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IMMUNOLOGIE

La notion de système immunitaire

Le fonctionnement et le maintien de l'intégrité (homéostasie) de nombreux systèmes physiologiques vitaux, nerveux, immunitaire, endocrinien, etc., et, plus généralement, des organismes eux-mêmes chez les animaux pluricellulaires (Métazoaires), mettent en jeu des ensembles cellulaires et moléculaires de complexité variable intégrés et régulés. Il s'agit de véritables circuits de communications intercellulaires et d'interactions moléculaires très élaborés et interconnectés au sein de chaque système et entre différents systèmes de l'organisme régis par une dynamique de type cybernétique. Ces réseaux biologiques de transfert d'information impliquent l'émission, la réception, la transmission et l'amplification de signaux de nature physique et (ou) chimique par l'intermédiaire d'une série d'effecteurs cellulaires et de médiateurs moléculaires (transmetteurs), spécifiques et non spécifiques des systèmes concernés.

Dans le cas du système immunitaire (S.I.), les signaux, les effecteurs et les médiateurs impliqués dans son ontogenèse et son fonctionnement sont exclusivement chimiques. L'opérateur fondamental du S.I., ou si l'on préfère l'agent qui en déclenche le programme d'action majeur, c'est-à-dire la réaction immunitaire, est l'entité moléculaire désignée par le terme générique d' antigène dont une définition précise est donnée plus loin. Cette réaction est un processus complexe dont l'étape initiale est la captation (fixation) de l'antigène par des cellules spécialisées capables de le reconnaître sélectivement (sans ambiguïté) grâce à des structures moléculaires appropriées fonctionnant comme des antennes spécifiques de l'antigène à la surface de ces cellules. Cette captation est suivie d'une cascade d'événements impliquant notamment la multiplication des cellules réceptrices et la production par celles-ci d'effecteurs moléculaires (produits de la réaction) dont la propriété est de se combiner spécifiquement avec l'antigène qui en a suscité la synthèse.

La réaction immunitaire permet à l'organisme de reconnaître tout antigène parmi les millions d'antigènes potentiels qui viendrait à pénétrer dans le « milieu intérieur » (au sens de Claude Bernard) et contre lesquels il pourra réagir en vue de préserver son intégrité, en particulier contre l'agression des micro-organismes infectieux ( immunité acquise ou spécifique par opposition à l'immunité naturelle ou non spécifique de l'antigène, cf. infection).

Les effecteurs cellulaires et moléculaires de la réaction immunitaire et de la reconnaissance des antigènes (cf. immunité) sont nettement plus complexes et diversifiés chez les organismes appartenant au subphylum des Vertébrés, tout particulièrement chez les Mammifères, que ceux des autres phylums (embranchements) des Métazoaires.

Chez ces organismes, les cellules qui reconnaissent les antigènes et élaborent les produits de la réaction immunitaire sont constituées par la population de leucocytes mononucléés appelés lymphocytes B et T. Les récepteurs de l'antigène présents à la surface de ces deux types de lymphocytes sont respectivement les immunoglobulines (Ig) et les récepteurs T (TcR pour T cell receptor). Les Ig sont des glycoprotéines, dont la forme soluble sécrétée par des plasmocytes (lymphocytes B différenciées) constitue les anticorps. Les récepteurs T sont constitués par deux chaînes polypeptidiques distinctes (hétérodimères) dont deux variétés α β et γ δ sont connues, étroitement associées à un ensemble d'au moins quatre protéines distinctes constituant le complexe moléculaire CD3 nécessaire au fonctionnement correct des TcR.

Sur le plan fonctionnel de leur interaction avec les récepteurs[...]

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Écrit par

  • : membre titulaire de l'Académie nationale de pharmacie, professeur honoraire à l'Institut Pasteur, Paris, directeur de recherche honoraire au C.N.R.S., professeur à l'Institut Pasteur de Lille
  • : membre de l'Académie de médecine, directeur honoraire de l'Institut de recherche sur le cancer du C.N.R.S, Villejuif, professeur honoraire à l'Institut Pasteur

Classification

Pour citer cet article

Joseph ALOUF et Pierre GRABAR. IMMUNOLOGIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Louis Pasteur - crédits : Wellcome Collection ; CC-BY

Louis Pasteur

Ilia Metchnikov - crédits : Bibliothèque nationale de France

Ilia Metchnikov

Invention de la vaccination - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Invention de la vaccination

Autres références

  • DÉFENSES IMMUNITAIRES - (repères chronologiques)

    • Écrit par Universalis, Didier LAVERGNE
    • 580 mots

    50 Définition de la réaction inflammatoire par le médecin gallo-romain Aulus Cornelius Celsus.

    1798 Démonstration de la possibilité de vaccination contre la variole par Jenner.

    1881Louis Pasteur immunise des moutons contre le charbon à Pouilly-le-Fort.

    1882 Ilia Metchnikov observe la phagocytose...

  • ALLERGIE & HYPERSENSIBILITÉ

    • Écrit par Bernard HALPERN, Georges HALPERN, Salah MECHERI, Jean-Pierre REVILLARD
    • 12 574 mots
    • 2 médias

    La notion d'allergie a trait au phénomène paradoxal de la nocivité de certaines réactions immunitaires. La paternité de ce concept (apparu en 1906) revient au médecin viennois Clemens von Pirquet. Il cherchait notamment à expliquer par cette « réactivité altérée » (traduction des termes grecs réunis...

  • ANIMAUX MODÈLES, biologie

    • Écrit par Gabriel GACHELIN, Emmanuelle SIDOT
    • 9 550 mots
    • 8 médias
    ...différences présentes dans la plupart des molécules qui les composent et peuvent les rendre fonctionnellement différentes d'une espèce à une autre. Ainsi, l'immunologie repose très largement sur les résultats obtenus par étude du système immunitaire des souris. La masse de connaissances acquises peut servir...
  • ANTICORPS ET IMMUNITÉ HUMORALE

    • Écrit par Gabriel GACHELIN
    • 202 mots

    En 1888, à Paris, Émile Roux et Alexandre Yersin démontraient que le pouvoir pathogène du bacille diphtérique était dû à une toxine plutôt qu'à la bactérie elle-même. Cette observation fut rapidement étendue au cas du tétanos. Il fallut deux ans à Emil Von Behring à Berlin...

  • ANTICORPS MONOCLONAUX

    • Écrit par Michel MAUGRAS, Jean-Luc TEILLAUD
    • 2 137 mots

    Les anticorps, ou immunoglobines, sont des protéines sécrétées par une famille de cellules, les lymphocytes, dont la principale propriété est de reconnaître le « non-soi ». Les substances chimiques reconnues comme étrangères, qu'elles soient des associations de molécules ou des molécules, sont...

  • Afficher les 84 références

Voir aussi