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CONSTANTIN LE GRAND (285 env.-337)

Défense et organisation de l'Empire

Jusqu'en 300, l' armée resta ce qu'elle était au temps de Gallien. Puis Dioclétien et Constantin la réorganisèrent en recrutant des paysans, des barbares et des fils d'anciens soldats, et en portant de 34 à 68 le nombre des légions, dont l'effectif fut réduit à 1 000 hommes. Constantin rendit définitive une disposition tactique déjà envisagée par son prédécesseur : les frontières furent couvertes par des limitanei, de valeur médiocre, tandis qu'une forte armée d'intervention était composée des meilleures troupes, comitatenses et palatini, à la disposition immédiate du prince. Les premiers furent commandés par les gouverneurs des provinces frontières (praesides), ou des chefs de secteurs (duces) ; les comitatenses par des généraux d'infanterie et de cavalerie (magistri peditum et equitum). Constantin renforça la défense des frontières ( limes), notamment dans la Dobroudja, et introduisit dans l'Empire des barbares, mercenaires, colons dotés de terres, « fédérés » avec leurs chefs propres. Pour affaiblir la poussée des envahisseurs et remettre en culture des terres désertes, il osa même établir à l'intérieur de l'Empire des peuples entiers, tels les Sarmates, installés en 334, au nombre de 300 000, en Thrace, Macédoine, Italie du Nord et Gaule. Il y avait là un danger qui se révéla sous des empereurs plus faibles.

Le fils de Constance fut un guerrier et un grand entraîneur d'hommes, populaire auprès des troupes, les Gaulois surtout. Comme Constance, Constantin et son fils Crispus se consacrèrent successivement, de 293 à 321, à la défense de la Gaule contre les Francs et les Alamans. Trèves fut ainsi pendant longtemps la résidence de l'empereur, qui s'acquit par ses victoires la reconnaissance des Gaules. Sur le Danube, il lutta, à partir de 316, contre les Sarmates, pratiquement éliminés entre 332 et 334, et contre les Goths, qu'il fit massacrer ou bien convertit à l'arianisme grâce à l'action d'Ulfilas, ou qu'il introduisit dans l'Empire en leur concédant des terres. En Orient, les Perses, battus par Dioclétien et Galère en 297, redevinrent dangereux à partir de 325 environ, sous Sapor II, qui persécutait les chrétiens et cherchait une revanche en Mésopotamie et en Arménie. Constantin lui envoya, vers 330, une Lettre célèbre où il s'affirme le protecteur de tous les chrétiens du monde. Des incidents éclatent en 334, et en 337 Constantin prépare une campagne qu'il semble considérer comme une croisade, mais il meurt avant de l'avoir commencée.

Constantin fut soucieux de la majesté impériale, comme il sied à un souverain qui tient de Dieu son pouvoir. Mais les influences hellénistiques, orientales et chrétiennes vinrent dénaturer quelque peu l'héritage d'Hadrien et de Dioclétien, les plus grands de ses prédécesseurs. Sa cour, avec ses chambellans, ses dignitaires titrés et ses eunuques, annonçait celle de Byzance. Le Conseil impérial, devenu le Consistoire sacré, était formé de comites permanents que dirigeait le quaestor sacri palatii. Il avait pour « ministres » le maître des offices, chef de l'administration, de la chancellerie et maître des cérémonies, puis les grands comites financiers (comes sacrarum largitionum et comes rerum privatarum).

Les préfets du prétoire perdirent leurs compétences militaires et devinrent des administrateurs civils, chargés de vastes ressorts, regroupant plusieurs diocèses autour d'une capitale : Constantinople pour l'Orient, Milan pour l'Italie, l'Illyricum et l'Afrique, Trèves pour les Gaules et l'Espagne. Les domaines de leur activité étaient nombreux : maintien de l'ordre, juridiction (sans appel), législation, direction de la poste, des corporations et des marchés, du haut enseignement, entretien des bâtiments publics,[...]

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Grenoble

Classification

Pour citer cet article

Paul PETIT. CONSTANTIN LE GRAND (285 env.-337) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Constantin - crédits : Index/  Bridgeman Images

Constantin

Arc de Galère (détail) - crédits : Brad Hostetler/ FLickr ; CC BY 2.0

Arc de Galère (détail)

Concile de Nicée - crédits : AKG-images

Concile de Nicée

Autres références

  • ASCENSION DE CONSTANTIN - (repères chronologiques)

    • Écrit par Xavier LAPRAY
    • 194 mots

    305 Abdication de Dioclétien, fondateur de la tétrarchie.

    306 Constantin acclamé César en Bretagne ; Maxence prend le titre de princeps à Rome.

    307 Maxence bat Sévère envoyé pour le combattre.

    308 Tentative de remise en ordre de Galère : Constantin confirmé comme César ; Maxence déclaré...

  • TÊTE DE LA STATUE COLOSSALE DE CONSTANTIN (Rome)

    • Écrit par Gilles SAURON
    • 218 mots
    • 1 média

    La basilique construite par Maxence sur la Velia, à proximité du forum, a été dotée par son successeur Constantin d'une statue colossale en marbre pour les parties visibles – tête, mains, pieds – le représentant selon le type du Jupiter assis. La tradition de placer les statues impériales dans les...

  • ANTIQUITÉ - L'Antiquité tardive

    • Écrit par Noël DUVAL
    • 4 261 mots
    • 3 médias
    ...Thessalonique au temps de Galère), en Asie Mineure (Nicée et Nicomédie), en Syrie (Antioche, capitale des rois séleucides, qui demeure une résidence temporaire), Constantin choisit l'ancienne Byzance pour y construire sa ville (Constantinopolis), qui restera la capitale de l'Empire d'Orient. Toutes ces villes...
  • CATACOMBES

    • Écrit par Philippe PERGOLA
    • 2 032 mots
    C'est avec la « paix de l'Église », la reconnaissance officielle du christianisme par l'empereur Constantin et la conversion en masse des habitants de la ville que les catacombes chrétiennes vont connaître un développement étonnant. Avec la paix de l'Église s'est également développé le...
  • CATHOLICISME - Histoire de l'Église catholique des origines au pontificat de Jean-Paul II

    • Écrit par Jean DANIÉLOU, André DUVAL
    • 16 441 mots
    • 10 médias
    La conversion de l'empereur Constantin, en 313, est un événement d'immense conséquence. Hier étrangère à la société, voici que l'Église en devient une des forces vives, lui communiquant ses espérances et transformant ses mœurs. Elle demeure force d'éducation et d'unité lorsque les structures de l'Empire...
  • CÉSAROPAPISME

    • Écrit par Jean GOUILLARD, Michel MESLIN
    • 5 400 mots
    • 2 médias
    ...totalitarisme du régime de la Tétrarchie et les chrétiens (304-312) fut de courte durée, bien que les persécutions, surtout en Orient, aient été violentes. Après une tolérance de fait, très vite, par la volonté de Constantin, une série de mesures accordèrent à l'Église chrétienne une situation privilégiée....
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Voir aussi