BURGONDES
Sans doute originaires de Scandinavie, si l'on en croit les données linguistiques et toponymiques, les Burgondes (du latin Burgundiones) apparaissent dans l'histoire au ier siècle de notre ère. Ils sont alors établis sur les rives polonaises de la mer Baltique où ils séjourneront jusqu'au iiie siècle, avant d'entreprendre une nouvelle migration vers le sud-ouest, qui les conduira aux frontières du monde romain. Associés à une autre « nation » germanique, celle des Alamans, les Burgondes tenteront en vain, peu après 260, de forcer le limes des champs Décumates, ligne fortifiée grâce à laquelle l'autorité romaine avait pu réduire la saillie délimitée par le Rhin et le Danube supérieurs, qui avait été longtemps un coin enfoncé dans l'Empire. Cet échec stabilisera pour un siècle et demi les Burgondes, installés entre les monts de Thuringe et le Jura souabe où ils seront en contact avec la civilisation romaine toute proche. Lors de la grande invasion de 406, provoquée par l'arrivée des Huns en Occident, ils profitent des troubles pour pénétrer dans l'Empire et constituer sur le Rhin moyen un royaume dont la capitale fut peut-être Worms. Cette mainmise sur des terres d'Empire fut entérinée par Rome sur la base d'un traité (foedus) qui faisait de ce peuple germanique son allié militaire (foederati = fédérés). Ce royaume, assez mal connu, fut éphémère car les Huns l'anéantirent en 436 à la demande du « maître de la milice », le Romain Aetius, qui craignait une expansion territoriale burgonde vers la Belgique : le souvenir de ces événements, au cours desquels une partie de la famille royale (dont le roi Guntiarius) et de l'aristocratie burgondes périt, est à l'origine de la célèbre légende des Nibelungen. Les survivants furent « déplacés » vers le sud et fixés en Sapaudia (Suisse romande et Jura français) où un nouveau foedus leur fut accordé en 443, leur donnant pour mission de contenir la poussée alémanique. La renaissance de la nation burgonde fut rapide et spectaculaire. Après avoir servi loyalement l'autorité romaine (luttes contre les Huns, puis contre les Suèves d'Espagne), les Burgondes, forts de leur puissance militaire, entreprirent une remarquable expansion territoriale, leur royaume s'étendant à la fin du ve siècle du plateau de Langres à la Durance et du Massif central aux Alpes, avec Lyon et Genève pour capitales. Bien qu'ayant connu une brillante civilisation germano-romaine, ce nouveau royaume burgonde ne put résister longtemps à la poussée franque et il s'effondra militairement en 533-534, après quatre-vingt-dix ans seulement d'existence. Les causes de cet échec sont multiples, la plus importante ayant été sans doute le fait que les Burgondes demeurèrent une minorité qui, de plus, était adepte de l'arianisme (depuis le ve siècle, à l'époque du royaume de Worms). Des luttes fratricides au sein de la famille royale, notamment quand certains de ses membres se convertirent au christianisme, favorisèrent également les projets des fils de Clovis. Désormais, l'histoire du peuple burgonde, passé sous la domination franque, allait se confondre pour un siècle avec celle de la Gaule mérovingienne.
Les données archéologiques
L'art burgonde, comme celui des autres peuples barbares, nous est révélé par une archéologie qui demeure encore funéraire pour l'essentiel. Pendant longtemps, on a eu tendance à qualifier de « burgondes » tous les témoins archéologiques d'époque mérovingienne découverts à l'intérieur des limites du second royaume burgonde, sans tenir compte ni de la croissance territoriale progressive de ce royaume ni de la chronologie des trouvailles concernées. Depuis les années soixante-dix, on est beaucoup plus nuancé. Malgré des fouilles de plus en plus nombreuses et précises, on doit reconnaître que[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Patrick PÉRIN : directeur du musée des Antiquités nationales, Saint-Germain-en-Laye
Classification
Pour citer cet article
Patrick PÉRIN, « BURGONDES », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :
Médias

400 à 500. Royaumes barbares
Encyclopædia Universalis France
400 à 500. Royaumes barbares
Grandes Invasions. Division de l'Empire romain. Création de royaumes barbares en Chine.
Au Ve siècle,…
Encyclopædia Universalis France
Autres références
-
BOURGOGNE DUCHÉ DE
- Écrit par Universalis, Jean RICHARD
- 3 580 mots
- 6 médias
L' histoire du duché de Bourgogne commence avec l'apparition d'une principauté territoriale qui ne trouvera son expression définitive qu'à la fin du ixe siècle. Avant cette époque, on assiste cependant à des tentatives en vue de faire et de défaire une entité politique se prévalant... -
CLODOMIR (495 ou 496-524) roi franc (511-524)
- Écrit par Universalis
- 200 mots
Deuxième fils de Clovis et de Clotilde.
Lorsque le royaume de son père fut partagé en quatre en 511, Clodomir reçut les territoires situés dans l'ouest et le centre de la France actuelle, avec Orléans pour capitale. Cette partie du royaume franc, longeant l'axe de la Loire, était la seule des quatre...
-
CLOTAIRE Ier (entre 497 et 500-561) roi de Neustrie (511-558) et roi des Francs (558-561)
- Écrit par Universalis
- 301 mots
-
CLOTILDE sainte (morte en 544 ou 545)
- Écrit par Universalis
- 269 mots
Épouse du roi des Francs Clovis Ier, sainte Clotilde joua un grand rôle dans la conversion de son mari au christianisme. Elle est la petite-fille du roi des Burgondes Gondioc, lequel, relié aux rois Wisigoths, partage leur arianisme. À la mort de ce dernier, le royaume est divisé entre ses quatre...
- Afficher les 12 références
Voir aussi