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STAATSOPER DE VIENNE

Au cœur d'une ville entre toutes musicienne, l'Opéra de Vienne a valeur de symbole. Héroïsme, Drame, Fantaisie, Humour, Amour : les cinq allégories de bronze dressées à son fronton résument sa mission théâtrale et son destin. L'actuel bâtiment néo-Renaissance situé sur la Ringstrasse, réplique de l'ancienne Hofoper inaugurée en 1869 sous François-Joseph et détruite par les bombardements de 1945, témoigne de la fidélité des Viennois à leur première scène. Depuis sa réouverture, le 5 novembre 1955, avec Fidelio dirigé par Karl Böhm, cette salle de deux mille places (rebaptisée Staatsoper depuis la Première Guerre mondiale) assure la pérennité lyrique de la capitale autrichienne.

Le passé musical de la monarchie Habsbourg est en effet dans toutes les mémoires. Il suffit de rappeler les fastes du Burgtheater au xviiie siècle, et notamment les créations de Gluck (Orfeo ed Euridice en 1762, Alceste en 1767, Paride ed Elena en 1770), Mozart (Les Noces de Figaro en 1786, la version révisée de Don Giovanni en 1788, Così fan tutte en 1790) et Cimarosa (Il Matrimonio segreto en 1792). S'y ajoutent les productions originales du National Singspiel créé par l'empereur, dont L'Enlèvement au sérail (1782), celles aussi qu'accueillent les scènes des faubourgs tel ce Theater auf der Wieden où fut créée La Flûte enchantée en 1791. Le xixe siècle s'efforcera de ne pas être en reste, qui verra se succéder sur l'une ou l'autre des nombreuses scènes viennoises les créations d'Euryanthe de Weber (Kärntnertortheater, 1823), de Linda di Chamounix (Kärntnertortheater, 1842) et de Maria di Rohan (Kärntnertortheater, 1843) de Donizetti, de Martha de Flotow (Kärntnertortheater, 1847), mais, surtout, les représentations d'opéras de Verdi et de Wagner, ce dernier y dirigeant son Lohengrin en 1861.

Le nouvel opéra, ouvert en 1869 sur le Ring, ce boulevard circulaire creusé à l'emplacement des anciennes fortifications, allait désormais constituer le centre privilégié de la vie lyrique de la ville, à la croisée du Stephansdom, le quartier de la cathédrale, et du palais impérial de la Hofburg. Après le Don Giovanni en allemand donné le 25 mai, son premier directeur, Johann von Herbeck, présenta le 10 mars 1875 la fameuse Königin von Saba de Karl Goldmark en création mondiale, précédant les premières représentations viennoises de la Genoveva de Schumann et d'Aïda de Verdi. Il revint à son successeur, Franz Jauner, mais avec sa participation en tant que directeur musical, de constituer la troupe qui, selon une tradition jamais abandonnée depuis, serait attachée de manière permanente au théâtre. On y relève les noms d'Amalie Materna, première Kundry de Bayreuth, et de Hermann Winkelmann, Theodor Reichmann et Emil Scaria, respectivement créateurs des rôles de Parsifal, Amfortas et Gurnemanz au Festspielhaus, le 26 juillet 1882. À noter encore les noms d'Ernest Van Dyck et de Marie Renard, le couple d'amoureux du Werther de Massenet, donné en première mondiale, et en allemand, le 16 février 1892.

La direction de Gustav Mahler, maître des lieux entre 1897 et 1907, s'inscrit en lettres d'or dans l'histoire de la Hofoper (c'est-à-dire Opéra de cour) de Vienne. D'abord chef d'orchestre, puis administrateur et finalement directeur artistique, le célèbre compositeur, passionné de mise en scène, attaché à la cohérence artistique des spectacles dont il veille, avec son chef décorateur Alfred Roller, à peaufiner l'esthétique visuelle autant que musicale, porte la qualité de ses productions à un degré jusqu'alors non approché. On assiste à des représentations légendaires des œuvres majeures de Mozart, Beethoven ou Verdi, ainsi, bien sûr, que de Wagner, dont le Tristan de 1903 sera repris durant quarante ans dans la régie du génial[...]

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Écrit par

  • : critique musical, agrégé de lettres modernes

Classification

Pour citer cet article

Jean CABOURG. STAATSOPER DE VIENNE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BERRY WALTER (1929-2000)

    • Écrit par Alain PÂRIS
    • 1 149 mots

    Figure emblématique du chant viennois, l'Autrichien Walter Berry est l'un des plus grands barytons-basses mozartiens de la seconde moitié du xxe siècle. Il voit le jour à Vienne le 8 avril 1929 et envisage d'abord une carrière d'ingénieur avant d'entamer en 1946 des études de chant à...

  • BÖHM KARL (1894-1981)

    • Écrit par Alain PÂRIS
    • 1 664 mots
    • 2 médias
    En 1943, Böhm quitte Dresde pour prendre la direction musicale de l'Opéra de Vienne. Il entreprend de restructurer la vénérable maison, mais il ne peut y rester qu'un an : le théâtre ferme ses portes au cours de l'été de 1944 avant d'être détruit par un bombardement le 12 mars 1945.
  • GIELEN MICHAEL (1927-2019)

    • Écrit par Juliette GARRIGUES
    • 1 174 mots

    Profondément engagé dans la vie musicale de son temps, le chef d'orchestre et compositeur Michael Gielen fut l'un des artistes les plus complets de sa génération.

    Michael Andreas Gielen, Autrichien d'origine allemande, naît le 20 juillet 1927 à Dresde ; son père est le scénographe Josef...

  • MAHLER GUSTAV - (repères chronologiques)

    • Écrit par Alain PÂRIS
    • 843 mots
    • 16 médias

    7 juillet 1860 Gustav Mahler naît à Kalischt, en Bohême, dans l'Empire austro-hongrois (aujourd'hui Kaliště, en République tchèque).

    20 novembre 1889 La Première Symphonie « Titan », en majeur, est créée à Budapest, par l'Orchestre philharmonique de Budapest sous...