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MÖDL MARTHA (1912-2001)

Martha Mödl naît le 22 mars 1912 à Nuremberg. Bien que son père soit peintre de talent et collectionneur avisé, la jeune fille ne bénéficie pas d'une éducation artistique précoce. C'est dans une tout autre voie qu'elle se lance dans la vie active, comme... secrétaire et comptable dans une maison de commerce. Elle ne commence ses études musicales, au conservatoire de sa ville natale, qu'à l'âge de vingt-huit ans, en 1940. Malgré des temps peu propices, elle fait de tels progrès qu'elle va se perfectionner à Milan, auprès d'Otto Mueller. Ses débuts datent de 1942, au théâtre municipal de Remscheid, dans Hänsel (Hänsel und Gretel d'Engelbert Humperdinck). Sa tessiture, croit-elle, est celle d'une mezzo-soprano, et c'est dans cet emploi qu'elle apparaît, de 1945 à 1949, à l'Opéra de Düsseldorf. Elle révèle alors une exceptionnelle voix de soprano dramatique au registre extraordinairement étendu. En 1949, la Staatsoper de Hambourg l'appelle ; elle y interprète Kundry (Parsifal), Isolde (Tristan und Isolde) et Brünnhilde (La Walkyrie), s'imposant d'emblée – par la splendeur d'un timbre sombre et sensuel, la pureté de la ligne vocale et l'intensité de l'expression – comme l'une des plus grandes wagnériennes de sa génération.

Wieland Wagner la remarque et l'engage pour l'événement mondial que constitue, en 1951, la renaissance du festival de Bayreuth : elle y est une inoubliable Kundry sous la baguette de Hans Knappertsbusch (aux côtés de Wolfgang Windgassen – Parsifal –, Ludwig Weber – Gurnemanz – et George London – Amfortas), ainsi que la Troisième Norne et Gutrune (Le Crépuscule des dieux) sous la direction alternée de Knappertsbusch et du jeune Herbert von Karajan. Elle va régner sur le haut lieu wagnérien jusqu'en 1967 : elle y incarne une Kundry de référence (1951-1957, 1959, 1960) et marque d'une profonde empreinte le rôle de Brünnhilde dans La Walkyrie (1953-1956, 1958), Siegfried (1953-1956, 1958) et Le Crépuscule des dieux (1953-1956, 1958, 1960) ; elle interprète de nouveau Gutrune en 1952 et en 1954, chante Isolde en 1952, 1953 et 1962, Sieglinde (Siegfried) en 1954 et 1955, en alternance avec Astrid Varnay ; elle interprétera les rôles de mezzo-soprano de Waltraute (Le Crépuscule des dieux) en 1966 et 1967 et de Fricka (La Walkyrie et Le Crépuscule des dieux) en 1967.

En janvier 1952, elle aborde Leonore (Fidelio de Beethoven) avec Karajan à la Scala de Milan et devient membre de l'Opéra de Vienne, où elle reprend ce rôle, le 12 octobre 1953, au Theater an der Wien, avec une distribution de rêve – Windgassen (Florestan), Otto Edelmann (Don Pizarro), Gottlob Frick (Rocco), Sena Jurinac (Marzelline), Rudolf Schock (Jaquino) – sous la direction inspirée de Wilhelm Furtwängler et participe le lendemain, en studio, avec la même équipe, à un enregistrement qui fait toujours référence. C'est dans le même rôle qu'elle s'illustre encore le 5 novembre 1955, pour la réouverture de la Staatsoper de Vienne, sous la direction de Karl Böhm, avec Anton Dermota (Florestan), Paul Schöffler (Don Pizarro), Ludwig Weber (Rocco), Irmgard Seefried (Marzelline) et Waldemar Kmentt (Jaquino).

Elle est accueillie par les plus grandes scènes allemandes et internationales : le Covent Garden de Londres, le Metropolitan Opera de New York, l'Opéra de Paris... Bien que son répertoire soit centré sur Beethoven et Wagner, elle sait cependant s'offrir quelques échappées musicales – dont une mémorable Carmen à Londres en 1949 – et se révélera une verdienne accomplie. Le festival de Salzbourg découvre la splendide straussienne dans Klytämnestra d'Elektra que dirige en 1964 Karajan et qui rassemble autour d'elle Astrid Varnay (Elektra), Eberhard Wächter (Orest) et James King (Aegisth).[...]

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Pierre BRETON. MÖDL MARTHA (1912-2001) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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