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SANTÉ ET ENVIRONNEMENT

Bouleau en fleur - crédits : Katafei/ Shutterstock

Bouleau en fleur

Le préambule de la Constitution de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), adoptée le 22 juillet 1946, définit la santé non pas comme l'absence de maladies mais comme un « état de bien-être total physique, social et mental de la personne ». Cet énoncé a été complété en 1986 par la charte d'Ottawa qui prévoit la mise en place par les États de politiques de soins et qui introduit la place de l'environnement dans la santé humaine. Selon l'OMS, au moins 25 % des maladies pourraient être évitées en agissant sur l'environnement : c'est le cas des maladies diarrhéiques et broncho-pulmonaires, du paludisme et des conséquences de l'exposition à diverses substances, de la pollution de l'air et de l'eau, etc. Cette liste exclut les facteurs socioculturels, les effets à long terme d'expositions non quantifiables et l'impact des catastrophes naturelles. Bien que la notion d'environnement soit imprécise, le lien entre l'environnement et la santé, ou plutôt entre l'environnement et les risques pour la santé, est ainsi nettement affirmé. Il correspond à des situations profondément différentes les unes des autres. Comme l'environnement dans toutes ses acceptions influe sur l'état de santé des humains, il est inutile de chercher à dresser la liste des situations potentiellement à risque. En revanche, on peut examiner le lien entre environnement et santé en tant qu’il se rapporte soit à l'affrontement à la nature soit aux conséquences de l'anthropisation de l’environnement.

L'homme confronté à une nature inquiétante

Le Traité des airs, des eaux et des lieux d'Hippocrate de Cos est certainement l'ouvrage le plus connu de ce médecin grec, texte popularisé en France par la traduction qu'en fit Émile Littré en 1840. On doit à ses considérations sur la physiologie et sur le climat – alors assimilé au régime des eaux et des vents – de placer la maladie hors du champ des dieux, sans pour autant aller jusqu’à définir un lien réel avec l’environnement. Littré en retient prudemment que l'exposition de l'homme à telle ou telle circonstance atmosphérique le rend plus sensible à telle ou telle maladie. Le lien entre la santé et l'environnement acquiert, au début du xixe siècle, une dimension majeure dans laquelle Hippocrate sert plutôt de caution que de maître. Ce néo-hippocratisme s'accommode parfaitement de la théorie des miasmes produits par la putréfaction de matières organiques et dispersés par les vents : l'environnement putride ou pestilentiel est tenu pour être à l'origine des fièvres, telles que la fièvre jaune et le paludisme, mais aussi de nombreuses autres maladies. Le néo-hippocratisme se coule également bien dans la géographie médicale climatique, comme celle que développe Heinrich Berghaus dans les planches médicales de son Physikalischer Atlas publié à partir de 1838, où il associe les maladies aux caractéristiques climatiques des lieux où l'homme réside. Ce lien entre santé et environnement climatique s'enracine lui-même dans les descriptions biogéographiques d'Alexander von Humboldt et d'Aimé Bonpland, tirées de leur voyage en Amérique tropicale et publiées de 1807 à 1834, ainsi que dans les innombrables discussions sur la capacité de l'homme européen à résister aux maladies qu'il rencontre en dehors du climat tempéré qui est son lieu habituel.

Les maladies ne sont pas les mêmes en tous lieux et la réponse des hommes, selon leur origine, n'est pas non plus la même. Ce dernier problème devient crucial en France avec l'occupation de l'Algérie : peut-on s'adapter au climat de ce pays ? L'armée et les colons y sont décimés par les fièvres. Un débat à ce sujet durera tout au long du xixe siècle, avec des recrudescences[...]

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Écrit par

  • : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur

Classification

Pour citer cet article

Gabriel GACHELIN. SANTÉ ET ENVIRONNEMENT [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Bouleau en fleur - crédits : Katafei/ Shutterstock

Bouleau en fleur

Intoxication au mercure, Minamata (Japon) - crédits : W. Eugène Smith/ D.R.

Intoxication au mercure, Minamata (Japon)

Cerf et biches - crédits : M. Gorpenyuk/ Shutterstock

Cerf et biches

Autres références

  • AGRICULTURE BIOLOGIQUE

    • Écrit par Céline CRESSON, Claire LAMINE, Servane PENVERN
    • 7 882 mots
    • 6 médias
    Un des fondements de la gestion sanitaire, des plantes comme des animaux, est de renforcer le système immunitaire et les défenses naturelles des organismes et de l’agroécosystème.
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    • Écrit par Gabriel GACHELIN
    • 2 490 mots
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