Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

MITTERRAND FRANÇOIS (1916-1996)

François Mitterrand a été l'une des personnalités politiques françaises les plus importantes de la seconde moitié du xxe siècle. Plusieurs fois ministre sous la IVe République, président de la République sous la Ve de 1981 à 1995, il a marqué de son empreinte l'histoire de la gauche française.

Il est difficile d'expliquer le parcours politique de François Mitterrand. Il est fait d'attaches et de choix successifs et apparemment contradictoires : de Vichy, où il est décoré de la francisque par le maréchal Pétain, à la Résistance dans laquelle il se jette avec courage en 1943. Il est aux côtés du général de Gaulle en 1944 et exerce les fonctions de secrétaire général aux prisonniers de guerre. Ambitieux, indépendant, intelligent et talentueux, il est, dès 1947, à trente ans, le plus jeune ministre depuis la Révolution française. Anticommuniste à cette époque, il réalisera vingt-cinq ans plus tard l'Union de la gauche. Personnage important et défenseur de la IVe République, il terminera sa longue carrière politique comme président de la Ve République.

Une longue carrière politique

François Mitterrand, 1981 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

François Mitterrand, 1981

Deux éléments donnent cependant une cohérence à ce parcours. D'abord, comme l'écrit Éric Duhamel, « son action publique, tendue vers la conquête du pouvoir, donne de l'unité à sa trajectoire politique ». François Mitterrand possède une exceptionnelle maîtrise des règles du jeu politique et institutionnel, quel que soit le régime dans lequel il opère. Dans sa quête ininterrompue du pouvoir, il rencontre très tôt, en décembre 1943, celui qui sera son principal adversaire et compétiteur, le général de Gaulle. Celui-ci veut fusionner le Mouvement national des prisonniers de guerre et déportés, dont François Mitterrand est le principal responsable, dans une organisation unifiée. François Mitterrand s'y oppose. Son refus d'allégeance au chef de la France libre se transformera en une permanente et violente hostilité. Il défendra, contre lui, la IVe République. Il sera l'un des premiers opposants au 13 mai 1958 et il fustigera, en 1963, le nouveau régime dans un pamphlet brillant et cinglant, « le coup d'État permanent » – « j'appelle le régime gaulliste dictature » –, personnifiant de plus en plus l'opposition au gaullisme. Comprenant néanmoins les opportunités offertes par les nouvelles institutions et surtout par la révision de 1962 qui instaure l'élection du président de la République au suffrage universel, – il dira en 1968 : « dès 1962, j'ai su que je serais candidat » – et profitant de l'aveuglement d'une grande partie de la classe politique sur les conséquences des changements institutionnels, il réussit son premier coup de maître en étant désigné par l'ensemble de la gauche comme son candidat unique à la première élection présidentielle au suffrage universel en 1965. Réussissant à mettre en ballottage son vieil adversaire, et obtenant 45 % des suffrages au second tour, il relance alors très puissamment sa carrière politique. Mais c'est encore de Gaulle qui l'arrête, quand, en pleine crise de Mai-68, il décrète maladroitement la vacance du pouvoir, se déclarant candidat à une élection présidentielle anticipée qu'il appelle de ses vœux. Le triomphe gaulliste aux élections de juin le ramène presque à son point de départ. Ce n'est qu'après le retrait du général et l'écrasement de la gauche en 1969 qu'il relance l'offensive qui le portera finalement, après une longue marche de douze années, à la présidence de la République. Élu en 1981, réélu en 1988, il est resté quatorze années à l'Élysée.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Gérard GRUNBERG. MITTERRAND FRANÇOIS (1916-1996) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

François Mitterrand, 1981 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

François Mitterrand, 1981

Didier Ratsiraka et François Mitterrand, 1986 - crédits : Pierre Rousseau/ Hulton Archive/ Getty Images

Didier Ratsiraka et François Mitterrand, 1986

Autres références

  • CINQUIÈME RÉPUBLIQUE - Les années Mitterrand (1981-1995)

    • Écrit par Pierre BRÉCHON
    • 7 342 mots
    • 7 médias

    L'année 1981 marque un tournant dans l'histoire de la Ve République : la gauche accède au pouvoir après vingt-trois ans dans l'opposition. Elle va utiliser à son profit tous les ressorts d'une Constitution qu'elle rejetait à l'origine, finissant ainsi de légitimer les institutions nées du...

  • ÉLECTION DE FRANÇOIS MITTERRAND

    • Écrit par Olivier COMPAGNON
    • 232 mots
    • 1 média

    Plusieurs fois ministre sous la IVe République, adversaire en son temps du général de Gaulle, battu de justesse en 1974 par Valéry Giscard d'Estaing, le socialiste François Mitterrand est élu à l'Élysée le 10 mai 1981 et permet ainsi à la gauche d'accéder au pouvoir pour la première fois...

  • AFRIQUE (Histoire) - Les décolonisations

    • Écrit par Marc MICHEL
    • 12 424 mots
    • 24 médias
    ...territoire de la Côte-d'Ivoire, déclenchant un engrenage dangereux d'émeutes et d'arrestations. Le désamorçage de la crise, opéré l'année suivante, par François Mitterrand, alors ministre de la France d'outre-mer, et par Félix Houphouët-Boigny, le chef du R.D.A., eut des conséquences considérables....
  • BADINTER ROBERT (1928-2024)

    • Écrit par Laurent WILLEMEZ
    • 1 399 mots
    • 1 média
    C'est à cette époque queFrançois Mitterrand demande à cette personnalité extérieure au Parti socialiste de participer à l'élaboration d'un programme politique sur la justice. Mais Badinter n'était pas neuf en politique : candidat malheureux aux législatives de 1967, il connaissait Mitterrand de...
  • BERD (Banque européenne pour la reconstruction et le développement)

    • Écrit par Marie-France BAUD-BABIC, Olivier MARTY
    • 598 mots

    La BERD (Banque européenne pour la reconstruction et le développement) est une institution internationale qui s'apparente par sa vocation à son illustre ancêtre, la Banque mondiale, à ceci près qu' elle officiait initialement et exclusivement dans les pays de l'Europe centrale et orientale...

  • BÉRÉGOVOY PIERRE (1925-1993)

    • Écrit par Christian SAUVAGE
    • 1 071 mots
    • 1 média

    Homme politique français. Pierre Bérégovoy est né le 23 décembre 1925 à Déville-lès-Rouen (Seine-Maritime). Son père, un « Russe blanc », capitaine du tsar et menchevik, tient un café-épicerie. À cinq ans, l'enfant est confié à sa grand-mère, qui l'éduquera. Bon élève, il obtient le brevet élémentaire...

  • Afficher les 38 références

Voir aussi