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CINÉMA (Aspects généraux) Les techniques du cinéma

Trucages, effets spéciaux

Georges Méliès, illusionniste du cinéma - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Georges Méliès, illusionniste du cinéma

C'est Georges Méliès qui inventa le premier trucage. Et comme cela arrive souvent, ce fut par hasard : « Veut-on savoir comment me vint la première idée d'appliquer le truc au cinématographe ? Bien simplement, ma foi. Un blocage de l'appareil dont je me servais au début (appareil rudimentaire dans lequel la pellicule se déchirait ou s'accrochait souvent et refusait d'avancer) produisit un effet inattendu, un jour que je photographiais prosaïquement la place de l'Opéra ; une minute fut nécessaire pour débloquer la pellicule et remettre l'appareil en marche. Pendant cette minute, les passants, omnibus, voitures, avaient changé de place, bien entendu. En projetant la bande, ressoudée au point où s'était produite la rupture, je vis subitement un omnibus Madeleine-Bastille changé en corbillard et des hommes changés en femmes. Le truc par substitution, dit truc à arrêt, était trouvé... » (G. Méliès, Revue du cinéma, 15 octobre 1929).

Les trucages furent donc à l'origine obtenus par la caméra. Aujourd'hui, on distingue trois moyens de réaliser des trucages ou effets spéciaux : caméra, décor et laboratoire.

Les effets spéciaux de caméra sont : l'arrêt de caméra ou substitution, la marche arrière, l'accéléré et le ralenti, le tournage « vue par vue ».

Les effets spéciaux de décor n'ont cessé de se perfectionner depuis Méliès, qui en a inventé un grand nombre. Ce sont les maquettes, fixes ou animées, les procédés optiques permettant de mêler dans la même image une scène réelle et un décor (maquette ou photographie).

Parmi ceux-ci on distingue le procédé Shuftan. On filme sur un miroir dont plusieurs parties ont été désargentées. Le miroir renvoie l'image d'une photographie ou d'une maquette. À travers la partie transparente du miroir, on filme les acteurs de la scène. Une variante de ce procédé a été mise au point avec succès par Rossellini dans La Prise du pouvoir par Louis XIV (on y voit construire le château de Versailles, avec le chantier de l'Orangerie au premier plan d'une vue du château actuel). Le pictograph et le simplifilm sont d'autres procédés utilisant des lentilles à la place du miroir.

D'autre part, il y a ce qu'on appelle les fonds photographiques. Par agrandissement géant ou par projection, on obtient un fond de décor à partir d'une photo (paysage vu par une fenêtre ou une porte). Ce décor est dit une découverte. Son emploi est limité puisqu'il est rigoureusement immobile. C'est pourquoi on lui substitue souvent les fonds cinématographiques. Par projection d'un film à l'arrière-plan d'une scène en studio, on peut, par exemple, voir le paysage défilant derrière la fenêtre d'un train en marche ou d'une auto. On appelle ce procédé une transparence. Son emploi est délicat parce qu'il est à peu près impossible d'accorder l'éclairage de la scène en studio et celui du décor généralement filmé en lumière du jour.

Enfin on utilise les caches de caméra. On peut faire jouer le même acte deux fois dans la même image en cachant la moitié de l'image (cache à bords nets ou à bords flous). On peut aussi déformer une partie de l'image. Mais ces effets sont aujourd'hui plus souvent obtenus au laboratoire qu'à la prise de vues.

Les effets spéciaux de laboratoire sont la truca et le banc-titre. La truca est une machine qui sert à tirer les films en réalisant un très grand nombre d'effets spéciaux : d'abord la plupart de ceux qui étaient obtenus autrefois à la caméra (accélérés, marche arrière). Les trucages les plus courants obtenus à la truca sont surtout les artifices de transition : surimpression (deux images se superposant) ; fondu enchaîné (une image s'efface pendant qu'une autre apparaît) ; ouverture en fondu (à partir[...]

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Écrit par

  • : directeur technique à la Commission supérieure technique du cinéma
  • : cinéaste diplômé d'État (E.N.P.C.), lycée Louis-Lumière, directeur de la photographie et conseiller technique pour le cinéma, lauréat de la Société d'encouragement pour la recherche et l'invention, expert judiciaire
  • : docteur ès lettres, professeur à l'université de Paris-V-René-Descartes, critique de cinéma
  • : ingénieur diplômé de l'École supérieure d'électricité, ingénieur en chef du département télévision de la société Thomson-C.S.F.
  • : opérateur prises de vues, enseignant à l'École nationale supérieure Louis-Lumière professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne homme de lettres

Classification

Pour citer cet article

Michel BAPTISTE, Pierre BRARD, Jean COLLET, Michel FAVREAU et Tony GAUTHIER. CINÉMA (Aspects généraux) - Les techniques du cinéma [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Cinéma parlant: premières tentatives - crédits : Collection des appareils/ Cinémathèque française

Cinéma parlant: premières tentatives

Cinéma: la musique du muet - crédits : Bettmann/ Getty Images

Cinéma: la musique du muet

Jeux d'optique et illusion de mouvement - crédits : Encyclopædia Universalis France

Jeux d'optique et illusion de mouvement

Autres références

  • ACTEUR

    • Écrit par Dominique PAQUET
    • 6 815 mots
    • 2 médias
    Aux débuts du cinéma, l'acteur ne paraît pas un instant différent de l'acteur de théâtre. Car ce sont les mêmes qui, dans les premiers films de Méliès, interprètent les textes classiques. De même, dans le cinéma expressionniste, la technique de monstration et de dévoilement de l'expression appartient...
  • AFRICAINS CINÉMAS

    • Écrit par Jean-Louis COMOLLI
    • 1 131 mots

    L'histoire des cinémas africains se sépare difficilement de celle de la décolonisation. Il y eut d'abord des films de Blancs tournés en Afrique. Puis, à partir des années soixante, les nouveaux États africains ont été confrontés au problème de savoir quel rôle, quelle orientation, quels...

  • ALLEMAND CINÉMA

    • Écrit par Pierre GRAS, Daniel SAUVAGET
    • 10 274 mots
    • 7 médias

    Le cinéaste Volker Schlöndorff a suggéré que l'histoire du cinéma allemand était faite d'une série de ruptures esthétiques mais aussi d'une grande continuité dans le domaine de l'industrie cinématographique. L'alternance entre les phases les plus inventives, comme celles des années 1918-1933, voire...

  • AMENGUAL BARTHÉLEMY (1919-2005)

    • Écrit par Suzanne LIANDRAT-GUIGUES
    • 758 mots

    L'œuvre d'écrivain de cinéma de Barthélemy Amengual est considérable, autant par sa quantité (une douzaine d'ouvrages et une multitude d'articles) que par l'acuité de son propos. Comparable aux meilleurs analystes français de sa génération (tels André Bazin ou Henri...

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Voir aussi