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BLUM LÉON (1872-1950)

Haï et injurié de son vivant par ses adversaires politiques comme rarement ce fut le cas dans la vie politique française, Léon Blum apparaît aujourd'hui, avec le recul du temps, comme un des acteurs principaux de l'évolution de la France vers la modernité et la justice sociale ; il est aussi à placer parmi les penseurs du socialisme français au xxe siècle.

Venu au socialisme au début du siècle, cet intellectuel marqué par l'affaire Dreyfus, « disciple » de Jaurès, eut la redoutable charge d'incarner le socialisme démocratique alors que les guerres mondiales et les totalitarismes semblaient entraîner l'Europe vers la barbarie. Souvent, les penseurs socialistes ont eu la chance de rester à l'écart des difficultés du pouvoir ; Blum fut contraint d'affronter les responsabilités suprêmes de chef de gouvernement en un moment dramatique, alors que la France était au bord de la guerre civile. Plus tard, prisonnier politique, déporté, il devint « le sage » de la résistance socialiste pendant la Seconde Guerre mondiale. À la fin de sa vie, il dut encore monter au créneau au temps de la guerre froide.

Destinée exemplaire d'un homme auquel on ne manqua jamais de rappeler ses ascendances juives, alors qu'il fut d'abord un intellectuel parisien, soucieux des humbles, fidèle à ses choix de jeunesse, résolu dans l'action, droit sous l'orage.

Le socialiste, conseiller d'État et critique littéraire

Léon Blum est né à Paris dans une famille de commerçants juifs venus d'Alsace. Tout jeune, il se fait remarquer par ses capacités littéraires. Reçu à l'École normale supérieure en 1890, il quitte celle-ci dès 1891 pour commencer une carrière de critique littéraire ; le voici dans un milieu parisien d'auteurs à la mode, lié d'amitié avec Porto-Riche, Gide, Tristan Bernard, fasciné par Barrès, Anatole France, Clemenceau. Ayant également fait des études de droit, il réussit le concours d'entrée au Conseil d'État en 1895. Il y fait une carrière honorable, classique jusqu'en 1919.

Ce jeune haut fonctionnaire, esthète, amateur de sport, bien lancé auprès de jeunes artistes, a été cependant très affecté par l'affaire Dreyfus. Il a défendu Zola, pris le parti des dreyfusards et « dans le sillage de Jaurès » (Jean Lacouture) adhéré au socialisme unitaire, de tendance marxiste, influencé par le bibliothécaire de l'École normale supérieure Lucien Herr. Comme Jaurès, Blum est alors surtout choqué par la misère et l'injustice ; son engagement socialiste se fonde plus sur la morale que sur des schémas théoriques. Toutefois, jusqu'à la guerre, ce socialiste est plus connu comme essayiste de talent (Du mariage, 1907, Stendhal et le beylisme, 1914).

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

René GIRAULT. BLUM LÉON (1872-1950) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Le Front populaire - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Le Front populaire

Léon Blum - crédits : Keystone/ Getty Images

Léon Blum

Autres références

  • CONGRÈS DE TOURS, en bref

    • Écrit par Olivier COMPAGNON
    • 206 mots

    Du 25 au 30 décembre 1920 se tient à Tours le XVIIIe congrès du Parti socialiste unifié, Section française de l'Internationale ouvrière (S.F.I.O.). Il est consacré à la question qui agite le parti depuis le milieu de l'année précédente : l'acceptation ou non des vingt et une conditions...

  • FAURE PAUL (1878-1960)

    • Écrit par Paul CLAUDEL
    • 482 mots

    Né à Périgueux, Paul Faure vient très jeune au socialisme et adhère au Parti ouvrier français de Jules Guesde. Élu à la direction du parti, il y représente la Haute-Vienne, dont la fédération est des plus actives : en 1904, son organe, Le Populaire du Centre, est le seul journal...

  • FRONT POPULAIRE

    • Écrit par Serge BERSTEIN
    • 4 946 mots
    • 1 média
    ...volonté de barrer la route au fascisme. À Paris, les dirigeants nationaux des Partis communiste, socialiste, radical, respectivement Maurice Thorez, Léon Blum et Édouard Daladier, défilent côte à côte. Le succès est tel que le Comité d'organisation de la manifestation se transforme en Comité national...
  • FRONT POPULAIRE, en bref

    • Écrit par Olivier COMPAGNON
    • 203 mots
    • 1 média

    La victoire du Rassemblement populaire aux élections législatives d'avril-mai 1936 est le produit de la coalition antifasciste formée par les socialistes, les communistes et les radicaux, à la suite du 6 février 1934. Des quatre gouvernements de Front populaire qui se succèdent entre juin...

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Voir aussi