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HUYGENS CHRISTIAAN (1629-1695)

Voyages et maturité

Constantijn Huygens désirait pour ses fils le complément de formation et l'ouverture d'esprit que donnent les séjours à l'étranger, et ses relations dans le milieu de la diplomatie lui donnaient des moyens puissants. Christiaan en profita à trois reprises (1655, 1660-1661, 1663-1664) et combla les vœux paternels.

En 1655, il n'arrivait pas à Paris les mains vides : il avait publié un petit traité remarquable sur la quadrature du cercle, et il était le premier à avoir observé un satellite de Saturne (Titan), grâce à la lunette construite à La Haye. Mais le milieu parisien lui apprit beaucoup. Il vit longuement Gassendi, l'astronome Ismaël Boulliau, le mathématicien Gilles Personne de Roberval. Il repartit informé sur les travaux de Girard Desargues, de Pascal et de Fermat, notamment sur les problèmes récents relatifs aux jeux de hasard.

C'est à ces problèmes qu'il s'appliqua à son tour avec succès, publiant un traité latin en 1657, Tractatus de ratiociniis in aleae ludo, puis sa traduction hollandaise en 1660. Il fit profiter de sa réflexion sur les mathématiques l'édition latine que F. van Schooten préparait de la Géométrie de Descartes. Mais c'est dans le domaine de l'astronomie et de la mécanique qu'il fit, au retour de son premier voyage, le travail le plus fécond.

Il construisit une nouvelle lunette qui lui permit d'observer la rotation de Saturne sur lui-même et l'« anneau » dont cet astre est entouré. En conjuguant l'expérience avec l'imagination, il étudia le pendule conique et le pendule oscillant entre deux lames courbes ; en ce qui concerne ce dernier, il parvint à démontrer que des lames en forme de cycloïde assurent l'isochronisme rigoureux des oscillations. Il mit au point sa théorie du choc des corps et sa démonstration de la loi de la chute, grâce à l'emploi systématique du principe de relativité.

<it>Présentation des membres de l’Académie des sciences par Colbert à Louis XIV</it>, Henri Testelin, d’après Charles Le brun - crédits :  Fine Art Images/ Heritage Images/ Getty Images

Présentation des membres de l’Académie des sciences par Colbert à Louis XIV, Henri Testelin, d’après Charles Le brun

En l'accueillant pour la deuxième fois en 1660, Paris savait son mérite, mais Huygens y compléta ses contacts avec les savants français et y fut présenté au roi. Londres ne voulut pas être en reste ; au cours d'un bref séjour, en 1661, il vit les principaux savants et on lui facilita l'observation du passage de Mercure devant le disque du Soleil.

De juin 1661 à avril 1663, Huygens travailla à nouveau à La Haye, à partir de la moisson faite à l'étranger ; en mathématiques sur les logarithmes hyperboliques, en physique sur la mesure du temps, les tons de la musique et la division tempérée de la gamme, la machine pneumatique dont il avait vu un exemplaire chez Robert Boyle. Il construisit un oculaire remarquable et découvrit un phénomène curieux ; ce phénomène, qui consiste dans le succès de l'expérience du tube de Torricelli lorsqu'on l'effectue dans le vide de la machine pneumatique avec un liquide qui y a préalablement séjourné, mettait en évidence l'insuffisance de la théorie de l'équilibre de la colonne barométrique et la nécessité d'avancer dans l'analyse de la constitution de la matière à l'échelle microscopique.

Le troisième voyage mit le savant aux prises avec des préoccupations plus terre à terre. Tandis que les essais d'utilisation en mer des horloges de Huygens lui créaient des difficultés financières avec la Royal Society à Londres, Colbert le comblait en France en mettant à sa disposition des moyens importants. Aussi revint-il à La Haye en juin 1664, à la fois préoccupé de mettre au point ses horloges marines, d'assurer la protection légale de son invention et davantage orienté vers la France.

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études

Classification

Pour citer cet article

Pierre COSTABEL. HUYGENS CHRISTIAAN (1629-1695) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

<it>Présentation des membres de l’Académie des sciences par Colbert à Louis XIV</it>, Henri Testelin, d’après Charles Le brun - crédits :  Fine Art Images/ Heritage Images/ Getty Images

Présentation des membres de l’Académie des sciences par Colbert à Louis XIV, Henri Testelin, d’après Charles Le brun

Autres références

  • HOROLOGIUM OSCILLATORIUM (C. Huygens) - Fiche de lecture

    • Écrit par Bruno JACOMY
    • 867 mots
    • 1 média

    Christiaan Huygens (1629-1695) est un savant internationalement reconnu lorsque paraît son ouvrage Horologiumoscillatorium. Publié à Paris en 1673, celui-ci traite de la régularité des oscillations d’un pendule, condition essentielle pour rendre les horloges plus précises, d’où son titre complet :...

  • HUYGENS ÉTABLIT LA NATURE DES ANNEAUX DE SATURNE

    • Écrit par James LEQUEUX
    • 361 mots

    En juillet 1610, Galilée observe avec une de ses lunettes de mystérieux appendices de part et d'autre de Saturne, appendices dont l'aspect change au cours du temps. Bénéficiant d'une meilleure lunette que Galilée, le Hollandais Christiaan Huygens va établir qu'il s'agit en fait...

  • THÉORIE ONDULATOIRE DE LA LUMIÈRE

    • Écrit par Bernard PIRE
    • 114 mots

    L'astronome et physicien hollandais Christiaan Huygens (1629-1695), après de multiples travaux en mécanique et en astronomie, élabore à partir de 1678 et publie en 1690 une théorie ondulatoire de la lumière qui permet d'interpréter les lois de la réflexion et de la réfraction des rayons...

  • ARS CONJECTANDI, Jacob Bernoulli

    • Écrit par Bernard PIRE
    • 377 mots

    Le traité Ars conjectandi (« Art de la conjecture ») est l'ouvrage le plus important du mathématicien suisse Jacob Bernoulli (1654-1705). Écrit de 1684 à 1689 lorsque Bernoulli enseigne la mécanique à l'université de Bâle, cet ouvrage resté incomplet fut publié en 1713, huit ans après la mort de l'auteur....

  • ASSURANCE - Histoire et droit de l'assurance

    • Écrit par Jean-Pierre AUDINOT, Universalis, Jacques GARNIER
    • 7 490 mots
    • 1 média
    ...Méré, découvre les bases du calcul des probabilités et la loi des grands nombres (La Géométrie du hasard, 1654). Trois ans plus tard, le Hollandais Christiaan Huygens retrouve les calculs de Pascal et fait paraître, en 1657, Le Tractatus de ratioriniis in aleae ludo (Traité de calcul dans les jeux...
  • AUZOUT ADRIEN (1622-1691)

    • Écrit par Robert M. MCKEON
    • 1 461 mots

    L'œuvre d'Auzout ne peut être pleinement appréciée que lorsqu'on a compris le problème posé par la découverte de la lunette astronomique. Dès la fin du xvie siècle, Tycho Brahe avait établi des normes de précision pour les observations faites à l'œil nu au moyen de pinnules. Lorsqu'en...

  • CALCUL INFINITÉSIMAL - Histoire

    • Écrit par René TATON
    • 11 465 mots
    • 3 médias
    ...caractéristique et affirma, aux termes près, que l'intégration est l'inverse de la différentiation. Enfin, une dernière influence doit être signalée, celle de Huygens, esprit universel, doté à la fois d'une remarquable faculté d'invention, d'un goût très sûr pour la technique et d'un sens affiné de l'élégance...
  • Afficher les 18 références

Voir aussi