Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ART DE COUR

  • Article mis en ligne le
  • Modifié le
  • Écrit par

L'art de cour en France à la fin du XIVe siècle et les grands apanages

Les inventaires de Charles V (3 900 objets), ainsi que le banquet de huit cents couverts offert en 1378 à Paris par Charles V à l'empereur Charles IV et que décrivent les Grandes Chroniques, donnent une image du luxe à la cour de France. Les seules épaves en sont la coupe d'or émaillée de la Vie de sainte Agnès au British Museum, le sceptre du sacre, qui illustre la légende de Charlemagne et dont le lys, autrefois émaillé de blanc, est l'incunable des émaux incrustés d'or opaque ou translucide qui vont détrôner la basse-taille à Paris et en Bourgogne, enfin, cinq camées montés, dont l'énorme camée romain au cabinet des Médailles. En revanche, pas un seul des ivoires n'a pu être identifié jusqu'ici. L'Évangéliaire ottonien donné par le roi à la Sainte-Chapelle était déjà muni d'un plat de reliure précieuse, la Crucifixion, qu'il faut réattribuer au siècle précédent ; on ajouta un plat niellé dans l'argent doré représentant un évangéliste qui pastiche le saint Matthieu peint dans le volume. La bibliothèque installée dans la tour du Louvre, reconstruite sous Charles V, comptait un millier de manuscrits ; les acquisitions récentes – traductions en français de la Bible, mais aussi ouvrages didactiques, historiques et juridiques – l'emportent sur les livres liturgiques ou de dévotion. Après Jean le Noir, l'énigmatique « Maître aux boqueteaux » (Bible de Jean de Cy, dont la partie peinte avant 1356 introduit en France la veine réaliste du style international ; Bible historiale de 1357 à la British Library), le Maître du Livre du sacre de Charles V (1365), puis Jean Bondol (Bible historiale de Jean de Vaudetar) préparèrent la voie aux Nordiques, André Beauneveu et Jacquemart de Hesdin, qui vont entrer au service du duc Jean de Berry.

La politique des apanages instituée par Philippe VI eut des conséquences plus heureuses pour le développement des arts que pour les destinées du royaume. Louis était devenu duc d'Anjou dès 1350 ; Jean, le futur duc de Berry, devint comte de Poitou en 1356 et Philippe, le futur Philippe le Hardi, duc de Bourgogne en 1363. Il en résulta un éclatement culturel de Paris et la fixation de foyers d'art à Angers, à Bourges et à Dijon, eux-mêmes en rapport avec l'étranger. Ainsi, deux valves de miroir émaillées sur or, au Louvre, identifiées dans l'inventaire de Louis Ier d'Anjou, sont, par l'iconographie – Charlemagne et sainte Catherine, l'une des patronnes de Charles IV – et le style – germanique – à mettre en rapport avec Prague.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur émérite, université de Montréal, Kress Fellow, Galerie nationale, Washington, membre de la Société royale du Canada

Classification

Pour citer cet article

Philippe VERDIER. ART DE COUR [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Média

Tombeau de Louis XII, basilique de Saint-Denis - crédits : Hulton Archive/ Hulton Royals Collection/ Getty Images

Tombeau de Louis XII, basilique de Saint-Denis

Autres références

  • ART (Aspects culturels) - Public et art

    • Écrit par
    • 6 256 mots
    • 1 média
    ...mécénat, autrement dit la commande d'œuvres par des instances collectives, religieuses d'abord, princières ensuite, avec le développement de la « curialisation » analysée par Norbert Elias dans La Société de cour. Dans ce contexte cultuel ou somptuaire, les œuvres avaient deux catégories...
  • BALLET

    • Écrit par et
    • 12 613 mots
    • 20 médias

    Le premier ballet a été dansé le 15 octobre 1581 dans la grande salle du Petit-Bourbon au Louvre, à l'occasion du mariage du duc de Joyeuse, favori de Henri III, avec Mlle de Vaudémont, sœur de la reine Louise de Lorraine. Ce spectacle apparaît comme la réalisation du rêve de Baïf, une fusion...

  • CASTILLE

    • Écrit par , et
    • 10 285 mots
    • 13 médias
    Cependant, en marge de cet art national, se développe, dans la première moitié du xviiie siècle, une architecture propre à la Cour et non exempte d'intentions politiques. Les Bourbons, qui ont à cœur d'opérer la rénovation de l'Espagne, veulent aussi renouveler le cadre de leur vie officielle, afin...
  • CATALOGNE

    • Écrit par , , , , , et
    • 22 274 mots
    • 8 médias
    En ce qui concerne l'art de cour, les particularités de l'époque peuvent être étudiées soit à Barcelone, au Palais royal majeur, où la salle d'apparat du Tinell fut refaite par le maître Guillaume Carbonell entre 1359 et 1370, soit, mieux encore, à Perpignan. La dynastie majorquine, d'origine catalane,...
  • Afficher les 28 références