ARAGON
Art
Le plus souvent, le tempérament aragonais s'est manifesté dans l'art à travers des œuvres de caractère populaire et rustique. Seul Goya l'incarna magistralement dans la grande peinture européenne.
Des peintures rupestres à l'art romain
Les premières manifestations de la culture artistique trahissent des relations étroites avec les pays situés en bordure de la Méditerranée. Ainsi en est-il de la peinture pariétale dont l'apparition détermina un actif foyer d'art dans le Levant ibérique.
L'accord s'est fait difficilement sur son âge. On a d'abord songé à le rattacher au groupe franco-cantabrique du Paléolithique. Mais il s'en différencie par les emplacements, la technique et surtout l'esprit. Alors que le grand art magdalénien du Périgord et du nord de l'Espagne exalte l'animal pour lui-même, la peinture du Levant le subordonne à l'homme.
Il existe un nombre important de peintures rupestres dispersées dans la région d'Albarracín (abri del Navazo, barranco de las Olivanas, abri de Doña Clotilde) et dans le Maestrazgo (barranco de Gasulla).
À la veille de la conquête romaine, l'Aragon paraît connaître une lutte d'influence entre une culture méditerranéenne, créée par les Ibères, et celle que les Celtes avaient développée sur la Meseta. Sur ces diversités, Rome étendit le manteau unificateur de son art universaliste.
Il reste cependant peu de chose du passé romain par comparaison avec ce qu'on observe dans les parties orientales de la Tarraconaise ou dans les limites de l'ancienne Bétique. On l'évoquera à Huesca (Osca) et surtout à Saragosse, l'antique Caesaraugusta, dont deux des grandes artères modernes conservent les directions primitives du decumanus et du cardo maximus et où subsistent des débris de l'enceinte.
C'est dans le cadre de l'évolution du Bas-Empire que se produisirent les premières manifestations de l'art paléochrétien. Une église funéraire apparaît ainsi dans une annexe de la grande villa Fortunatus de Fraga. On suit l'adaptation de l'esprit chrétien aux traditions plastiques romaines dans un important sarcophage conservé à Castiliscar, ou encore dans les deux sarcophages de l'église Santa Engracia de Saragosse.
Les efforts poursuivis dans des conditions difficiles pour donner naissance à un art adapté aux besoins de la société chrétienne devaient surtout porter leurs fruits sous la domination des Wisigoths, mais on ignore la part exacte prise par l'Aragon dans l'élaboration de ces nouvelles synthèses.
Rencontre de l'Islām
Au début du viiie siècle, le déferlement de la vague musulmane sur l'Espagne allait couper l'Aragon en deux. Il ne semble pas, en effet, que les envahisseurs aient dépassé d'une manière durable le bassin moyen de l'Èbre. À l'intérieur du monde clos de la montagne, dans les hautes vallées pyrénéennes de l'Aragon supérieur, du Sobrarbe et de la Ribagorza, se maintinrent des communautés chrétiennes qui sont à l'origine de l'Aragon médiéval. Entre les deux mondes hostiles et souvent en lutte s'étendait un « no man's land » où chacun poussait à l'occasion des avantages passagers.
L'installation des musulmans à Saragosse devait avoir les plus grandes conséquences pour l'histoire de l'art aragonais en lui imprimant l'un des traits les plus constants de sa physionomie au Moyen Âge : l'aspect mauresque.
Durant la longue période de l'émirat puis du califat de Cordoue (710-1031), la ville, retenue par les tâches militaires d'une place frontière, ne paraît pas avoir accordé une grande importance aux satisfactions esthétiques. Très curieusement, c'est l'art des chrétiens soumis aux envahisseurs – les mozarabes – qui nous a conservé la plus ancienne manifestation de l'influence[...]
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Écrit par
- Roland COURTOT : agrégé de l'Université, maître assistant à l'Institut de géographie d'Aix-Marseille
- Marcel DURLIAT : professeur émérite d'histoire de l'art à l'université de Toulouse-Le-Mirail
- Philippe WOLFF : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Toulouse
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Médias
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