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VAN EYCK (H. et J.)

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Une technique maîtrisée

L'apport des Van Eyck dans le domaine de la technique est capital. Vasari cite, en 1550, « Jean de Bruges » comme l'inventeur de la peinture à l'huile, et cette affirmation est, depuis, souvent répétée. Il s'agit en fait d'une légende, et Van Eyck ne fit que perfectionner une technique déjà connue, en en tirant toutes les conséquences : sur un panneau, le plus souvent de chêne, revêtu d'une préparation blanche de plâtre et de colle soigneusement polie, les couleurs, mêlées à un médium à l'huile siccative, sont appliquées par couches transparentes successives ( glacis). Cette parfaite maîtrise des moyens techniques du peintre, qui s'émerveille lui-même de ses pouvoirs, lui permet d'accéder à une prise de possession complète du monde sensible et de s'attacher, pour décrire la beauté de la création, au rendu des matières, opposant avec une fascinante vérité, presque tactile, la fourrure et la pierre, le bijou et l'étoffe. Elle est jointe à une maîtrise nouvelle de la perspective linéaire, qui conquiert l'espace avec des architectures scrupuleusement construites en fonction d'un unique « point de fuite », et de la perspective atmosphérique, qui lui permet de traduire les grands espaces. Le fourmillement innombrable de détails toujours intégrés à un ensemble clairement pensé, la chaleur dorée d'une matière picturale fascinante traduisent un tendre respect de l'être humain et désignent la conquête heureuse par le peintre de l'univers visible.

La gloire de Van Eyck gagna vite toute l'Europe. L'étonnant et méticuleux naturalisme de ses tableaux passionna notamment les Italiens, les peintres comme les collectionneurs : Frédéric II d'Urbino, Alphonse d'Aragon, les Médicis possédaient de ses œuvres. Mais c'est en Flandre que la postérité de l'œuvre est surtout intéressante. Si Petrus Christus est le seul artiste qui se révèle son élève direct et son successeur, il faut noter qu'à Bruges les peintres développèrent largement les idées contenues dans les Saintes Conversations et les Vierges au donateur de Van Eyck ; sa Sainte Face trouva un écho dans les créations de Memling, de Metsys et de Van Cleve ; le Seigneur faisant ses comptes avec son fermier (perdu) inspira probablement le Prêteur et sa femme de Metsys (musée du Louvre) et, à travers lui, tout un courant de la peinture flamande du xvie siècle.

— Jean-Pierre CUZIN

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Écrit par

  • : adjoint au directeur général de l'Institut national d'histoire de l'art

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Pour citer cet article

Jean-Pierre CUZIN. VAN EYCK (H. et J.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Média

<it>Portrait des époux Arnolfini</it>, J. Van Eyck - crédits :  Bridgeman Images

Portrait des époux Arnolfini, J. Van Eyck