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ASCORBIQUE ACIDE ou VITAMINE C

Facteur vitaminique hydrosoluble indispensable à l'homme et à de nombreuses espèces animales, l'acide L-ascorbique, de formule brute C6H8O6, est aussi appelé vitamine C. Sa carence alimentaire provoque l'apparition de tuméfactions douloureuses gingivales et articulaires, de lésions osseuses et d'hémorragies, l'ensemble constituant la plus anciennement décrite des avitaminoses : le scorbut.

L'acide L-ascorbique se présente sous forme de cristaux blancs, solubles dans l'eau et l'alcool, insolubles dans les solvants des graisses. La solution aqueuse est dextrogyre. L'antipode optique ne possède pas d'activité vitaminique ; celle-ci est donc liée à la structure spatiale.

Le groupement essentiel de la vitamine C est la fonction ène-diol avec ses hydrogènes mobiles qui confèrent à la molécule des propriétés acides (formation de sels sodique, plombique, etc.). Cette fonction est également impliquée dans le rôle physiologique de cette vitamine.

L'acide ascorbique s'oxyde facilement, surtout en milieu alcalin, en acide déhydroascorbique, les deux formes étant physiologiquement actives et présentes dans les liquides de l'organisme. L'action réductrice de l'acide ascorbique sert de base à la détermination chimique du composé ; dans la plupart des tissus animaux et végétaux, c'est la seule substance qui manifeste cette activité réductrice en milieu acide. À pH acide, l'acide ascorbique décolore le 2,6-dichloro-phénol-indophénol ; la réaction est quantitative et permet une microdétermination de l'ascorbémie. Les acides ascorbique et déhydroascorbique sont dosés par formation d'hydrazones avec la 2,4-dinitro-phényl-hydrazine.

La plupart des animaux, sauf les primates et le cobaye, effectuent la synthèse de la vitamine C à partir de l'acide D-glucuronique qui est dans un premier temps réduit par une déshydrogénase à NADP en acide L-gulonique. Celui-ci est transformé en lactone par une lactonase, et un système microsomial oxyde la L-gulonolactone en 2-céto L-gulonolactone, forme tautomère de l'acide L-ascorbique.

L'absence de ce dernier système enzymatique chez les primates et le cobaye explique leur besoin de vitamine C. Dans les végétaux, la biosynthèse s'effectue à partir du glucose-6-phosphate et aboutit à l'acide L-ascorbique par l'intermédiaire de l'acide phospho-6-gluconique et de son dérivé cétonique en 3.

L'organisme humain peut mettre une partie de la vitamine ingérée en réserve dans certains organes (surrénales, cristallin, corps vitré, humeur aqueuse, leucocytes). D'autres organes ont une teneur réduite en vitamine C (globules rouges, muscles, cerveau, pancréas). La teneur du sang en acide ascorbique est de 2 à 7 mg/l. Ce taux est fonction de l'apport alimentaire : dans les carences, la vitamine C disparaît progressivement du plasma. Si l'on ajoute de l'acide ascorbique à la ration alimentaire, le taux plasmatique s'élève jusqu'à un maximum et le surplus ingéré est entièrement éliminé par les urines.

Alors que l'élimination urinaire est fonction de la saturation de l'organisme, l'élimination fécale est relativement constante et indépendante des apports. L'élimination sudorale augmente lors des efforts musculaires intenses.

La vitamine C est rapidement oxydée chez le cobaye, mais l'est modérément chez l'être humain dans l'organisme duquel elle persiste beaucoup plus longtemps. Le catabolisme est variable suivant les espèces animales ; chez l'être humain, il fournit la plus grande partie de l'oxalate endogène urinaire.

Les fonctions physiologiques de la vitamine C sont multiples, mais dans l'ensemble encore mal connues dans leur déterminisme exact. L'acide ascorbique se comporte comme un transporteur d'hydrogène ; le potentiel normal d'oxydoréduction[...]

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Écrit par

  • : professeur de biochimie à l'université René-Descartes, chef de service à l'hôpital Necker, Paris

Classification

Pour citer cet article

Pierre KAMOUN. ASCORBIQUE ACIDE ou VITAMINE C [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ARGOUSIER

    • Écrit par Pierre LIEUTAGHI
    • 217 mots

    On ignore en France ce bel arbrisseau épineux (Hippophae rhamnoides L., eléagnacées), spontané dans les Alpes et sur le littoral de la Manche et dont le fruit renferme quatre fois plus de vitamine C que le citron. En Europe centrale, on le cultive pour l'extraction de l'acide ascorbique. La baie...

  • COLLAGÈNE

    • Écrit par Ladislas ROBERT
    • 3 434 mots
    • 4 médias
    ...collagènes. Une autre maladie connue depuis longtemps et qui concerne la biosynthèse du collagène est le scorbut. Notamment la vitamine C où l'acide ascorbique est indispensable pour l'hydroxylation de la proline et de la lysine (en hydroxyproline et en hydroxylysine) et, au cours des carences en vitamine...
  • ÉGLANTIER

    • Écrit par Pierre LIEUTAGHI
    • 666 mots

    Le fruit des églantiers (Rosa canina L. et autres espèces ; rosacées) rappelle par son nom, peu répandu en France, de cynorrhodon (du grec kunorrhodon, « ronce des chiens ») l'usage très ancien des racines de la plante contre la rage (Pline, repris au xvie siècle par Tragus et Césalpin)....

  • HAWORTH sir WALTER NORMAN (1883-1950)

    • Écrit par Universalis
    • 225 mots
    • 1 média

    Chimiste anglais, né à Chorley (Lancashire) et mort à Birmingham, lauréat, avec le Suisse Paul Karrer, du prix Nobel de chimie, en 1937, pour son travail sur la détermination des structures chimiques des hydrates de carbone et de la vitamine C, Walter Norman Haworth entra à l'université de Saint...

  • Afficher les 8 références

Voir aussi