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DEFFERRE GASTON (1910-1986)

Gaston Defferre est né le 14 septembre 1910 à Marsillargues (Hérault), dans une famille protestante. Son père, avoué, le conduit à choisir des études de droit. Après le lycée de Nîmes, Gaston Defferre s'inscrit à la faculté d'Aix-en-Provence, où il obtient une licence de droit et un diplôme supérieur d'économie politique. Souci d'indépendance ? Il quitte à vingt et un ans sa famille pour Dakar, où il découvre l'outre-mer, qui jouera un rôle important dans sa carrière politique. Deux ans après, il adhère à la S.F.I.O. et mène une existence tranquille d'avocat, que l'on décrit tout à la fois comme « brillant et réservé ».

1941 marque un tournant important dans la vie de Gaston Defferre. Il devient « Élie » ou « Danvers », ses pseudonymes les plus usuels, pour diriger le réseau « Brutus ». Son engagement dans la Résistance est total ; membre du comité exécutif du Parti socialiste clandestin, Gaston Defferre prône la constitution d'un Conseil national de la Résistance. Ses responsabilités sont importantes. La veille de l'arrestation de Jean Moulin, il se trouve au côté du chef de la Résistance dans la région lyonnaise. À Londres, à Alger, il rencontre les dirigeants de la France libre, ceux qui auront en charge les destinées du pays après la Libération.

Comme Jacques Chaban-Delmas à Bordeaux, Gaston Defferre va prendre le contrôle de cette grande capitale régionale qu'est Marseille dès la fin de la guerre. Dans un premier temps, Gaston Defferre s'empare du Petit Provençal. Il s'assure aussi la direction de la fédération S.F.I.O. des Bouches-du-Rhône. Nommé président de la délégation municipale, il devient maire de Marseille en 1944-1945. Mais la ville ne s'abandonne pas si facilement. Elle passe sous le contrôle des communistes et des gaullistes. Et ce n'est qu'en 1953 que Gaston Defferre redevient maire, grâce à une coalition de libéraux et de conservateurs qui voient en lui le « meilleur rempart contre le communisme ». Maire de Marseille jusqu'à sa mort, il ne conservera son fauteuil qu'au prix de combats homériques et d'alliances diverses.

Parallèlement, Gaston Defferre mène une carrière politique nationale brillante. Délégué à l'Assemblée consultative provisoire à la Libération, il siège comme député dans les deux Assemblées constituantes, en 1945-1946. Député socialiste des Bouches-du-Rhône en 1946, il sera constamment réélu jusqu'à sa mort, exception faite de 1958, où la vague gaulliste l'oblige à siéger au Sénat, de 1959 à 1962. Grande figure de la vie parlementaire, il préside pendant dix-neuf ans, de 1962 à 1981, le groupe F.G.D.S., puis socialiste, de l'Assemblée nationale.

Dès 1946, Gaston Defferre connaît les honneurs ministériels. Il est successivement secrétaire d'Etat à la Présidence du Conseil dans l'éphémère gouvernement Félix Gouin, puis sous-secrétaire d'État à la France d'outre-mer dans le cabinet Léon Blum (1946-1947), ministre de la Marine marchande dans les cabinets Pleven et Queuille (1950-1951 et 1951), et enfin ministre de la France d'outre-mer dans le gouvernement issu du Front républicain que dirige Guy Mollet. Gaston Defferre redevient ministre de l'Intérieur et de la Décentralisation en 1981, avant d'être chargé du Plan et de l'Aménagement du territoire (1984-1986).

Que ce soit en 1956 ou en 1981, Gaston Defferre s'attache à faire adopter de grands textes qui modifient en profondeur des situations complexes. En 1956, il élabore l'importante loi-cadre sur l' A.-O.F. (Afrique-Occidentale française) et Madagascar, une loi d'ouverture qui va favoriser la décolonisation. En 1981, il refuse la présidence de l'Assemblée nationale pour s'attaquer, cette fois, à la décentralisation. La tâche lui paraît telle[...]

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Christian SAUVAGE. DEFFERRE GASTON (1910-1986) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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