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CHALCÉDOINE CONCILE DE (451)

Convoqué en 451 par l'empereur Marcien à Chalcédoine (aujourd'hui Kadiköy), sur la rive asiatique du Bosphore, en face de Byzance, ce concile ne réunit que des participants orientaux, à l'exception de deux légats romains et de deux évêques africains exilés. Mais, à cause de son œuvre doctrinale, confirmée d'ailleurs par le pape saint Léon et rapidement reçue en Occident, ce synode est considéré comme le quatrième Concile œcuménique, aussi bien par le protestantisme classique que par l'orthodoxie et le catholicisme. L'ensemble des chrétiens tient ainsi pour normatives les décisions d'un concile oriental lorsqu'il s'agit d'exprimer l'identité originale de Jésus-Christ, à la fois fils de Dieu et fils de Marie. De cette reconnaissance du Christ comme vrai Dieu et vrai homme découle pour eux l'obligation de respecter à la fois toute la vérité des réalités humaines et toute la vérité divine.

L'union hypostatique

La définition de Chalcédoine peut se résumer en quelques expressions techniques : le Christ est une personne, mais il possède deux natures unies entre elles « sans confusion ni changement, sans division ni séparation » ; les propriétés de chacune de ces natures restent sauves, mais appartiennent à une seule personne ou hypostase. Cette définition permet au croyant d'affirmer, sans contradiction, que Jésus-Christ est véritablement à la fois son Dieu et son frère, et par là même son Sauveur ; de saisir aussi que Dieu, tout en devenant homme, ne cesse pourtant pas un instant d'être Dieu. Ce résultat n'a pu être acquis qu'au terme d'une difficile clarification des concepts de nature et de personne dont la tradition philosophique occidentale tirera profit.

Recueillant l'héritage des conciles précédents, Chalcédoine constitue une étape décisive dans l'élaboration du dogme chrétien. Sa définition reprend d'abord celle des conciles œcuméniques de Nicée et de Constantinople, qu'elle déclare être des exposés suffisants de la foi dans le Christ. Mais elle ajoute aussitôt que les nouvelles erreurs de Nestorius et d' Eutychès doivent être formellement répudiées – c'était la volonté expresse de l'empereur. Ainsi, après avoir renouvelé la condamnation du nestorianisme (selon lequel il existe deux personnes dans le Christ) portée par le concile d'Éphèse (431), Chalcédoine exclut l'erreur inverse du monophysisme d'Eutychès (une seule nature dans le Christ) qui risque d'absorber l'humanité du Christ dans sa divinité. Désormais, la christologie atteint un équilibre qui synthétise aussi l'apport des traditions théologiques d'Alexandrie, d'Antioche et de l'Occident.

Deux siècles de résurgences monophysites n'ébranleront plus cet équilibre, bien qu'ils aient marqué de façon décisive le destin religieux du Proche-Orient.

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Écrit par

  • : professeur honoraire à l'Institut catholique de Paris

Classification

Pour citer cet article

Hervé LEGRAND. CHALCÉDOINE CONCILE DE (451) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CONCILE

    • Écrit par Bernard DUPUY
    • 5 666 mots
    • 2 médias
    Chalcédoine (451), convoqué par l'empereur Marcien contre Dioscore d'Alexandrie et les monophysites. Le pape était Léon Ier le Grand. En dix-sept sessions, du 8 octobre au 1er novembre 451, les Pères définirent qu'il y a deux natures dans l'unique personne du Sauveur et votèrent...
  • CONSTANTINOPLE IIe CONCILE DE (553)

    • Écrit par Pierre Thomas CAMELOT
    • 1 324 mots

    L'histoire compliquée du IIeconcile de Constantinople est à situer dans la suite des querelles, théologiques et politiques, qui s'élevèrent en Orient après le concile de Chalcédoine (451). Celui-ci avait défini l'existence dans le Christ de deux natures, humaine et divine. Des partisans...

  • CONSTANTINOPLE IIIe CONCILE DE (680-681)

    • Écrit par Pierre Thomas CAMELOT
    • 872 mots

    Concile ayant mis fin à la querelle monothélite, qui avait commencé au début du viie siècle. Le monothélisme était une résurgence du monophysisme, lequel, contrairement à la doctrine définie à Chalcédoine et réaffirmée au IIe concile de Constantinople, tenait qu'il n'y a en Jésus-Christ...

  • COPTES

    • Écrit par Pierre DU BOURGUET, Hervé LEGRAND
    • 6 969 mots
    • 2 médias
    ...l'arrière-pays copte. Le monachisme chrétien y naquit à la fin du iiie siècle, exerçant une influence décisive sur l'Église du pays. Cependant le concile de Chalcédoine fut encore plus décisif pour son histoire : par fidélité au vocabulaire de saint Cyrille, l'Église copte combattit les nouvelles...
  • Afficher les 10 références

Voir aussi