CHIMIE Histoire
Le développement de la chimie au XXe siècle
Au cours du xxe siècle, la chimie a connu un développement tout à fait remarquable, à la fois quantitatif et qualitatif, qui l'a profondément transformée.
Au début du siècle, des procédés de synthèse des grands intermédiaires, tels que l'ammoniac, l'acide nitrique, le méthanol, ont été portés à l'échelle industrielle (aux alentours de 1913). Par la suite, on a vu naître et se développer de nombreux produits nouveaux : les engrais synthétiques, qui sont apparus à la fin de la Première Guerre mondiale, ou encore les matières plastiques et les produits de la chimie thérapeutique, qui ont connu un essor considérable à partir des années 1940. Dans le domaine des métaux, le développement de la métallurgie classique s'est poursuivi, mais parallèlement ont été élaborés de nouveaux alliages, et certains métaux dits « exotiques » (titane, zirconium, hafnium...) ont été de plus en plus utilisés. C'est également au cours de la seconde moitié du xxe siècle qu'ont été mises au point les différentes méthodes de traitement de produits pétroliers, méthodes qui ont bouleversé toute la chimie industrielle classique.
Ces divers produits et procédés n'ont pu voir le jour que grâce à l'amélioration des connaissances fondamentales de la matière et de ses transformations. L'originalité de la chimie moderne tient en effet aux fortes relations qui existent entre les progrès de la science chimique et ceux de ses applications.
La chimie a longtemps été scindée en chimie générale, chimie minérale et chimie organique. Si cette division a un intérêt historique certain, elle recouvrait difficilement la réalité à la fin du xxe siècle. Au fur et à mesure qu'elle se généralise, la chimie devient plus complexe : il apparaît des interactions et des recoupements entre les disciplines énumérées ci-dessus. Aussi, préférons-nous, pour le xxe siècle, adopter une classification regroupant les différents travaux en fonction des concepts et des méthodes d'investigation auxquels ils font appel, et s'articulant en quatre principaux chapitres : chimie moléculaire et biologique, chimie des matériaux, chimie des interfaces, outils et méthodes pour la chimie ; et ce, sans oublier les interactions avec les secteurs socio-économiques.
La chimie moléculaire et la biochimie
La chimie organique traditionnelle s'est fortement élargie et s'étend aussi bien aux molécules biologiques complexes qu'aux molécules inorganiques ou aux macromolécules. Elle crée des édifices plus ou moins complexes et explique leurs propriétés. Outre les composés organiques classiques, on prépare et on étudie des molécules dans lesquelles le squelette organique est lié à des atomes métalliques (tels que les composés organométalliques), des molécules formées d'associations entre un ligand organique et des cations métalliques (complexes de coordination), ainsi que des édifices totalement inorganiques comme de petits agrégats d'atomes métalliques ou clusters (fig. 1). On s'oriente aussi vers l'élaboration d'une chimie supramoléculaire, fondée non plus sur des liaisons covalentes classiques, mais sur des interactions diverses entre molécules ; c'est ainsi qu'ont été créées des structures tridimensionnelles préconçues pour fonctionner comme des récepteurs capables de reconnaître et d'emboîter un substrat donné : les cryptates (photo).
Au début du xxe siècle, la chimie organique industrielle utilisait le charbon comme source de matières premières carbonées. Tout a changé avec l'essor de l'exploitation pétrolière qui a donné naissance à la pétroléochimie. Des molécules de base, telles que le méthane, l'éthylène, le propylène, le benzène, etc., sont issues de fractions pétrolières et[...]
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Écrit par
- Élisabeth GORDON : ingénieur chimiste au C.N.R.S.
- Jacques GUILLERME : chargé de recherche au C.N.R.S.
- Raymond MAUREL : professeur de chimie à l'université de Poitiers, directeur scientifique du secteur chimie au C.N.R.S.
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