Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ÉPIZOOTIES

Une épizootie est une maladie affectant brutalement un grand nombre d'animaux, dans une région donnée. Elle correspond pour l'animal à ce qu'est une épidémie pour l'homme. Cette définition appelle un certain nombre de commentaires, à la fois pour préciser la terminologie analogue en pathologie humaine et pour situer les limites de la notion d'épizootie par rapport à d'autres formes épidémiologiques (cf. Quelques définitions).

Les épizooties peuvent être responsables de pertes économiques considérables : mort d'animaux bien sûr, mais aussi pertes en productions animales (amaigrissement, chute de lactation, de ponte...) et entraves majeures au commerce des animaux, avec fermeture des frontières en cas d'apparition d'une épizootie dans un pays. Pour cette raison, la plupart d'entre elles sont l'objet de mesures de lutte ou de prévention, concertées sur le plan international (cf. 5 Lutte contre les épizooties). À ces pertes économiques s'ajoute parfois le danger pour la santé publique. Fort heureusement, la plupart de ces maladies ne sont pas des zoonoses (c'est-à-dire des maladies animales transmissibles à l'homme), ou bien constituent des zoonoses mineures, comme l'est la fièvre aphteuse. Toutefois, certaines d'entre elles sont très graves cliniquement chez l'homme (ainsi, par exemple, l'encéphalomyélite virale équine de type Venezuela et la maladie due au virus Nipah qui a sévi en Malaisie en 1999 où elle a tué plus de cent personnes et entraîné l'abattage d'un million de porcs), d'où la nécessité de lutter contre les épizooties.

Quelques définitions

Ce qui caractérise l'épizootie comme l'épidémie (tabl. 1) est l'importance de la variation du nombre de sujets atteints au cours du temps, et non le niveau de ce nombre en permanence. La forme la plus pure d'une épizootie se rapproche d'une courbe de Gauss ou courbe en cloche, avec apparition de la maladie (qui n'était pas enregistrée antérieurement dans la région), augmentation importante du nombre de cas (ou de foyers) pendant quelques semaines ou quelques mois, puis diminution progressive du nombre de nouveaux cas et, parfois, disparition de la maladie soit de façon spontanée (elle a atteint la plupart des individus sensibles et ne trouve donc plus de sujets) soit grâce aux mesures de lutte qui ont été appliquées (fig. 1).

Maladies transmissibles : vocabulaire épidémiologique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Maladies transmissibles : vocabulaire épidémiologique

Maladies animales transmissibles - crédits : Encyclopædia Universalis France

Maladies animales transmissibles

Au contraire, l'enzootie (ou l'endémie) est caractérisée par la présence régulière d'une maladie dans une région et des variations limitées de sa fréquence au cours du temps. Dans une enzootie, le nombre de cas nouveaux par unité de temps peut être parfois très faible. À la limite inférieure, la maladie est sporadique si seulement des cas isolés dans le temps apparaissent : il en a été ainsi de l'encéphalopathie spongiforme bovine (E.S.B.) en France où, initialement, chaque cas était séparé de quelques mois du précédent, puis la maladie y est devenue enzootique. Ce nombre de cas peut aussi être relativement mais régulièrement élevé.

La distinction entre l'épizootie et l'enzootie porte donc bien davantage sur la variation du nombre de cas par unité de temps que sur le niveau de fréquence.

La fièvre aphteuse illustre parfaitement la maladie épizootique, avec des flambées considérables (plus de 300 000 foyers en France en 1952). La tuberculose bovine, la brucellose bovine sont des exemples de maladies enzootiques. Ces deux dernières maladies peuvent ne sévir qu'à basse fréquence (ainsi, en France, grâce à plusieurs décennies d'efforts, le taux d'infection des cheptels est devenu très faible, inférieur à 0,1 p. 100), ou, parfois, être très fréquentes (la tuberculose chez les zébus à Madagascar par exemple) : pour ces maladies, les variations de l'incidence (nombre de cas nouveaux par unité de temps) sont[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur émérite, École nationale vétérinaire d'Alfort

Classification

Pour citer cet article

Bernard TOMA. ÉPIZOOTIES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Maladies animales transmissibles - crédits : Encyclopædia Universalis France

Maladies animales transmissibles

Maladies animales contagieuses - crédits : Encyclopædia Universalis France

Maladies animales contagieuses

Maladies animales contagieuses - crédits : Encyclopædia Universalis France

Maladies animales contagieuses

Autres références

  • ANTHROPOLOGIE DES ZOONOSES

    • Écrit par Frédéric KECK, Christos LYNTERIS
    • 3 954 mots
    • 4 médias
    ...l’enzootie, au cours de laquelle la bactérie se diffuse de façon parasitique chez les rats à travers une forme d’équilibre entre le parasite et l’hôte ; l’épizootie, qui se manifeste par des foyers infectieux supposés réguler la population de rats ; et la zoonose, lorsque des humains entrent en contact...
  • AUJESKY MALADIE D'

    • Écrit par Jacqueline VIRAT
    • 406 mots

    Maladie contagieuse, inoculable, la maladie d'Aujesky est due à un virus spécifique qui affecte la plupart des animaux domestiques et quelques animaux sauvages. Sa transmission à l'homme est exceptionnelle.

    Elle a été décrite par Aujesky en 1902. On la trouve en Europe et en Amérique,...

  • BARRIÈRE D'ESPÈCE, épidémiologie

    • Écrit par Jeanne BRUGÈRE-PICOUX
    • 694 mots

    Toute maladie infectieuse résulte d'une contamination microbienne de l'organisme affecté par cette maladie. Ce dogme épidémiologique n'a jamais été mis en défaut depuis les recherches dont Robert Koch et Louis Pasteur ont été les protagonistes.

    La méthodologie scientifique...

  • CATASTROPHES

    • Écrit par Yves GAUTIER
    • 7 372 mots
    • 3 médias
    Pour les épidémies et lesépizooties, les réseaux de surveillance doivent couvrir tous les champs de la santé publique ; ce système de prévision et de prévention constitue la veille sanitaire. En France, depuis le traumatisme de la canicule de 2003 (près de 15 000 morts), l'Institut national...
  • Afficher les 26 références

Voir aussi