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GENEVIÈVE sainte (420 env.-env. 502)

À la fin du xixe et au début du xxe siècle, plusieurs historiens érudits ont étudié la vie de sainte Geneviève et se sont violemment affrontés au sujet de sa valeur historique. La transmission du texte est très difficile, il y a au moins trois recensions dont les rapports sont mal établis. Cependant, il ne semble pas qu'on puisse mettre en doute l'essentiel du récit.

Geneviève naquit vers 420 à Nanterre, près de Paris. Elle était petite fille quand, en 429, les deux saints évêques Germain d'Auxerre et Loup de Troyes, qui se rendaient en Grande-Bretagne pour combattre l'hérésie pélagienne, la remarquèrent. Germain suspendit à son cou une pièce de monnaie marquée d'une croix pour la vouer au service de Dieu. Quelques années plus tard, elle reçut la consécration des vierges, continuant à demeurer chez ses parents, puis, après leur mort, chez sa marraine à Paris, menant une vie de prière et de pénitence ; elle ne rompait le jeûne que le dimanche et le jeudi. S'imposant par la force de sa personnalité, elle prit la direction de plusieurs groupes de vierges. Elle fit le pèlerinage au tombeau de saint Martin à Tours et construisit la première basilique sur le tombeau de Denis, premier évêque de Paris. L'invasion d'Attila en 451 fut, pour elle, l'occasion de montrer son génie et son autorité : malgré les menaces de mort des plus apeurés, elle conseilla aux Parisiens de ne pas quitter leur ville. Paris ne tomba pas aux mains des ennemis, mais les guerres y amenèrent la famine ; Geneviève organisa le ravitaillement en envoyant des bateaux jusqu'à Troyes et fit bénéficier les pauvres des distributions.

Geneviève gagna la confiance des rois francs, Childéric Ier (mort en 481) d'abord, puis son fils Clovis Ier. Elle obtint d'eux la libération de prisonniers et la grâce de criminels qui, en ces périodes de violence, étaient souvent victimes d'injustices ou de châtiments disproportionnés.

La renommée de Geneviève s'étendait au loin. Siméon Stylite (mort en 459), de sa colonne des environs d'Antioche, se recommanda à ses prières. Geneviève mourut un 3 janvier, peut-être en 502, et fut ensevelie sur le mont Lucotitius. Le roi Clovis y fit élever, sous le titre des saints Apôtres, une basilique où il fut enterré en 511 et la reine Clotilde en 545. Déjà Geneviève était vénérée comme une sainte très populaire, l'église prit son nom et fut desservie par des chanoines. Du xiie siècle à la Révolution, leur abbaye fut un lieu de pèlerinage et un centre intellectuel important sur cette « montagne Sainte-Geneviève » où les maîtres et étudiants, qui s'y étaient installés au xiie siècle, avaient créé la première université.

En 1764, les chanoines réguliers de Sainte-Geneviève entreprirent la construction d'une nouvelle église. Elle fut désaffectée en 1791 pour devenir le Panthéon. Rendue au culte en 1806 et achevée seulement en 1812, elle redevint Panthéon en 1830, de nouveau église en 1851 et Panthéon en 1885. Les reliques de sainte Geneviève, qui avaient alors été transportées à l'église voisine de Saint-Étienne-du-Mont, furent brûlées et jetées à la Seine en 1793. On a reconstitué un tombeau avec quelques reliques à Saint-Étienne-du-Mont, qui est devenu le centre du culte de la patronne de Paris.

— Jacques DUBOIS

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Écrit par

  • : moine bénédictin, directeur d'études à l'École pratique des hautes études (IVe section)

Classification

Pour citer cet article

Jacques DUBOIS. GENEVIÈVE sainte (420 env.-env. 502) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • SAINT-DENIS BASILIQUE DE

    • Écrit par Philippe PLAGNIEUX
    • 1 198 mots
    • 3 médias

    On considère saint Denis comme un évêque missionnaire venu évangéliser la cité des Parisiens. Il y trouva le martyre vers 250, vraisemblablement sur la colline de Montmartre, avant d’être inhumé à l’emplacement de l’actuelle basilique. La Vie de sainte Geneviève, rédigée vers 520, présente...

Voir aussi