce phare qui était vraisemblablement constitué de plusieurs étages et orné de nombreuses statues de bronze aux angles et au sommet.

Du colosse de Rhodes, également disparu, nous savons qu'il représentait le dieu Hélios, protecteur de l'île, et qu'il était l'œuvre du sculpteur Charès de Lindos.

Alexandre et ses troupes découvrirent avec émerveillement les jardins suspendus de Babylone lors de leur expédition de ~ 331 alors que la ville venait de capituler. Cette gigantesque réalisation ne doit pas être attribuée à Sémiramis — comme l'affirme une tradition grecque erronée — mais à Nabuchodonosor II (~ 604-~ 562) qui la fit exécuter pour son épouse Amyitis, fille d'Astyage, roi de Médie, contrée montagneuse et boisée dont elle avait la nostalgie.

Temple de Zeus à Olympie (reconstitution de l'intérieur)

Temple de Zeus à Olympie (reconstitution de l'intérieur)

Temple de Zeus à Olympie (reconstitution de l'intérieur)

Le temple de Zeus à Olympie était célèbre pour la statue chryséléphantine du dieu qu'il renfermait,…

Pour la statue de Zeus que Phidias sculpta à Olympie vers ~ 432-~ 431, les récits de Pausanias nous sont d'un précieux secours. L'œuvre était chryséléphantine, c'est-à-dire faite d'or et d'ivoire sur une charpente de bois, et représentait le grand Olympien assis sur un trône décoré d'un foisonnement de statuettes et de reliefs : victoires, sphinx, grâces, saisons. Le dieu lui-même, en ivoire colorié, était revêtu d'un somptueux himation ciselé dans l'or ; il tenait de la main droite une Victoire, elle-même chryséléphantine, et de la gauche son sceptre en or. Tous les thèmes du décor et l'attitude de la[...]

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    Écrit par

    • Martine Hélène FOURMONT : archéologue, rédacteur en chef de la Revue archéologique, ingénieur du C.N.R.S., Institut de recherche sur l'architecture antique, Centre de documentation photographique et photogrammétrique

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    Pour citer cet article

    Martine Hélène FOURMONT, « MERVEILLES DU MONDE LES SEPT », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

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    Temple de Zeus à Olympie (reconstitution de l'intérieur)

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    Autres références

    • ALEXANDRIE

      • Écrit par André BERNAND, Jean-Yves EMPEREUR, Jean-Marc PROST-TOURNIER
      • 4 986 mots
      • 3 médias
      ...réfléchissaient au loin, le Phare, que nous font connaître les monnaies et un gobelet trouvé à Begram en Afghanistan, méritait bien de compter parmi les sept merveilles du monde. Le Musée, où travaillaient écrivains et savants entretenus aux frais de l'État, aurait pu faire partie de ces merveilles, car Alexandrie...
    • CHARÈS DE LINDOS (2e moitié IVe s. av. J.-C.)

      • Écrit par Alain MAHUZIER
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      Sculpteur rhodien de l'école de Lysippe, Charès de Lindos est l'auteur du célèbre Colosse de Rhodes, gigantesque statue d'Hélios, protecteur de l'île de Rhodes. Exécutée en bronze, haute de soixante-dix coudées, ou cent cinq pieds (31 à 35 m) selon les textes, elle était...

    • COLOSSAL, art et architecture

      • Écrit par Martine VASSELIN
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      • 16 médias
      Il est remarquable que parmi les Sept Merveilles du monde figurent deux statues colossales : la statue chryséléphantine de Zeus à Olympie faite par Phidias (vers 448 av. J.-C.) et le colosse d'Hélios à l'entrée du port de Rhodes. Les descriptions antiques (Pline, Philon) permettent de concevoir ce dernier,...
    • ÉROSTRATE (IVe s. av. J.-C.)

      • Écrit par Pierre BRIANT
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      Éphésien qui chercha à acquérir la notoriété en incendiant le grand temple d'Éphèse (l'Artemision) la nuit même où naquit Alexandre le Grand (21 juillet ~ 356). Ce temple géant (cent vingt-sept colonnes), très représentatif de l'architecture ionienne archaïque, était considéré comme l'une des sept...

    • MAUSOLÉE

      • Écrit par Roland MARTIN
      • 273 mots
      • 1 média

      Devenu générique à partir du i er siècle, pour désigner tout monument funéraire de vastes proportions et de riche apparence, le terme mausolée fut d'abord spécifique et s'appliquait au monument de Mausole, satrape de Carie au milieu du ~ iv e siècle, que le prince fit...

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