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FISCHER-DIESKAU DIETRICH (1925-2012)

Fischer-Dieskau - crédits : Erich Auerbach/ Hulton Archive/ Getty Images

Fischer-Dieskau

Parmi tous les chanteurs qui ont illustré le monde de la musique enregistrée, Dietrich Fischer-Dieskau occupe une place très particulière. Il a su en effet mener une éblouissante carrière lyrique tout en se consacrant avec une inlassable ténacité au renouveau du lied allemand. De surcroît, une insatiable curiosité, une science vocale inégalée et un courage qui n'a pas craint de devancer les modes lui ont ouvert un répertoire immense qui s'étend des compositeurs baroques aux créations du xxe siècle, de la mélodie française aux opéras russes. Le « baryton du siècle », maître styliste des univers les plus divers, nous entraîne à sa suite, au concert comme au disque, dans des aventures esthétiques sans cesse renouvelées.

Naissance d'un révolutionnaire

Dietrich Fischer-Dieskau naît à Berlin le 28 mai 1925. Dès ses seize ans, il travaille sa voix avec Georg A. Walter et mène parallèlement des études universitaires poussées. Admis en 1942 à la Musikhochschule de Berlin, il devient l'élève d'Hermann Weissenborn. Incorporé dans la Wehrmacht en 1943, il termine la guerre dans un camp de prisonniers de l'armée américaine en Italie, où il donne en 1945 un premier récital Schubert. En 1947, il reprend sa formation à la Musikhochschule de Berlin, enregistre pour la première fois – pour la radio – le cycle de lieder Winterreise (« Voyage d'hiver ») de Schubert, et débute en concert, dans Un requiem allemand de Brahms, à Fribourg-en-Brisgau. L'année suivante, il débute à la Städtische Oper de Berlin dans le rôle de Posa (Don Carlo de Verdi) sous la direction de Ferenc Fricsay ; la prestigieuse institution le recrute immédiatement dans l'emploi de premier baryton. En 1949, Fischer-Dieskau épouse la violoncelliste Irmgard Poppen, qui lui donnera trois fils et disparaîtra en 1963 ; il se remariera en 1965 avec la comédienne Ruth Leuwerik, puis, en 1977, avec la soprano Julia Varady. Invité par le festival de Salzbourg en 1951, il y chante les Lieder eines fahrenden Gesellen de Mahler sous la direction de Wilhelm Furtwängler ; cette même année, il débute au festival d'Édimbourg et enregistre son premier récital de lieder avec celui qui deviendra son accompagnateur emblématique, Gerald Moore. En 1952, il chante le cycle Winterreise au festival de Prades devant un Pau Casals profondément impressionné par la perfection de ce jeune talent, et incarne Kurwenal, toujours sous la baguette de Wilhelm Furtwängler et en compagnie de Kirsten Flagstad, Ludwig Suthaus et Josef Greindl, dans le premier enregistrement mondial en studio de Tristan et Isolde de Wagner. Bayreuth ne tarde pas à l'appeler pour lui confier en 1954 le rôle de Wolfram (Tannhäuser, dirigé par André Cluytens) et, en 1956, celui d'Amfortas dans une production de Parsifal demeurée célèbre, avec Ramón Vinay, Martha Mödl et la baguette inspirée de Hans Knappertsbusch. Dietrich Fischer-Dieskau entre en 1957 dans la troupe de la Staatsoper de Vienne, participe en 1961 à la réouverture de la Deutsche Oper de Berlin en chantant le rôle-titre de Don Giovanni de Mozart sous la direction de Ferenc Fricsay. En 1963, il apparaît dans Barak de La Femme sans ombre de Richard Strauss, donné au Nationaltheater de Munich à l'occasion de la réouverture de cette salle prestigieuse, qu'il choisira comme second port d'attache.

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Pour citer cet article

Pierre BRETON. FISCHER-DIESKAU DIETRICH (1925-2012) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Fischer-Dieskau - crédits : Erich Auerbach/ Hulton Archive/ Getty Images

Fischer-Dieskau

Arabella - crédits : Erich Auerbach/ Hulton Archive/ Getty Images

Arabella

Autres références

  • ESCHENBACH CHRISTOPH (1940- )

    • Écrit par Pierre BRETON
    • 977 mots
    • 1 média
    ...son style et la richesse de sa palette sonore, les plus grandes voix de son temps font appel à lui : Matthias Goerne, Peter Schreier, Renée Fleming et Dietrich Fischer-Dieskau. Avec ce dernier, il signe une mémorable intégrale des lieder de Schumann pour voix d’homme (1975-1979). Il crée en 1968 le ...
  • Wozzeck, BERG (Alban)

    • Écrit par Christian MERLIN
    • 833 mots
    Avec Arnold Schönberg, son maître, et Anton von Webern, Alban Berg constitue l'école de Vienne, qui symbolise l'avant-garde musicale du xxe siècle. Des trois, il est le plus lyrique, le plus «romantique». Que ce soit dans son Quatuor à cordes (1911), ses Trois Pièces pour orchestre...