AFFICHE ROUGE L'

Les FTP-MOI : mémoire occultée, histoire inconnue

Leur histoire fut longtemps méconnue, voire occultée. À la Libération, jouant à fond de son image de grand parti patriote, le PCF ne souhaitait pas mettre en avant les « étrangers » de la MOI. Puis, dès 1949-1950, la campagne antisémite lancée par Staline en URSS contribua à écarter nombre de militants de la MOI. Tous ces facteurs participèrent à l'occultation des FTP-MOI. Le groupe Manouchian est connu, quant à lui, grâce au poème publié en 1956 par Louis Aragon, « Strophes pour se souvenir », où il rendait hommage à ces résistants étrangers. Ce poème, inspiré par la lettre d'adieu écrite par Manouchian à sa femme Mélinée, fut mis en musique et rendu populaire par Léo Ferré sous le titre L’Affiche rouge, chanson qui a été interdite sur les ondes françaises jusqu’en 1981.

Il fallut attendre 1985 pour que, grâce à un documentaire du réalisateur Mosco Levi Boucault, Des « terroristes » à la retraite, 13 millions de téléspectateurs découvrent, stupéfaits et émus, le combat de ces étrangers dont beaucoup étaient morts pour la France. Une France qui n'avait pas trouvé le temps de donner la nationalité française à certains d'entre eux. Une première reconnaissance officielle vint le 8 mai 1994, quand Boris Holban – qui avait fui la Roumanie de Ceauşescu – fut décoré de la Légion d'honneur, sous l'Arc de triomphe, par le président François Mitterrand.

Près de quatre-vingts ans après les faits, les seuls résistants actifs en France métropolitaine honorés au Panthéon étaient Jean Moulin et Pierre Brossolette, deux des grands chefs de la Résistance, qui se sont suicidés – ou ont tenté de le faire – pour ne pas parler, et Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz, deux résistantes de la première heure au sein du réseau du musée de l’Homme, déportées au camp pour femmes de Ravensbrück. Le 18 juin 2023, un communiqué du président Emmanuel Macron annonçait que Missak Manouchian et sa femme Mélinée seraient portés au Panthéon le 21 février 2024.