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KAIROUAN

Tunisie : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Tunisie : carte administrative

Après la victoire des Arabes sur les Byzantins en 647, Sīdī ‘Uqba ibn Nāfi‘ fonda en 670, à 60 kilomètres de Sousse, Kairouan ou Qayrawān (terme qui signifie place d'armes). C'était un campement permanent, à l'abri des attaques de la flotte byzantine, qui devait servir de base opérationnelle pour lutter contre les Berbères.

Mosquée de Kairouan - crédits : Encyclopædia Universalis France

Mosquée de Kairouan

Importante ville de Tunisie (118 000 hab. en 2004), la cité moderne comporte, comme les autres villes du Maghreb, une kasbah où se trouvent le centre administratif, les résidences des notables locaux et les souks regroupant les activités commerciales et artisanales. Les principales industries sont la fabrication des tapis et des couvertures de laine. La ville, jadis réputée pour le travail du cuir et pour celui du cuivre, fut la capitale musulmane et la résidence des gouverneurs arabes. Occupée par les Berbères en 689, elle connut un siècle de révoltes et de luttes contre les khāridjites. En 772, Yazīd ibn Ḥātim prend possession de Kairouan, rebâtit la Grande Mosquée, fait aménager les souks pour chaque corps de métiers et mérite le surnom de « second fondateur de la ville ». Ibrāhīm ibn Aghlab reconnaît tout d'abord la suzeraineté de Hārūn al-Rashīd puis s'affranchit de Bagdad moyennant un tribut annuel et, à partir de 800, constitue une dynastie indépendante qui se maintiendra un siècle. Sous les Aghlabides, Kairouan connaît son apogée. Pour assurer l'alimentation en eau potable, les princes de cette dynastie, Ziyādat Allāh Ier et Ibrāhīm, font construire châteaux d'eau et citernes dont le bassin des Aghlabides préserve le souvenir. Kairouan est aux ixe et xe siècles un sanctuaire et une grande ville de commerce. C'est aussi une ville de science renommée pour son école de droit malékite et son école de médecine formée par Isḥāq ibn ‘Imrān.

Au milieu du xe siècle, la ville connaît des troubles, et le calife Ismā‘īl al-Manṣūr établit sa résidence à al-Manṣūriya, qu'il avait fait construire à quelque distance de Kairouan. Au début du xie siècle, les Zīrides rompent avec les Fātimides ; ils installent leur résidence à Kairouan en 1048 et reconnaissent la suzeraineté du califat de Bagdad. Les Fātimides déclenchent alors l'invasion hilalienne qui aura de profondes conséquences. Dès lors, le Maghreb tourne le dos à l'Orient. Kairouan, ruinée en 1057, ne se relèvera pas de ce désastre : la décadence s'accentue sous la dynastie berbère des Hafṣides (1228-1574). Maltraitée par les princes de Tunis, la population de Kairouan est en révolte permanente. Depuis la fin du xvie siècle et tout au long du xviie, la région devient l'enjeu des rivalités entre Turcs et Espagnols. En 1702 Ḥusayn ibn ‘Alī, fondateur de la dynastie ḥusaynite, relève Kairouan de ses ruines, restaure l'enceinte et de nombreuses mosquées. Après une nouvelle période de troubles graves au milieu du xviiie, la ville devient, en 1784, « la plus grande ville du royaume après Tunis ». Vivant sous le contrôle étroit des Turcs Ottomans, Kairouan conserve son caractère de ville sainte musulmane où le fanatisme hostile aux chrétiens persiste jusqu'à la fin du xixe siècle. Après la signature du traité du Bardo (1881), Kairouan sera un des foyers de la résistance au protectorat français.

Grande Mosquée de Kairouan - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Grande Mosquée de Kairouan

L'importance du passé de Kairouan est attestée par de nombreux édifices, à commencer par la Grande Mosquée. Sīdī ‘Uqba fit édifier en 670 une des plus grandioses mosquées du monde musulman. Ḥasan ibn Nu‘mān remplace l'édifice primitif par une nouvelle mosquée en 695 ; celle-ci, devenue trop petite, est agrandie en 723 aux frais de Hishām, le calife omeyyade de Damas, qui lui fait donner les dimensions de la mosquée actuelle. Le minaret carré aurait été commencé à ce moment. Construit en brique du côté nord, dans l'axe[...]

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Lyon

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Pour citer cet article

Nikita ELISSÉEFF. KAIROUAN [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Tunisie : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Tunisie : carte administrative

Mosquée de Kairouan - crédits : Encyclopædia Universalis France

Mosquée de Kairouan

Grande Mosquée de Kairouan - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Grande Mosquée de Kairouan

Autres références

  • KAIROUAN CALIFAT FATIMIDE DE (910-969)

    • Écrit par Pascal BURESI
    • 280 mots

    En 910, la dynastie des Aghlabides, qui règne en Ifrīqiya (la Tunisie actuelle) tout en reconnaissant l'autorité nominale du calife abbasside de Bagdad depuis 800, est renversée par un soulèvement des tribus berbères Kutāma, qui proclament ‘Ubayd Allāh seul calife légitime. Ces Berbères...

  • CÉRAMIQUE À REFLETS MÉTALLIQUES - (repères chronologiques)

    • Écrit par Marianne BARRUCAND
    • 427 mots

    773 Un gobelet de verre trouvé à Fustāt (Le Caire) et décoré en lustre métallique est daté de 773.

    Vers 850 Les potiers abbassides commencent, peut-être à Basra, puis à Bagdad et à Samarra, à utiliser la technique de la glaçure à reflets métalliques pour décorer la céramique de...

  • ÉVOLUTION DE LA VILLE ISLAMIQUE

    • Écrit par Janine SOURDEL
    • 3 970 mots
    • 1 média
    ...d'aqueducs monumentaux comme à Istanbul, par le forage de galeries souterraines comme dans les villes d'Iran, par des citernes et bassins comme à Kairouan ou par la proximité directe de grands fleuves comme pour Bagdad et Le Caire. Au même souci était lié le goût que conservèrent longtemps leurs...
  • ISLAM (La civilisation islamique) - L'art et l'architecture

    • Écrit par Marianne BARRUCAND
    • 16 014 mots
    • 18 médias
    ...grands constructeurs : mosquées, villes royales, citernes, aqueducs, ribāts sont conservés ou attestés. Le dispositif en T de la mosquée de Sīdī ‘Oqba à Kairouan est le même que celui de la grande mosquée d'Abū Dulaf à Samarra, mais il est antérieur d'une vingtaine d'années ; il faut peut-être en conclure...
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Voir aussi