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VAN EYCK (H. et J.)

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Hubert ou Jan ?

La paternité des œuvres de « Van Eyck » antérieures à 1426 (mort d'Hubert) est très discutée, et l'attribution à Hubert ou à Jan pose des problèmes. On sait, par un témoignage du xvie siècle (Pietro Summonte, 1524), que Jan, dans sa jeunesse, peignit des miniatures. Tout un groupe de miniatures lui est aujourd'hui donné : une série de feuilles de la bibliothèque de Turin, qui faisaient partie d'un livre d' heures du duc de Berry, terminé après la mort de celui-ci, et qui brûlèrent en 1904 dans l'incendie de la bibliothèque ; un autre ensemble (coll. prince Trivulzio, Milan, passé ensuite au Museo civico de Turin), ayant appartenu au même livre et comportant aussi des miniatures « eyckiennes », apparut ensuite. Le problème posé par les « Heures de Turin » est complexe et fort débattu : sept enluminures peuvent être rattachées directement aux Van Eyck. Considérées d'abord par certains comme étant de la main d'Hubert, par d'autres de la main d'un disciple de Jan, on les donne maintenant à Jan, tant sont étroites, sauf dans deux miniatures, qui sont peut-être d'un autre artiste, les correspondances avec ses tableaux attestés. Une datation vers 1422-1424 semble préférable à celle, souvent retenue, d'avant 1420. Quant au tableau Les Trois Marie au Sépulcre (musée Boymansvan Beuningen, Rotterdam), de caractère assez archaïque, qui offre une composition dispersée dans un paysage qui maîtrise mal la perspective, il semble être dû à Hubert.

Un groupe d'œuvres assez cohérent, que de nombreux savants attribuaient à Hubert et qui est aujourd'hui donné à Jan, comprend la Crucifixion et le Jugement dernier du Metropolitan Museum de New York, peut-être volets d'un triptyque dont le panneau central a disparu, la Crucifixion avec la Vierge et saint Jean du musée de Berlin-Dahlem et la ravissante Vierge dans une église du même musée, toutes œuvres précieuses qui fourmillent de détails, très proches des « Heures de Turin ». À ce groupe, qui doit correspondre à la jeunesse de Jan et qui paraît antérieur au retable de l'Agneau mystique, peut aussi être rattaché le Saint François recevant les stigmates (coll. Johnson, Philadelphie ; l'exemplaire plus grand de la galleria Sabauda de Turin paraît une copie très fine et d'excellente qualité, de peu postérieure à Van Eyck).

Le Polyptyque de l'Agneau mystique(installé en 1432 dans la cathédrale Saint-Bavon, Gand), illustre chef-d'œuvre des Van Eyck et œuvre clef de la peinture européenne, garde son mystère. L'immense polyptyque porte, sur sa bordure extérieure, un quatrain en latin expliquant qu'il fut commencé par Hubert « à qui nul n'est réputé supérieur », et achevé par Jan, « son second dans l'art », avec la date du 6 mai 1432. Quelle est la part de chacun des deux frères ? Selon une hypothèse, l'inscription n'est pas originale ; elle serait une reprise, très transformée, d'un premier texte ne mentionnant que le nom de Jan et donnant comme date 1434. Le problème reste entier. Il est possible, comme semble le prouver l'hétérogénéité du retable, que sa conception et son exécution aient eu lieu en plusieurs étapes, ce qui confirmerait que deux peintres aient pu y travailler. Hubert aurait conçu, et exécuté en partie, le panneau central et les trois grandes figures qui le surmontent ; Jan, après la mort de son frère en 1426, aurait terminé ces panneaux et entièrement conçu et exécuté le reste du polyptyque. Le panneau central, qui constitue le cœur de l'œuvre, montre l'Agneau, sur l'autel du sacrifice, répandant son sang dans un calice ; devant lui, une fontaine, symbole de Rédemption (« Fontaine de Vie ») ; tout autour Anges, Apôtres et Prophètes, puis patriarches, martyrs et vierges sont en adoration. Le vaste paysage de prairies fleuries et de bosquets de cette scène centrale se déroule aussi dans les[...]

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Écrit par

  • : adjoint au directeur général de l'Institut national d'histoire de l'art

Classification

Pour citer cet article

Jean-Pierre CUZIN. VAN EYCK (H. et J.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Média

<it>Portrait des époux Arnolfini</it>, J. Van Eyck - crédits :  Bridgeman Images

Portrait des époux Arnolfini, J. Van Eyck