Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

MÉDICAL DROIT

Responsabilité civile

Les problèmes de responsabilité médicale soulèvent souvent des discussions passionnées. Une véritable « guerre froide », a-t-on dit en République fédérale, oppose juristes et médecins, ces derniers se plaignant d'être incompris des premiers.

Sur le plan civil, la faute constitue le fondement et, en principe, le critère de la responsabilité du médecin : le médecin qui a commis une faute doit réparer le dommage qui en résulte ; le médecin qui n'en a pas commis n'est pas responsable des résultats vains et fâcheux de son intervention. Partout, on admet que c'est à celui qui se plaint d'une faute médicale qu'il appartient d'en apporter la preuve.

En France, toute erreur de diagnostic ou de traitement est considérée comme une faute, dès lors qu'elle aurait pu être évitée avec plus de science, plus d'attention ou plus de précautions. En principe, les tribunaux appliquent les mêmes critères de jugement à tous les médecins, sans indulgence à l'égard du jeune sans expérience non plus qu'à l'égard du vieux médecin de bourgade. L'importance des intérêts en jeu leur fait exiger de tous des soins « consciencieux, attentifs et conformes aux données acquises (ou actuelles) de la science ». Être spécialiste impose des connaissances particulières, mais ne dispense pas du savoir des généralistes. Le médecin est également responsable de son matériel et de ses préposés. Parfois, lorsqu'il n'est pas possible d'établir avec précision la responsabilité de chacun, celle d'une équipe médicale est retenue. Parfois aussi on admet, contrairement au principe affirmé, qu'un certain résultat du traitement ou de l'intervention est si anormal qu'il prouve qu'une faute a été commise, même si celle-ci ne peut être déterminée.

Si le droit belge semble, dans son aboutissement du moins, très proche du droit français, le droit italien est certainement plus indulgent. De l'article 2236 du Code civil italien tel que l'interprète la Cour de cassation, il résulte que, dans les cas difficiles, le praticien ne répondra que d'une faute grave.

En Europe, c'est en Allemagne fédérale que les tribunaux sont les plus sévères. On exige du médecin qu'il sache tout, qu'il contrôle son diagnostic par tous les moyens possibles, qu'il réponde de ses aides et assistants, même dans la spécialité de ceux-ci et pour chacun de leurs gestes. On présume sa faute si son intervention a entraîné un dommage qui typiquement relève de la faute professionnelle.

L'Angleterre est restée plus fidèle à une notion plus exacte de faute. Les tribunaux attendent du médecin qu'il fasse preuve d'une bonne compétence et d'une habileté raisonnable, non qu'il possède la formation la plus poussée et qu'il soit au courant de toutes les recherches. Cependant, la responsabilité du fait du matériel, des préposés ou de l'équipe se développe.

L'évolution est plus évidente encore aux États-Unis. Depuis les années 1960, les actions en responsabilité, qui se sont multipliées dans des proportions considérables, sont de plus en plus fréquemment accueillies par des juges de plus en plus sévères.

Le domaine médical est même celui où s'est fait le plus vite et le plus vivement ressentir ce qu'on a appelé « la crise » de la responsabilité civile, crise marquée par un accroissement considérable des primes d'assurance ou même le refus d'assurance et, de la part des médecins, une médecine « défensive » multipliant les examens avant d'entreprendre un traitement et allant parfois jusqu'à l'abandon de certaines activités (obstétrique) où les litiges sont trop fréquents.

Dans tous les pays qui viennent d'être considérés, on admet aussi, à partir de données théoriques[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : membre du Comité consultatif national d'éthique
  • : professeur émérite à l'université de Paris-I

Classification

Pour citer cet article

Louis RENÉ et André TUNC. MÉDICAL DROIT [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CHIRURGIE ESTHÉTIQUE

    • Écrit par Pierre NAHON
    • 5 134 mots
    ...La démarche intellectuelle s'est transformée. La demande a été largement encouragée, s'inscrivant dans le cadre d'un phénomène de société et de profit. Au bout d'une vingtaine d'années, devant l'ampleur du phénomène, le Conseil de l'ordre des médecins, l'Académie de médecine et le ...
  • COMITÉS D'ÉTHIQUE BIOMÉDICALE

    • Écrit par Christine FAURE
    • 4 369 mots
    • 3 médias
    En France, cette prolifération et cette diversité ont inquiété. La loi du 20 décembre 1988 sur la protection des personnes qui se prêtent à des recherches biomédicales a légalisé leur rôle et les a dotées d'une personnalité juridique. L'arrêté du 28 septembre 1990 a fixé à quatre-vingt-sept le...
  • EUTHANASIE

    • Écrit par Véronique RACHET-DARFEUILLE
    • 2 956 mots
    La lutte contre la douleur et l'accompagnement du mourant font désormais légalement partie des missions dévolues au médecin : l'article L.1112-4 du Code de la santé publique impose aux établissements de santé de prendre en charge la douleur des patients et d'assurer les soins palliatifs....
  • BIOÉTHIQUE ou ÉTHIQUE BIOMÉDICALE

    • Écrit par Gilbert HOTTOIS
    • 7 796 mots
    • 1 média
    Nous sommes loin de la déontologie et de l’éthique médicales traditionnelles caractérisées par l’autorité paternaliste du médecin, seul juge du bien de son patient dans une perspective naturaliste où le médecin n’est qu’un auxiliaire de la nature. La reconnaissance des « droits du patient » et des demandes...
  • Afficher les 9 références

Voir aussi