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VAN EYCK (H. et J.)

Les «  primitifs flamands » fascinent toujours, et plus qu'eux tous les deux frères Van Eyck, leurs aînés. On admire l'étonnante minutie d'artistes amoureux de la création, l'éclat et la variété des colorations, la qualité d'une matière picturale qui s'est presque toujours, comme en défiant le temps, admirablement conservée. Mais il faudrait aussi noter la stupéfiante audace de peintres qui abandonnent les élégances et les complications du « style gothique international » pour rechercher l'esprit monumental de formes puissantes, fermement établies dans des espaces rigoureusement construits : la nouveauté du « réalisme » des Van Eyck est à chercher dans cette mise en place de volumes dans une construction spatiale plus que dans une accumulation de détails pittoresques patiemment observés, et c'est bien ce nouvel esprit que l'on peut comparer à celui qui guide, en ce même temps, les grands Florentins.

C'est sur une partie seulement de leur production que l'on jugera de l'art des Van Eyck : de nombreux tableaux, mentionnés dans des textes anciens, ont disparu définitivement. Mais le polyptyque de la cathédrale de Gand, célébré depuis son inauguration comme leur chef-d'œuvre, a été conservé presque intact, et une vingtaine de tableaux, en général de petite taille, parfois bien documentés, dispersés en différents pays d'Europe et aux États-Unis, permettent de comprendre la nouveauté de leur art.

Une biographie imprécise

Bien des incertitudes subsistent sur la carrière et l'œuvre des frères Van Eyck, Hubert et Jan. Le premier surtout reste un artiste énigmatique : on est allé jusqu'à douter de son existence. Des renseignements biographiques plus précis se rapportent à Jan : la date de naissance exacte de celui-ci reste pourtant inconnue. Les historiens s'accordent à la situer dans le Limbourg (Pays-Bas méridionaux), peut-être dans la région de Maastricht, où le nom de Van Eyck est fréquemment cité dans les archives antérieures au xve siècle. On ne sait rien de la date ni du lieu de naissance de Hubert van Eyck, frère de Jan et très probablement son aîné. Les premiers documents attestant l'activité de Jan datent seulement des années 1422-1424 : il est alors employé à La Haye, à la cour de Jean de Bavière, comte de Hollande. À la mort de ce prince (janv. 1425), l'artiste quitte la Hollande pour rejoindre son frère en Flandre ; on sait que Jan est à Bruges en mai 1425, et qu'il entre alors au service du duc de Bourgogne, Philippe le Bon, comme peintre et « valet de chambre », avec un salaire annuel fixe. Dans l'été de la même année, il s'établit à Lille. L'année suivante meurt son frère Hubert.

Pour le compte du duc, Jan mène à bien plusieurs missions : la première (1426) reste mystérieuse ; la seconde (1428-1430) le conduit au Portugal, où il fait partie du groupe de diplomates chargés de demander au roi de Portugal Jean Ier la main de sa fille Isabelle, pour le duc Philippe. L'artiste peint deux portraits de la princesse (aujourd'hui perdus), qui sont envoyés à son futur époux. Fixé désormais à Bruges où il mourra, il achète une maison dans la ville en 1432 ; Jan van Eyck se marie, un fils naît en 1434 ; il signe et date plusieurs tableaux entre 1432 et 1439 et polychrome les statues des comtes et des comtesses de Flandre, tout récemment exécutées pour la façade de l'hôtel de ville de Bruges (1435).

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Écrit par

  • : adjoint au directeur général de l'Institut national d'histoire de l'art

Classification

Pour citer cet article

Jean-Pierre CUZIN. VAN EYCK (H. et J.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

<it>Portrait des époux Arnolfini</it>, J. Van Eyck - crédits :  Bridgeman Images

Portrait des époux Arnolfini, J. Van Eyck

Voir aussi