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BOURBONS

La plus célèbre des maisons souveraines ne fut pendant longtemps que l'une des multiples branches du tronc capétien ; la mort sans héritier mâle des trois derniers Valois devait pourtant donner la couronne aux Bourbons à la fin du xvie siècle. Leurs règnes allaient coïncider, au xviie siècle et au début du xviiie, avec l'apogée de la monarchie absolue et la prépondérance française en Europe. Ils s'identifient également avec le triomphe d'une civilisation française que les hommes de l'époque ne pouvaient concevoir indépendamment de la personne du souverain. Le xviiie siècle, s'il connaît l'affaiblissement de la monarchie absolue, est aussi le temps où la famille de Bourbon occupe les trônes de France, d'Espagne, de Parme et des Deux-Siciles, étendant la puissance de cette maison des Philippines à l'Italie et de l'Inde au Canada.

La maison de Bourbon avant 1589

Appartenant, pour parler comme les historiens anciens, aux « rois de France de la troisième race », la dernière des familles royales françaises est issue de Robert de Clermont, sixième fils de Saint Louis et de Marguerite de Provence. Il vécut de 1256 à 1317 et épousa Béatrice, fille unique d'Agnès de Bourbon et de Jean de Bourgogne, seigneur de Charolais. Par ce mariage, il acquit la seigneurie de Bourbon que Charles le Bel érigea en duché pour Louis Ier de Bourbon en 1327.

Louis II de Bourbon (1337-1410) fut fidèle au roi de France pendant la captivité de Jean le Bon en Angleterre. Son mariage avec Anne d'Auvergne en 1371 accrut les possessions de la famille du comté de Clermont-en-Auvergne, du Forez et de la seigneurie de Mercœur. Son fils Jean Ier (1381-1434), chef du parti armagnac, fut l'un des prisonniers de marque que firent les Anglais à Azincourt. Marie de Berry lui avait apporté en dot le duché d'Auvergne et le comté de Montpensier. Jean II (1426-1488), moins dévoué au souverain, participa à la Ligue du bien public et à la Guerre folle. Il mourut sans héritier mâle, mais une branche de Bourbon-la-Marche était sortie du tronc principal. Elle venait de Jacques Ier, troisième fils de Louis Ier duc de Bourbon, qui avait échangé en 1327 le comté de la Marche contre celui de Clermont-en-Beauvaisis. Jacques Ier eut plusieurs enfants, dont Jean Ier de Bourbon, comte de la Marche et de Vendôme (mort en 1393), qui laissa Louis de Bourbon (mort en 1446), époux de Jeanne de Laval. Ces derniers eurent pour fils Jean II de Bourbon-Vendôme (1429-1477) qui épousa Isabelle de Beauveau.

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Au milieu du xve siècle, la maison de Bourbon était donc divisée en trois branches : la branche ducale qui tenait les duchés de Bourbon et d'Auvergne, les comtés de Clermont-en-Beauvaisis, Forez, Beaujolais, la seigneurie de Château-Chinon et, hors le royaume, les Dombes. La branche de Montpensier avait, outre la terre dont elle portait le nom, le dauphiné d'Auvergne et le comté de Sancerre. La branche de Vendôme possédait le comté de Vendôme et la principauté de La Roche-sur-Yon.

De Jean II naquit François de Bourbon, comte de Vendôme, de Marle, de Saint-Paul, de Soissons, vicomte de Meaux (1470-1495), époux de Marie de Luxembourg et père de Charles de Bourbon (1489-1537). Celui-ci, comte puis duc de Vendôme, épousa en mai 1513 Françoise d'Alençon, veuve de François Ier d'Orléans, duc de Longueville.

Ils eurent treize enfants, parmi lesquels le quatrième, Antoine (1518-1562), épousa en 1548 Jeanne d'Albret, reine de Navarre, Charles (1523-1590), frère d'Antoine et cardinal-archevêque de Rouen, fut proclamé roi par la Ligue, sous le nom de Charles X, pour faire pièce à son parent Henri de Navarre.

La trahison du connétable

Charles de Bourbon, comte de Vendôme, avait été élevé à la pairie en février 1515 et, pour son attachement à la Couronne, François Ier l'avait nommé lieutenant général à Paris. La maison de Bourbon allait souffrir quelques années plus tard de la trahison de son chef, le connétable de Bourbon (1490-1527). Après la mort de celui-ci devant Rome, le duc de Vendôme devint le plus proche parent de la famille royale, le premier prince du sang. Mais il n'hérita pas des grands domaines du connétable qui avait réuni les terres de la branche ducale et de la branche de Bourbon-Montpensier : duchés de Bourbonnais, d'Auvergne, comtés de Clermont-en-Beauvaisis, de Montpensier, de Forez, de Beaujolais, de la Marche, de Gien, dauphiné d'Auvergne, vicomtés de Carlat, Châtellereault, Murat, seigneurie de Mercœur, principauté de Dombes, etc. Confisqués en 1523 au moment où le connétable fit défection, ces biens allaient être partagés à sa mort entre le roi, sa mère Louise de Savoie, la duchesse de Lorraine et la famille des princes de La Roche-sur-Yon.

En revanche, les domaines de la branche de Bourbon-Vendôme allaient s'accroître considérablement par le mariage d'Antoine de Bourbon avec Jeanne d'Albret le 2 octobre 1548.

L'ascension de la maison de Navarre

En 1484, la maison d'Albret avait acquis le royaume de Navarre par le mariage de Jean d'Albret avec Catherine de Foix, héritière de cette couronne. À dire vrai, ce royaume était réduit à la Basse-Navarre, située au nord des Pyrénées. La vicomté d'Albret avait été érigée en duché en 1550. Antoine apportait en mariage le duché de Vendôme, le comté de Marle et la châtellenie de La Fère (entre l'Aisne et l'Oise). Quant à Jeanne, elle possédait le royaume de Navarre, les comtés de Foix et de Bigorre, les vicomtés de Béarn, Marsan, Jussan et Nabasan. Elle était héritière des duchés d'Albret et de Beaumont, des comtés d'Armagnac, de Rodez, de Châteauneuf-en-Thimerais et de Champrond.

Henri II avait favorisé ce mariage pour éviter de voir ces terres tomber aux mains de François de Lorraine de la maison de Guise ou de Philippe II d'Espagne, tous deux prétendants à la main de Jeanne d'Albret.

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Fils d'Antoine de Bourbon et de Jeanne d'Albret, Henri de Navarre, avant de monter sur le trône de France, allait encore accroître ces possessions du duché d'Alençon que Henri III, son beau-frère, lui donna en 1584, après la mort de François d'Alençon, frère du roi de France.

Ainsi, les domaines de la maison de Bourbon-Navarre à l'avènement d'Henri IV comprenaient entre Pyrénées et Garonne les héritages d'Antoine de Bourbon et de Jeanne d'Albret : sur le Tarn et le Lot, le comté de Rodez ; au centre, le comté de Périgord et la vicomté de Limoges ; sur le Loir, la Sarthe et l'Eure, les duchés de Vendôme, d'Alençon et de Beaumont ; entre Noyon et Laon, les comtés de Marle, La Fère et Soissons.

Ce ne fut d'ailleurs qu'en juillet 1607 que le roi accorda la réunion à la Couronne des possessions de la famille de Bourbon, à la sollicitation du Parlement toujours fidèle à l'idée que le roi de France ne devait rien posséder en propre. C'était aussi la disparition des derniers grands États féodaux.

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Écrit par

  • : chargé d'enseignement à la faculté des lettres et sciences humaines de Nantes

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