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BERNARD DE CLAIRVAUX (1090-1153)

Personnage le plus célèbre de l'ordre de Cîteaux, Bernard fut aussi l'une des individualités les plus marquantes de l'histoire de l'Église médiévale et l'un des hommes les plus actifs et les plus importants du xiie siècle.

Origines, formation et personnalité

Bernard est né à Fontaine, localité proche de Dijon. Son père, Tescelin, était de la famille des seigneurs de Châtillon-sur-Seine ; il tenait la petite seigneurie de Fontaine ainsi que des terres autour d'Alésia et de Montbard, et d'autres dans la vallée de la Laigues et au confluent de l'Aube et de l'Anjou. Sa mère, Alette, était la fille du seigneur de Montbard, dont les domaines, assez vastes, s'étendaient sur une partie des plateaux sis entre l'Armançon et la Seine. Bernard est donc issu d'une famille de moyenne noblesse, apparentée ou alliée à de puissantes maisons.

Il subit profondément dans son enfance l'influence de sa mère, femme d'une très haute vertu. On le confia, pour ses premières études, aux chanoines de l'école de SaintVorles, près de Châtillon. Il y acquit une solide pratique du latin, mais il n'apprécia pas la culture littéraire et profane qu'on essayait de lui donner. À l'âge de seize ou dix-sept ans, il perdit sa mère et en fut très vivement affecté. Il mena alors pendant quelques années une vie mondaine, comme pouvait le faire un jeune noble du temps. Il déclara plus tard qu'il avait eu de mauvaises fréquentations, mais il faut voir dans cet aveu le scrupule d'une âme excessivement exigeante. Car, en fait, tout en ayant une existence laïque, il semble bien qu'il songea très tôt à se retirer du monde. En avril 1112, il prit sa décision et vint se faire moine à Cîteaux, abbaye créée en 1098 au sud de Dijon et qui voulait retourner à l'ascèse monastique la plus rude. Il y entraîna avec lui trente compagnons, parents ou amis. Il apparut aussitôt comme un élément particulièrement dynamique, si bien qu'en 1115, il fut envoyé, avec quelques moines, pour fonder l'abbaye de Clairvaux, aux bords de l'Aube, non loin de Troyes, sur une terre donnée par le comte de Champagne. Il resta abbé de Clairvaux jusqu'à sa mort, ce qui ne l'empêcha pas de jouer un rôle éminent hors de son monastère et de son ordre.

Personnage d'une très réelle sainteté, recherchant par amour du Christ la mortification la plus dure, Bernard fit preuve, sa vie durant, d'une activité inlassable. Sa sensibilité très vive – elle explique ses plus beaux élans spirituels et permet de découvrir en lui une sorte de sensualité mystique – le conduisit, en quelques occasions, à des attitudes raides et même violentes. L'âme nourrie des leçons et des allégories de l'Écriture, spécialement de l'Ancien Testament, il fut un orateur vibrant, aussi bien pour instruire ses moines de Clairvaux que pour émouvoir et entraîner les foules. Conservateur, quasi « intégriste », ne parvenant pas toujours à bien saisir le sens véritable des mutations de son époque – marquée justement par une profonde transformation de l'économie, de la société et du pouvoir politique –, il fut, en outre, un écrivain fécond, au style alerte et coloré. Ses principales œuvres, en dehors de sa correspondance et de ses sermons (parmi lesquels ceux sur le Cantique des cantiques adressés à ses moines, exerceront une grande influence sur la mystique médiévale), furent le De gradibus humilitatis, l'Apologia ad Guillelmum abbatem, le De diligendo Deo, le De gratia et libero arbitrio, le De laude novae militiae, le De praecepto et dispensatione, la Vita S. Malachiae et le De consideratione.

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Classification

Pour citer cet article

Marie-Madeleine DAVY et Marcel PACAUT. BERNARD DE CLAIRVAUX (1090-1153) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CISTERCIENS

    • Écrit par Marie-Madeleine DAVY, Placide DESEILLE, Anselme DIMIER
    • 8 650 mots
    • 5 médias
    ...pauvreté, silence, travail manuel, tels seront les éléments principaux de la création cistercienne. Cîteaux (de cistels, roseaux) sera fondé en Bourgogne : Bernard (dit de Clairvaux, car il sera l'organisateur de ce monastère) vint en 1111, accompagné de plusieurs de ses frères, de cousins et d'amis, rejoindre...
  • CLOÎTRES

    • Écrit par Léon PRESSOUYRE
    • 5 514 mots
    • 3 médias
    ...ou gravées constituent l'un des plus anciens exemples, et le premier conservé, d'une de ces somptueuses créations clunisiennes contre lesquelles saint Bernard n'allait pas tarder à s'élever. Les rapports de l'art du cloître de Moissac avec celui des plus anciens chapiteaux du cloître de la Daurade à ...
  • CROISADE CONTRE LES ALBIGEOIS - (repères chronologiques)

    • Écrit par Laurent ALBARET
    • 747 mots

    1145 Le cistercien Bernard de Clairvaux organise une mission de prédication à Toulouse et dans l'Albigeois. Il découvre à Verfeil une dissidence religieuse qui revendique une filiation apostolique et rejette les sacrements de l'Église. Il la nomme l'hérésie des « albigeois »....

  • CROISADES

    • Écrit par Universalis, Jean RICHARD
    • 8 155 mots
    • 3 médias
    ...de la prédication : on connaît mal les conditions dans lesquelles cette désignation intervint lors des deux premières croisades, mais on sait que saint Bernard reçut une mission du pape Eugène III et chargea plusieurs cisterciens de prêcher la croisade en 1147 ; un prédicateur qui s'était attribué lui-même...
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Voir aussi