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HOHENZOLLERN

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Les souverains de Brandebourg et de Prusse

Il faut remonter jusqu'à Frédéric VI, burgrave de Nuremberg et margrave d'Ansbach depuis 1397. L'empereur Sigismond contracta auprès de lui un emprunt qu'il se trouva bientôt incapable de rembourser. Aussi, le 30 avril 1415, donna-t-il à son créancier la marche de Brandebourg à laquelle était attachée depuis le xiiie siècle la dignité électorale. Frédéric VI devint ainsi Frédéric Ier de Brandebourg. Parmi les souverains qui de 1440 à 1619 se succédèrent à la tête de l'électorat de Prusse, il faut mentionner Jean le Cicéron (1486-1499) qui, le premier, fit de Berlin sa capitale, et Jean-Sigismond (1608-1619), dont le bref règne est marqué par deux acquisitions territoriales : en 1614, au traité de Xanten, des possessions sur le Rhin et en Westphalie ; en 1618 surtout, le duché de Prusse.

Depuis plus d'un siècle les Hohenzollern gouvernaient ce territoire. Un fils de Frédéric l'Ancien, margrave d'Ansbach et de Kulmbach (1460-1536), était devenu en 1511 grand maître de l'ordre Teutonique. Il adhéra à la Réforme, sécularisa ses possessions et devint en 1525 le duc Albert de Prusse. À sa mort (1568), le duché passa à son fils Albert-Frédéric, dégénéré qui fut mis sous la tutelle des Hohenzollern de Brandebourg. En 1618, l'électeur Jean-Sigismond recueillit l'héritage d'Albert-Frédéric, réunissant ainsi Prusse et Brandebourg.

Tels sont les territoires sur lesquels règnent Georges-Guillaume (1619-1640), Frédéric-Guillaume « le Grand Électeur » (1640-1688), le premier grand souverain des Hohenzollern de Berlin. Son fils Frédéric III (1688-1713) obtient de l'empereur le titre de roi en Prusse et se fait couronner solennellement à Königsberg en 1701 sous le nom de Frédéric Ier. Ses successeurs sont reconnus sans contestation comme rois de Prusse : Frédéric-Guillaume Ier surnommé le Roi-Sergent (1713-1740), Frédéric II le Grand (1740-1786), Frédéric-Guillaume II (1786-1797), Frédéric-Guillaume III (1797-1840), Frédéric-Guillaume IV (1840-1861), qui rattache au royaume les principautés souabes, berceau de la famille (1849), et entreprend la reconstruction, en style néogothique, du château de Hohenzollern (1850).

Le 18 janvier 1871 – cent soixante-dix ans jour pour jour après le couronnement de l'Électeur de Brandebourg comme roi en Prusse –, Guillaume Ier (1861-1888) est proclamé, dans la galerie des Glaces du château de Versailles, empereur du Reich allemand reconstitué grâce à la diplomatie de Bismarck et à la victoire des armées allemandes. Ses successeurs, Frédéric III (1888) et Guillaume II (1888-1918), réunissent les deux couronnes, royale et impériale. Pour Guillaume II la première était supérieure par son caractère à la fois héréditaire et religieux, l'autre ne tirant son origine que du consentement des princes allemands. Aussi, ayant abdiqué en tant qu'empereur allemand le 9 novembre 1918, Guillaume II s'imagina-t-il pouvoir conserver le titre de roi de Prusse, auquel il ne renonça que le 28 novembre de la même année.

Cette date marque la fin des Hohenzollern en tant que maison régnante en Allemagne. Guillaume II est mort totalement oublié en Hollande en 1941. Son fils aîné le Kronprinz Guillaume (né en 1882), après avoir été l'espoir des monarchistes allemands de 1919 à 1933, est revenu mourir en 1951 à Hechingen, au pays de ses ancêtres. Un frère du Kronprinz, August-Wilhelm, dit « Auwi » (1887-1949), adhéra au parti nazi. Mais ni leur descendance, ni celle des autres fils de Guillaume II n'ont joué de rôle politique après 1945.

Les pays qu'ils ont dominés ont connu un destin parallèle. Les possessions souabes – Hechingen et Sigmaringen – ont été englobées en 1945 dans la zone française d'occupation. Deux ans plus tard, elles font partie – toujours dans[...]

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Écrit par

  • : maître assistant à la faculté des lettres et sciences humaines de Rouen

Classification

Pour citer cet article

Michel EUDE. HOHENZOLLERN [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • ALBERT DE BRANDEBOURG (1490-1568) premier duc de Prusse (1525-1568)

    • Écrit par
    • 576 mots

    Troisième fils du margrave d'Ansbach en Franconie, Albert de Brandebourg est destiné à une brillante carrière ecclésiastique. Dès l'âge de seize ans, il devient chanoine à Cologne, ce qui ne l'empêche pas de participer en 1508 à une campagne militaire de l'empereur Maximilien en Italie. C'est...

  • ALBERT DE HOHENZOLLERN (1490-1545) électeur de Mayence (1514-1545)

    • Écrit par
    • 317 mots

    Auteur indirect de la Réforme, le prince Albert de Hohenzollern est le type même de l'évêque humaniste et mondain, plus soucieux de politique que de pastorale. Frère de l'Électeur de Brandebourg, il devient, grâce à la politique dynastique qui vise à faire de Magdebourg un apanage...

  • BRANDEBOURG

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    Le Brandebourg (Brandenburg en allemand) est l’un des seize Länder d’Allemagne. Situé au nord-est du pays, à la frontière avec la Pologne. Il comptait environ 2,5 millions d’habitants en 2017. L’originalité du territoire du Brandebourg est qu’il entoure Berlin, la capitale allemande....

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