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BASSE, musique

Selon qu'un son est engendré par un nombre plus ou moins grand de vibrations à la seconde, nous traduisons la sensation qu'il nous donne par les mots : aigu ou grave, haut ou bas. Ces images ne s'appliquent évidemment qu'à des notions toutes relatives. L'oreille peut reconnaître la hauteur absolue d'un son, mais la musique commence avec les rapports qui s'établissent, dans la durée ou la simultanéité, entre lui et ceux qui l'entourent.

Un son, même situé en un point très élevé de l'échelle, peut donc toujours devenir la basse d'un complexe harmonique ou contrapuntique, et c'est dans cette perspective que sera précisé le sens de ce mot dans le langage propre à la polyphonie occidentale moderne.

Mais, du fait que nous percevons approximativement comme basse une certaine région de l'échelle où les fréquences sont de l'ordre de quelques centaines de vibrations à la seconde, on a depuis longtemps désigné par le substantif féminin basse certaines sources sonores propres à les émettre.

Une basse, ce sera un instrument (aujourd'hui plus fréquemment appelé violoncelle) qui, par la longueur et la tension de ses cordes vibrantes ainsi que par le volume de sa caisse de résonance, a pour vocation d'émettre des sons entre ce do grave et une limite supérieure variable selon l'habileté du virtuose.

Une basse, ce sera aussi tel ou tel instrument dont un complément déterminatif précisera la famille : basse d'harmonie (instrument à vent, en cuivre), basse de viole, basse de hautbois (ou basson).

Boris Christoff - crédits : Erich Auerbach/ Getty Images

Boris Christoff

Une basse, ce sera encore un chanteur que, selon la limite inférieure de sa voix, le théâtre lyrique appellera une basse noble, ou une basse chantante. Ici encore on est dans le relatif, car, dans l'appréciation des qualités d'une voix, il entre bien d'autres éléments, et, en particulier, son timbre qui peut modifier très sensiblement la sensation de profondeur donnée par un son grave.

Dans ces diverses acceptions le mot basse répond à une réalité concrète qui peut se décrire objectivement et ne fait appel à d'autre témoignage que celui des sens. Mais il recouvre une notion infiniment plus complexe et plus abstraite dès qu'on le considère en tant qu'élément du langage musical.

La basse dans la polyphonie

Un son qui s'identifie comme étant par essence une basse doit nécessairement, comme on l'a vu plus haut, être une basse par rapport à quelque chose. Cela revient à dire qu'il n'y a basse qu'au sein d'une combinaison de plusieurs sons dont le plus grave prend une valeur particulière en vertu de quelque loi mystérieuse et qui demande à être éclaircie.

Une combinaison de plusieurs sons au sein desquels nous commençons à entrevoir une certaine organisation hiérarchique, cela définit d'emblée un langage qui est celui de la musique polyphonique occidentale.

Il serait faux de dire que dans les autres systèmes musicaux utilisés dans le monde (en Inde, par exemple) on n'entend jamais qu'un son à la fois. Ces systèmes, établis sur des modes extrêmement nombreux et subtils, ne jouent sur rien d'autre que sur les rapports, présents à tout instant du discours dans l'esprit de l'auditeur comme du musicien, entre les sons successivement émis par l'instrument mélodique ou la voix du chanteur et le son fondamental du mode. Pour cela, un autre instrument, secondé souvent par la percussion, ne cesse de maintenir le son fondamental dans le champ de notre conscience. Il est là comme une sorte d'étalon permanent, ce qui est à peu près le contraire de ce que nous appelons une basse.

Au Moyen Âge, où le chant grégorien régnait en maître sur tout le monde chrétien, un semblable étalonnage était sans doute de pratique courante. La notion de basse est donc dans la musique une notion relativement récente. Elle ne[...]

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Écrit par

  • : compositeur de musique, ancien directeur de la musique et du programme national de la Radiodiffusion française

Classification

Pour citer cet article

Henry BARRAUD. BASSE, musique [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Boris Christoff - crédits : Erich Auerbach/ Getty Images

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