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CATHARES

Liturgie, hiérarchie, morale

D'un commun accord et à l'exemple des hérésiarques antérieurs, les cathares contestent la valeur des sacrements : le baptême d'eau, sans valeur, donné même aux enfants ; l'eucharistie, dépourvue de présence christique. Mais, quotidiennement, ils fractionnent le pain, qu'ils bénissent et distribuent aux assistants. Toutefois, les Albanenses refusent de bénir cet élément matériel. Tous condamnent le mariage, la procréation issue de la matière mauvaise qui, en proliférant, perpétue le mal. Ils accordent un certain crédit à la pénitence, qu'ils font d'ailleurs, selon Sacconi, sans repentance – ce que dément le rituel –, sans aveu particulier des fautes, ni satisfaction et, de ce fait, pour l'inquisiteur, sans grand effet. Ils pratiquent surtout le « service », ou apparelhamentum, aveu mensuel des fautes vénielles, confession générale des parfaits. En présence de l'officiant, qui tient le livre des Évangiles devant sa poitrine, l'un d'entre eux, au nom de tous inclinés à terre, prie en ces termes : « Nous venons, devant Dieu et devant vous, confesser nos fautes, parce que nous avons beaucoup péché en parole, en acte et en pensée... » La contrition leur est inconnue, prétend l'hérésiologue, et ils n'implorent jamais le secours des anges, le patronage de la Vierge ou des saints et ne se signent point. D'autre part, ils observent le jeûne, l'abstinence, font trois carêmes par an, proscrivent le serment, l'homicide.

Le seul sacrement valable est le consolamentum, fixé par un rituel et qui, à travers l'espace et le temps, n'a subi aucune altération. C'est le baptême de l'Esprit, que le postulant reçoit par une double imposition des mains et de l'Évangile, après un temps d'ascèse, critère de sa vocation, et avec le consentement de la communauté. Cérémonie liturgique, le baptême cathare permet aux fidèles de gravir les degrés de la hiérarchie : il est aussi le sacrement de l'ordre.

L'Église cathare se compose d'abord, au plus bas échelon, de sympathisants, dans le milieu desquels se recrutent les vrais adeptes, c'est-à-dire les croyants. D'après les normes du rituel, ceux-ci ne sont acceptés qu'après les épreuves probatoires et le consensus des profès ou ordines. Au début, on leur livrait en premier le Pater, au cours d'une cérémonie liturgique. Généralement, ces croyants, joints aux sympathisants, se groupent en communautés religieuses et constituent l'auditoire naturel des prédicants. Ils ne sont soumis à aucune règle de vie. De leurs rangs surgiront, en temps d'épreuves, les guides (ductores) et les envoyés ou messagers (nuncii) des hérésiarques persécutés.

Les plus résolus d'entre eux s'engagent ensuite dans la voie qui mène au rang des «  parfaits » et sollicitent le baptême. Ils s'y préparent pendant un an, s'astreignent à des périodes de jeûne et ne sont admis à recevoir le consolamentum que sur un nouvel avis et avec l'approbation des ordines : ce sont, en quelque sorte, des catéchumènes. L'élu n'est accepté qu'avec le consentement de la communauté, et tout candidat marié doit, auparavant, briser le lien du mariage avec l'assentiment de son conjoint.

Au jour fixé, en présence de l'assemblée, l'évêque lui remet le livre des Évangiles, qu'il garde en main au début de la cérémonie. Le prélat l'interroge d'abord sur sa volonté de recevoir le baptême spirituel de Jésus-Christ et le pardon de ses péchés, grâce aux prières des « bons chrétiens », avec l'imposition des mains, et de le conserver toute la vie avec chasteté et humilité. À la suite de sa réponse affirmative, l'officiant l'instruit de la doctrine et de ses devoirs : chasteté, vérité, humilité, obéissance ; engagement[...]

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Pour citer cet article

Christine THOUZELLIER. CATHARES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Églises cathares aux XII<sup>e</sup> et XIII<sup>e</sup> siècles - crédits : Encyclopædia Universalis France

Églises cathares aux XIIe et XIIIe siècles

Cathares expulsés de Carcassonne, 1209 - crédits : British Library/ AKG-images

Cathares expulsés de Carcassonne, 1209

Autres références

  • ALBIGEOIS (CROISADE CONTRE LES)

    • Écrit par Jacques LE GOFF
    • 4 152 mots
    • 2 médias

    Le terme « albigeois » a servi, dès le milieu du xiie siècle, à désigner les hérétiques du Languedoc, bien que l'Albigeois ne paraisse pas, aux yeux des historiens modernes (qui ont continué à user de cette appellation devenue traditionnelle), avoir été le principal foyer de l' ...

  • CROISADE CONTRE LES ALBIGEOIS - (repères chronologiques)

    • Écrit par Laurent ALBARET
    • 747 mots

    1145 Le cistercien Bernard de Clairvaux organise une mission de prédication à Toulouse et dans l'Albigeois. Il découvre à Verfeil une dissidence religieuse qui revendique une filiation apostolique et rejette les sacrements de l'Église. Il la nomme l'hérésie des « albigeois »....

  • DOMINIQUE saint (1170 env.-1221)

    • Écrit par Sebastian BULLOUGH
    • 826 mots

    Fondateur de l'ordre des Frères prêcheurs (Dominicains), Domingo de Guzmán est né vers 1170 à Caleruega (Castille), dans une famille noble. Il étudie la théologie à Palencia. Vers 1196, il entre comme chanoine dans le chapitre du diocèse d'Osma, dont il devient le sous-prieur quelques années plus tard....

  • LANGUEDOC, histoire

    • Écrit par Jean SENTOU
    • 2 166 mots
    • 1 média
    ...troubadours et les sculptures romanes (Saint-Sernin de Toulouse et abbaye de Moissac). Alors naît une civilisation languedocienne vraiment originale, avec le développement du catharisme, religion populaire, ignorant le latin, s'efforçant de retrouver la pureté de l'Église primitive avec la vie exemplaire des...
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