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TUNIS

Tunisie : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Tunisie : carte administrative

Avec 2,4 millions d'habitants en 2008 contre 750 000 en 1966, Tunis est passé, entre l'indépendance (1956) et les années 1980, du caractère de ville à celui d'agglomération composée de trente et une communes débordant le strict cadre de la « commune de Tunis ». Puis une aire métropolitaine (appelée « le Grand Tunis » dans les documents réglementaires) s'est constituée, depuis les années 1980, qui correspond à quatre gouvernorats : Tunis, Ariana, Manouba et Ben Arous. À une échelle encore supérieure, une région urbaine est en formation. Elle inclut le Grand Tunis et une couronne d'urbanisation périphérique qui appuie le développement de la capitale. Ses limites vont jusqu'au pôle industrialo-portuaire de Bizerte au nord, à la plaine agricole de Zaghouan au sud et au pôle touristique de Nabeul-Hammamet au sud-est. Les migrations alternantes entre Tunis et Bizerte, la multiplication des résidences secondaires dans le cap Bon, la diffusion des activités industrielles et tertiaires le long des autoroutes sont des indicateurs de ce processus de recomposition territoriale. Toutefois, la capitale représente encore près de 35 p. 100 de la population urbaine du pays, indice d'une forte primauté et héritage de son rôle de capitale politique depuis 1229 à la tête d'un État centralisé.

Le site aquatique de Tunis joue un rôle particulier dans le destin de cette ville. Tout est une question de point de vue : aux yeux des Phéniciens puis des Romains, la lagune constituait un obstacle majeur au développement urbain et valut la fortune de Carthage en situation d'avancée maritime sur la pointe de la presqu'île qui fermait la baie. À l'inverse, elle a été perçue comme un solide rempart pour les Arabes désireux, au début du viiie siècle, de fonder une ville à l'emplacement de la bourgade de Thunes (dont l'existence est attestée par Diodore de Sicile dès le ive siècle avant Jésus-Christ) jugée à l'abri des envahisseurs venus de la mer. En abandonnant Carthage, les Arabes se retirèrent ainsi du front de mer sans renoncer pour autant à toute activité maritime : la Tunis arabe eut très vite son port et son arsenal, qui donnaient sur la lagune et qui étaient reliés au grand large jusqu'au château de la Goulette par un canal creusé en 711. Ce choix détermina fortement l'évolution spatiale de la capitale et fut lourd de conséquences dans le rapport de cette ville avec le monde maritime. La lagune, qui ne cessa de s'envaser au cours des siècles, constitua dès l'origine une véritable coupure entre la ville et la mer. Si, jusqu'à la période de la colonisation, elle fut vécue comme une protection, la lagune est perçue dès le protectorat (1881) comme une contrainte, tout comme la sebkha Sijoumi, un autre écosystème aquatique asséché l'été et situé à l'ouest de la ville arabe.

Tunis, Tunisie - crédits : Mltz/ Shutterstock

Tunis, Tunisie

Ainsi coincé entre ces deux plans d'eau, Tunis a développé une structure en éventail à partir de la médina et de ses faubourgs : pendant l'occupation française, essentiellement à l'est avec la ville européenne en direction de la lagune, et au nord. Depuis l'indépendance, Tunis a continué de s'étaler. Elle est passée de 4 000 hectares en 1956 à près de 30 000 hectares en 2008. L'amplitude spatiale atteint aujourd'hui plus de 50 kilomètres du nord au sud et un certain nombre de déséquilibres territoriaux se sont consolidés au fil des années. Une polarisation résidentielle des classes aisées s'est confirmée au nord avec les extensions d'El Menzah, d'El Manar et d'Ennasr. L'habitat des populations des classes moyennes salariées et des ménages ouvriers reste péricentral ou imbriqué dans le tissu industriel du sud, qui constitue, sur plus de 900 hectares, la plus grande concentration d'usines du pays. Tunis demeure en effet le premier pôle industriel du pays. En outre, la ville joue un rôle[...]

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Écrit par

  • : Maitre de conférence en géographie urbaine et urbanisme à l'université de Nantes

Classification

Pour citer cet article

Pierre-Arnaud BARTHEL. TUNIS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Tunis, Tunisie - crédits : Mltz/ Shutterstock

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Autres références

  • CARTHAGE

    • Écrit par Abdel Majid ENNABLI, Liliane ENNABLI, Universalis, Gilbert-Charles PICARD
    • 9 841 mots
    • 5 médias
    ...s'ensuivit avaient déclenché l'expansion urbaine. C'est alors que cette zone de Carthage, jusque-là périphérique, se rapprocha de la nouvelle capitale, Tunis, et entra dans sa zone d'attraction. Le cardinal Lavigerie avait pris possession de toutes les hauteurs du site pour y édifier des monuments...
  • HAFSIDES

    • Écrit par Robert MANTRAN
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    Au début du xiiie siècle, le Maghreb était encore soumis à la domination unique des souverains almohades du Maroc qui déléguaient une partie de leurs pouvoirs à des gouverneurs. Celui de l'Ifrīqiyya (c'est-à-dire la Tunisie actuelle, l'Algérie orientale et...

  • TUNISIE

    • Écrit par Michel CAMAU, Roger COQUE, Universalis, Jean GANIAGE, Claude LEPELLEY, Robert MANTRAN, Khadija MOHSEN-FINAN
    • 19 981 mots
    • 15 médias
    ...oliviers et arbres fruitiers. Par ailleurs, elle draine la majeure partie des investissements et emplois industriels au profit non seulement des zones de Tunis et de Sfax, les deux principaux centres urbains, mais également de Bizerte (industries lourdes), Sousse (industries de transformation) et Gabès...

Voir aussi