Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

DÉNOTATION

Terme qui désigne en linguistique l'ensemble des sens d'un signe, objet d'un consentement entre les usagers d'une langue. Il est emprunté à la logique, où il renvoie à l'extension du concept ; en linguistique, le terme dénotation n'a d'intérêt théorique que dans le couple qu'il forme avec connotation : il représente alors l'hypothèse selon laquelle il existe une communication purement informative à partir de quoi seraient repérables certaines déviations affectives (la ou, plutôt, les connotations). Parfois, « dénotatif » est pris comme synonyme de « référentiel » : c'est dire à quel point on a pu tirer le mot vers une acception étroite, par exemple du genre « qui renvoie à l'existence objective d'une chose définie ». Naturellement surgit alors la question de savoir si « licorne » ou « Jupiter » dénotent quoi que ce soit. On est amené, dans ces conditions, à distinguer entre la dénotation référentielle et la dénotation linguistique : si la seconde ne suppose qu'une insertion dans le système général des signes qui servent de repères à la définition, la première exige que, dans son expérience, le locuteur ait eu contact avec la réalité qu'il désigne. Ainsi, dénotation pourrait s'inclure dans un réseau à trois termes, s'opposant certes à connotation, mais aussi à signification (c'est-à-dire à « connaissance par les signes »). Il ne faut pas perdre de vue, toutefois, que la signification contient aussi les connotations. Mais, tandis qu'avec celles-ci on est d'emblée sur le terrain épineux du sens exact à donner à ce mot, il se fait à propos de dénotation un assez large accord sur des formules dont celle de Miller (Langage et communication) reste la plus achevée : « La relation non causale établie entre un signe et son référent, spécialement lorsque ce dernier est une chose, un fait, une propriété physiques (denotatum). » De fait, on n'a pas, à l'heure actuelle, d'appareil de concepts suffisamment fins pour décider si, somme toute, ce qui l'emporte dans le contenu d'un message, c'est le rapport entre la chose et le signe ou l'attitude du locuteur en face des signes. Choisir le premier, c'est s'exposer, comme les tenants de la « pure » dénotation, à un positivisme qui balaie le sujet : opter pour la seconde, c'est prendre le risque de l'idéalisme, tant qu'aucune formalisation sérieuse n'aura pas permis de clarifier le champ de la rhétorique, qu'on a trop tendance à prendre comme un ornement secondaire du message.

— Robert SCTRICK

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Robert SCTRICK. DÉNOTATION [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • DENOTATION / CONNOTATION, notion de

    • Écrit par Catherine FUCHS
    • 935 mots

    On appelle « dénotation » la capacité que possède un terme lexical de renvoyer potentiellement à une classe d'êtres du monde (personnes, choses, lieux, processus, activités...). Par exemple, un nom comme « maison » dénote toute entité présentant les attributs mentionnés dans la définition...

  • ART (Le discours sur l'art) - Sémiologie de l'art

    • Écrit par Louis MARIN
    • 3 569 mots
    ...que donnent Louis Hjelmslev et Roland Barthes de la connotation et de la sémiologie connotative : le premier système constitue alors le plan de la dénotation (c'est la relation de désignation dans le cas de la peinture « représentative ») et le second système, extensif au premier, le plan de la...
  • CONNOTATION

    • Écrit par Philippe DUBOIS
    • 1 035 mots

    Si c'est en 1933 seulement que Bloomfield introduisit le terme de connotation parmi les concepts de la linguistique scientifique, l'idée même que véhicule ce mot (emprunté à la logique et à la philosophie, non sans modification de sens) était en fait perçue depuis longtemps. Dans...

  • EXPRESSION, philosophie

    • Écrit par Françoise ARMENGAUD
    • 991 mots

    Ensemble de données perceptives offertes par un être à un moment donné du temps et qui fonctionnent comme des signes manifestant, révélant ou trahissant les émotions, les sentiments et les intentions de cet être.

    Les sources historiques du concept d'expression appartiennent à la...

  • EXTENSION & COMPRÉHENSION, logique

    • Écrit par Françoise ARMENGAUD
    • 441 mots

    Distinction introduite par la Logique de Port-Royal et portant sur les idées universelles : « J'appelle compréhension de l'idée les attributs qu'elle enferme en soi, et qu'on ne peut lui ôter sans la détruire, comme la compréhension de l'idée du triangle enferme extension, figure,...

  • Afficher les 9 références

Voir aussi