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ANTIQUITÉ L'Antiquité tardive

300 à 400. Christianisme - crédits : Encyclopædia Universalis France

300 à 400. Christianisme

L'expression « Antiquité tardive » est d'usage plutôt récent en France alors que le mot Spätantike a été employé par l'historiographie allemande dès le début du xxe siècle pour définir une période, un goût, un style et que l'érudition anglo-saxonne s'est intéressée de tout temps (l'historien Gibbon au xviiie siècle) à cette transition : les objets de la période sont groupés depuis le xixe siècle dans des sections spéciales des musées anglais et américains. La notion reste encore chronologiquement ambiguë, mais, en général, on considère qu'elle couvre la période allant des réformes tétrarchiques (fin du iiie siècle) – peut-être même depuis la fin de la dernière grande dynastie impériale, celle des Sévères (milieu du iiie siècle) – jusqu'à la « Renaissance carolingienne », qui recrée au début du viiie siècle un empire unitaire en Occident.

En France, il s'agit d'une mutation fondamentale par rapport à la tradition qui, depuis la fondation de l'École des chartes au xixe siècle, faisait débuter le Moyen Âge à la division définitive des empires romains d'Occident et d'Orient, à la mort de Théodose, en 395 : les médiévistes n'admettaient pas que les institutions et l'art des royaumes mérovingiens puissent prolonger pour l'essentiel la tradition antique. En fait, les peuples germaniques (ou Avars et Slaves en Orient) étaient relativement peu nombreux, n'avaient pas de langue de culture, d'architecture adaptée à des établissements fixes, de tradition administrative nécessaire à des états structurés, et ils ont adopté assez rapidement la langue et l'écriture (le latin ou le grec ou la transcription « cyrillique » des langues slaves, issue du grec), la civilisation, la religion (le christianisme, mais souvent l'hérésie arienne qui dominait parmi les missionnaires œuvrant en Europe centrale) et les cadres institutionnels des pays conquis dont ils ont employé les fonctionnaires et les artistes. La plupart de ces peuples étaient du reste de longue date en rapport avec l'Empire qui avait recruté chez eux une bonne partie de son armée et qui avait établi à ses frontières, moyennant un certain nombre de prestations, des tribus entières liées à l'État romain par des traités (fœderati).

Institutions et société

Porte Noire à Trèves, Allemagne - crédits :  Bridgeman Images

Porte Noire à Trèves, Allemagne

L'Empire, sans connaître de mutation brutale, se transforme à partir du iiie siècle. Certes, l'unité du « monde romain » (orbis romanus) subsiste en principe jusqu'à l'époque de Justinien, au vie siècle (les Byzantins garderont toujours le nom de Romaioi), mais, en pratique, l'Empire connaît des divisions, dues soit à des usurpations (cas des Empires « gaulois » et « palmyrénien » au iiie siècle), soit aux institutions (tentative de « tétrarchie », avec deux Augustes assistés de deux Césars, sous Dioclétien en 293), soit à des partages dynastiques (entre les fils de Constantin, puis – coupure définitive – entre les fils de Théodose à la fin du ive siècle). Ces divisions étaient inévitables face à la multiplication des menaces extérieures et intérieures, malgré le système perfectionné de communications (cursus publicus). Il en est résulté un déplacement des centres du pouvoir. Déjà, aux iie et iiie siècles, les empereurs avaient été souvent obligés d'établir leur état-major près des frontières, dans des centres comme Trèves pour l'armée du Rhin, Sirmium pour celle du Danube, Antioche pour celle de Syrie. Désormais, Rome reste l'Urbs, la Ville par excellence, mais elle n'est plus qu'à l'occasion résidence impériale. Les capitales occidentales sont Trèves puis Arles – plus éloignée de la menace germanique –, Milan et, à la fin du ive siècle, Ravenne – protégée par ses marécages et dotée d'un port[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-IV (archéologie de l'Antiquité tardive), directeur du Centre de recherche du C.N.R.S. Lenain-de-Tillemont (Antiquité tardive et christianisme ancien)

Classification

Pour citer cet article

Noël DUVAL. ANTIQUITÉ - L'Antiquité tardive [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

300 à 400. Christianisme - crédits : Encyclopædia Universalis France

300 à 400. Christianisme

Porte Noire à Trèves, Allemagne - crédits :  Bridgeman Images

Porte Noire à Trèves, Allemagne

Jeunes filles s'exerçant aux jeux, dites <it>Jeunes Filles en bikini</it> - crédits :  Bridgeman Images

Jeunes filles s'exerçant aux jeux, dites Jeunes Filles en bikini

Autres références

  • CABINET DE CURIOSITÉS ou WUNDERKAMMER

    • Écrit par Myriam MARRACHE-GOURAUD
    • 4 018 mots
    • 3 médias
    ...des traités et les connaissances livresques. C’est là une orientation majeure de la science de la Renaissance que de confronter les savoirs hérités de l’Antiquité à l’expérience, puis de relire les textes à la lumière des objets. Cette méthode a été initiée par les humanistes curieux d’histoire...
  • L'ANTIQUITÉ RÊVÉE. INNOVATIONS ET RÉSISTANCES AU XVIIIe SIÈCLE (exposition)

    • Écrit par Robert FOHR
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    C'est une exposition remarquable que le musée du Louvre a offerte à son public avec L'Antiquité rêvée. Innovations et résistances au XVIIIe siècle (2 décembre 2010-14 février 2011). À travers un choix de plus de cent cinquante œuvres majeures, l'ambition était d'illustrer la naissance...

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    Dans l’Antiquité, la relation entre prostitution et citoyenneté prédomine. Cette dernière repose sur l’autonomie intellectuelle et corporelle de la personne, tandis que la prostitution est considérée comme une soumission au plaisir d’autrui. Ainsi, le citoyen qui se prostitue, assimilé alors à...
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